Timide.

Sans hésitation. Mais pas timide à moitié, hein, pas timide à la petite semaine, pas timide d'occasion, de hasard ou d'exception ? Timide à donf, timide à ouf, mais bon, moins que Tant-Bourrin, faut pas enconner mémé dans les orties non plus !

Bon je me suis soigné, vacciné, piqûres en varappe, heu, en rappel et tout, greffe de rustines de confiance en soi avec rejet régulier du corps étranger. J'ai même accepté de venir dans une liste lors d'élections locales. Je pensais que ça me "dégourdirait" un peu, me forcerait à parler en public... Bon dans les petites communes (1000 habitants, en l'occurrence), ce ne sont pas des scrutins de liste et je suis arrivé en tête des suffrages. Cela eut pu doper mon égo, mais il n'en fut rien. La politique salit la bouche et les mains de ceux qui s'en occupent et de toutes façons, je n'arrive à être à l'aise avec des gens que je n'apprécie pas. D'un côté, c'est pratique : la sélection se fait naturellement. Je n'arrivais pas à aligner 3 mots même devant une petite assemblée, je n'ai pas l'esprit de répartie, je ne sais pas mentir, bon, je me suis fait une raison, j'ai abandonné la gestion de la cité. Ou elle m'a abandonné, c'est pas clair...

Mais timide, à l'adolescence, à l'âge de l'éveil des sens, comme ils disent, l'effet est déplorable, moi je vous le dis. Toutes ces filles, ces jeunes pousses toutes vertes, gorgées de sève, ça me rendait fou, j'étais un peu comme le loup de Tex Avery, mais À L'INTÉRIEUR, je sais pas si vous voyez bien ce que j'essaye d'exprimer. Ya une scène culte (dans "Le gendarme se marie", je crois), où ya Louis de Funès qui prend une décharge électrique bleue à chaque fois qu'il s'approche à 1 cm de Claude Gensac. C'est un peu l'effet que me faisaient les filles. Trop d'effet. J'étais complètement bloqué, à pas arriver à prononcer le moindre mot que j'avais envie de prononcer, qu'elles avaient envie d'entendre, enfin : l'horreur, l'Enfer, la connerie pure, en barre et sans aucun défaut. Yen a une en particulier dont l'abonnement n'était pas en heures creuses et qui m'envoyait son 5000 volts d'intensité non mortelle sans avoir besoin de prétextes. Elle était devant moi, s'occupait plus de mon cas que du cours des profs, me faisait du pied que c'en était une honte et ne perdait pas une occasion de me tripoter en me refilant ses mots doux. Avec un sourire canaille. Et avec ça, oui Madame, y en a encore un peu, je vous le mets quand même, elle était belle, on aurait dit un mot inventé pour elle... Je sais, ya des poivrots qui m'ont piqué cette brève de comptoir et qui ont fait un tube avec. Impossible de me rappeler dans quel bar, 'tain, je suis passé à côté de la fortune ! Et intelligente. Aussi intelligente que j'étais con, en fait, parce que cette fille qui m'excitait Amor avec son "maxi-manteau" rouge (c'était la mode), ben j'ai jamais trouvé le courage de lui faire la moindre déclaration. On est resté dans le même lycée jusqu'au bac et moi je suis resté raide dingue amoureux transi d'elle pendant 7 ans. Un bout de bois. Et je connaissais même pas l'existence de la masturbation ! Ha j'ai souffert. Elle s'est lassée, a dû me prêter des mœurs minoritaires, a dû me maudire et se consoler en pensant qu'elle l'avait échappé belle.

Bon, avec ce petit problème d'arrivée des sens, ce léger retard à l'allumage des feux de l'amour, je vous dis pas à quel âge je me suis fait dépuceler, car si vous commencez, je ne suis pas certain que vous arriviez à arrêter les soubresauts de vos ricanements peu charitables.

Donc : prudence.