Premier cours de moto

par Miss Kesskadie


Pour conduire une moto, il faut d’abord prendre un cours théorique. 9 heures dans une salle de classe, 20 gars, 5 filles, un prof, macho. Il faut bien, sinon, il ne serait pas crédible. Imaginez une dame de 50 ans, tailleur Chanel, collier de perles, souliers escarpins. Les gars n’écouteraient même pas son avis sur l’arrêt stop.

Ceci étant dit, je me suis inscrite parce que fifille chérie voulait faire une activité mère-fille. Oui, je le concède, nous aurions pu nous inscrire à un cours de tricot, de l’aquarelle, mais fifille chérie a des idées, style : elle jongle, s’est initiée au crachat (déjà c’est pas féminin) du feu (c’est encore plus cool, han ?). Le cours de moto ou jongler avec des torches, savez-vous, j’aime encore mieux les cours de moto.

Ça fait qu’on se retrouve en classe, avec un livre qui explique la conduite de la dite chose. Mise en garde du prof : « Apprenez ce qui est dans le livre pour l’examen, mais ne conduisez pas comme c’est écrit, vous aller vous tuer. »

Femme de 54 ans ici, présente, a des problèmes de mémoire. Me semble, oui, que lorsque mon pneu arrière va éclater (parce que c’est toujours à moi que ça arrive) que je vais me dire : coup donc, freiner avec un ou deux freins ? Laquelle des directives déjà était celle du prof ou celle du livre ?

J’anticipe donc la pratique avec un rien d’appréhension. Heureusement, les cours supplémentaires sont gratuits. Au pire, je graduerai en 2025, à temps pour ma retraite.

Discussion fort importante : que pense le professeur des motos à trois roues, genre deux roues à l’arrière un roue à l’avant, ou l’inverse. Ah! Mais c’est que le prof, petite barbe proprette, yeux bleus, jeans juste assez ajustés, musicien dans un band (vous voyez le genre) est un adepte inconditionnel de deux roues seulement. (J’imagine que les trios sont réservés à d’autres fins).

Bref, il nous décrit une sortie, assis sur une moto. Ben oui, il y a une moto dans la classe pour nous démontrer les différentes parties et leurs dénominations respectives.. «  Au printemps, quand tu prends la courbe, que tu te couches avec la moto dans un virage prononcé, pis que là, tu lui redonnes du gaz… pis tu l’entends râler de plaisir… ah ! c’est pas comparable. »

Pas un mot , pas une question, silence de testostérone dans la classe.

Silence d’œstrogène pour certaines.

Fifille chérie et moi, ce matin, nous nous motivons l’une et l’autre à nous rendre aux aurores pour la suite du cours en nous rappelant les hauts-faits de la veille. Quand elle me dit qu’elle trouve ça dur d’être dans une classe plein de mâles, je renchéris, pis le prof qui nous parle de faire râler la moto.

Fous rires.

Donc, évidement, dans le cours, à tout bout de champs, une rappelait à l’autre : « c’est tu le moment de râler là ? »

Quand le prof, alerté par nos fous-rires très discrets, veut savoir de quoi il retourne, je lui dis :

« Comment appelle-t-on un steak derrière un arbre? » Il hausse les épaules.

« Un steak haché. »

Je ne comprends pas pourquoi, il s’en est retourné dré là, et fifille et moi avons presque fait pipi dans nos culottes tellement on riait.

Pour ma part, j’aime mieux faire pipi de rire que de peur, j’en profite tant que je suis assise sur une chaise et non pas sur la moto, dite « La Râleuse ».