Sept mois de manifestations et de rencontres sur les ronds-points, d’éveil de citoyens qui, jusqu’ici, ne s’étaient jamais intéressés à la politique, 3 mois de “grand débat” où prétendument le Roitelet avait compris la détresse de ses prochains ( mais heureusement, des cahiers de doléances bourrés d’idées intéressantes et d’autres plus idiotes, l’humain n’est pas parfait), tout ça pour accoucher de quoi?

De quelques miettes d’aumône là où les gens voulaient juste vivre dignement de leur travail, sans aumône justement, mais avec des salaires décents, d’une politique écolo qui ne touche pas aux lobbies, reporte l’interdiction des pesticides, ne touche pas à la publicité ni aux Big Data qui participent à l’effet de serre autant sinon plus que les voitures, vénère toujours une croissance infinie par définition incompatible avec la sauvegarde de l’humanité (et pas pourvoyeuse de bonheur) continue à casser des services publics qui fonctionnaient bien en réduisant leurs moyens jusqu’à ce que, exsangues, ils soient déclarés inefficaces… et privatisés, au grand plaisir des actionnaires. Tout ça pour ça!

Mon premier article sur le nucléaire et ses risques (gestion des déchets notamment et coût exhorbitant à long terme) date de 1977 dans “la Gueule Ouverte” et j’en ai fait bien d’autres dans les années 80. En 1995, énorme dossier sur le changement climatique et ses effets sur l’eau, le sol, et l’air. Rubrique “santé et environnement” tenue pendant 16 ans pour avertir de tout ce qui fait l’urgence écologique aujourd’hui sans que ça engendre plus que quelques “petits gestes pour la planète”, expression qui m’horripile. Le seul point positif: l’agriculture “bio” si longtemps décriée comme “bobo babacool” et incapable de nourrir les milliards d’êtres humains apparaît aujourd’hui comme le seul avenir alimentaire cohérent. Pas à tout le monde néanmoins, voir l’excellent “Envoyé spécial” consacré à l’industrie des semences… Côté perso, entre trier les photos et documents accumulés depuis des décennies, continuer d’apprendre l’espagnol, jouer un peu de piano, écrire le livre en cours et rewriter deux manuscrits auxquels je crois, me perfectionner en escalade, tricoter pour mes proches, voyager encore et prendre du temps et du plaisir avec celles et ceux que j’aime, j’ai de quoi m’occuper des années, mais combien?

Combien de temps me reste-t-il? Aucune idée!

A force de voir autour de moi des amis tomber malades ou disparaître, je ne me risque à aucun pronostic. Je ne sais plus qui a écrit: “On se sait mortel, mais un jour on se sent mortel et c’est très différent”. J’en suis là, et je me dis que pour réaliser au moins une part de mes projets, il faut m’isoler du brouhaha du monde, des vidéos, articles, émissions parfois passionnantes mais souvent redondantes et terriblement chronophages: ça fait 40 ans que tout va mal, que je l’écris et le vis, même si dans ma vie ça va plutôt bien.

Mais comme Jean-Luc Mélenchon- qui ne dit pas que des bêtises- comment être heureux dans un océan de misère? C’est à cause de cet océan de misère que je me suis souvent dispersée: tant de causes à défendre, de scandales à dénoncer.

Mais à poursuivre ainsi, je n’aurai pas le temps pour le reste… et j’ai aussi besoin du reste.

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La terre vue depuis l'espace !

(texte Françoise, ch'tiot crobard Andiamo)