(lecture préalable des chapitres I, II, III, IV, V, VI, VII, VIII, IX et X conseillée - Test de connaissances optionnel)

Où le Chevalier de Tant-Bourrin se met en location

XIIIème siècle après Jésus-Christ - Quelque part dans le Royaume de France

L'étrange équipage cheminait sur le chemin glacé d'un mois de décembre médiéval plutôt frais pour la saison.

En tête, sur son blanc destrier, le Chevalier de Tant-Bourrin, l'aura en berne et son idéal Chevaleresque au fond des chaussettes, tout déconfit par ses précédents avatars, cheminait, l'oeil impassible. Derrière, sur sa bourrique miteuse, trottinait son écuyer Saoul-Fifre, enfin débarrassé de son aura de mouches par la grâce de l'hiver, mais qui ne profitait pas pour autant du paysage enfin à ses yeux dévoilé, préférant finir de cuver son vin en ronflant avec ardeur après avoir mis sa bourrique miteuse sur pilote automatique.

Le sommeil de ce dernier fut toutefois troublé par une mouche résiduelle plus résistante que les autres qui crut pertinent d'aller se blottir au chaud dans la narine de l'écuyer. La pauvre bête (la mouche, pas Saoul-Fifre) mourut sur le champ, assommée par les vapeurs d'alcool qui s'en exhalaient, mais le chatouillis dans ses naseaux eut pour effet de réveiller l'écuyer en le faisant bruyamment éternuer.

- Aaa... aaaatchiiii ! Pouacre ! La malepeste estoit de cesteulx foutus insectes grattoit-tarins !

Le Chevalier de Tant-Bourrin, de son côté, ne disait rien. A y regarder de plus près, il semblait encore plus abattu que de coutume : son teint était blafard, son regard se perdait dans le vide, sa mâchoire restait serrée et il poussait de temps à autre des soupirs à fendre l'âme, soupirs tellement sonores que même son soûlard d'écuyer finit par les entendre.

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