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dimanche 16 novembre 2008

Tant-BourrinBrouillon de culture

Jugeant que le niveau intellectuel de ce blog était en train de s'affaisser mollement, j'ai décidé de reprendre les choses en main et de créer une rubrique culturelle sur ce blog, dans laquelle je vous distillerai quelques précieux conseils qui vous aiderons à rester à la pointe de l'excellence neuronale et de briller dans les salons où l'on cause. Non, Souf', je ne parle pas du Salon de l'agriculture !

Voici donc le premier billet de cette rubrique, consacré aujourd'hui à la littérature. Tous chez vos libraires !





Huit clopes - Jean-Paul Tartre

Trois personnages, un homme et deux femmes, se retrouvent à leur mort dans une même pièce. Hélas, l'homme, Cigarcin, est un fumeur invétéré alors que les deux femmes ne supportent pas du tout la fumée. L'une d'entre elles reproche vertement à Cigarcin d'en être déjà à sa huitième cigarette en moins d'une heure. La seconde lui fait remarquer qu'il a les dents plus jaunes qu'un gilet de sécurité et que son haleine devrait être interdite par la Convention de Genève. Les trois protagonistes finissent par se foutre sur la gueule et vivent l'enfer pour l'éternité, l'auteur faisant dire à un de ses personnages cette citation mythique : "l'enfer, c'est les goldos sans filtre".





Crie, mais gentiment ! - Fédor Dodoesky

Persuadé d'être un surhomme, un ancien étudiant de Saint-Pétersbourre nommé Raskolniquov s'efforce tous les soirs de faire mourir sa copine de plaisir au lit. Et de fait, celle-ci pousse de hauts cris. Mais, très vite, Raskolniquov est atteint de paranoïa et s'imagine que tous les voisins entendent les cris de sa copine à travers les cloisons de l'immeuble, ce qui le rend presque fou. Il finit par avouer à tout le monde que, oui, il nique comme une bête, puis il part en exil en Sibérie pour aller sodomiser des ours sans crainte du voisinage. A son retour, des années plus tard, sa copine lui révèle qu'elle simulait, ce qui le rend légèrement véner.





Maudit bic - Waterman Melville

Le capitaine Achab se fait un jour piquer le stylo Bic avec le lequel il était en train d'écrire ses mémoires. Le roman raconte alors un périple autour du monde à la recherche de son maudit Bic qu'il s'est juré de retrouver : "pour une fois que j'avais trouvé un stylo Bic qui marche à peu près, ça fait trop ièch' !"... Sa quête restant vaine, le capitaine Achab finit par sombrer dans la folie.





Légume des jours - Boris Viande

Cokin, jeune godelureau aisé, trouve un jour le grand amour en la personne de Chlouée et se marie avec elle. Mais, bien vite, Chlouée tombe malade : un chou-fleur pousse dans son orifice anal. Cokin tente tout pour la guérir et, au final, doit se résoudre à lui bouffer le cul jour après jour, ce qui va hélas lui donner de fortes flatulences.





Cinq semaines, emballons ! - Nulle Verge

Un guide pédagogique illustré de nombreux exemples et exercices pratiques pour devenir en cinq semaines un expert de la drague et goûter enfin au plaisir de la traversée de la trique.





Il chômera, mon amour - Marguerite Duraille

Un employé de bureau devient l'amant d'une femme superbe, une véritable bombe atomique. Dans les confidences qu'ils échangent, il raconte ses souvenirs d'un amour impossible avec une machine à composter le courrier : surpris au bureau en pleine relation sexuelle avec celle-ci, il a été viré sur-le-champ et pointe désormais à l'ANPE. Un livre essentiel sur le travail de mémoire.





La muette - Check-Off

La jeune héroïne de la pièce, Mima, est persuadée d'être née pour devenir star de la chanson. Son boyfriend DJ Konstant1 lui écrit un rap de la mort qui déchire sa race. Malgré cela, cette teupu de Mima se tire avec un autre keum, qui lui a promis de la produire et de lui faire gagner le concours de l'Eurovision. Mais une fois en studio d'enregistrement, Mima découvre qu'elle est muette de naissance, ce dont elle ne s'était jamais aperçue. Sa carrière de chanteuse s'en trouve donc légèrement compromise. Deux ans plus tard, elle rend visite à son ex-boyfriend DJ Konstant1. Celui-ci comprend alors l'inanité de sa vie et se suicide en écoutant l'intégrale de Michelle Torr.

jeudi 6 novembre 2008

Tant-BourrinTu paieras

Les oreilles en l'air, ceci est un détournement !

Un détournement de paroles en fait, rien de plus, comme j'en ai déjà commis un certain nombre sur ce blog (et vu mes capacités vocales, "commis" est le mot exact).

Cette fois, c'est la crise qui m'a inspiré, et c'est Claude Nougaro qui a fait les frais de mon inspiration : mon texte est décalqué sur "Tu verras", dont vous pouvez lire les paroles originales ici.

Et ne vous inquiétez pas pour le bruit de fond : c'est le grand Claude qui fait la toupie dans sa tombe ! :~)



Tant-Bourrin - Tu paieras

Téléchargeable directement ici


Tu paieras
Musique : Chico Buarque
Paroles : Tant-Bourrin d'après Claude Nougaro


Ah, tu paieras, tu paieras
Ton compte y passera, tu paieras, tu paieras
Les pauvres, c'est fait pour ça, tu paieras, tu paieras
Tu seras le couillon, tu lâcheras tes biftons
Tu t'en mordras les doigts, tu paieras, tu paieras
T'y laisseras ta maison, quelle tuile mes aieux !
Les huissiers seront là avec leurs papiers bleus
Et l'hiver frissonnant bientôt rappliquera
Et tu t'endormiras, tu paieras, tu paieras
Le devoir accompli, couché sur le trottoir
Avec le sentiment d'avoir sauvé, ma foi
Toutes les banques du monde

Ah, tu paieras, tu paieras
Des milliers de milliards, tu paieras, tu paieras
La crise, c'est fait pour ça, tu paieras, tu paieras
Tu paieras pour ce trou qu'il faut que tu remblayes
Au prix de ta santé, de ton sang, de ta paye
De la peau de tes fesses, tu paieras, tu paieras
Pour ces belles promesses d'un P.I.B. qui croît
A jamais et sans cesse et de pouvoir d'achat
Tu te crèv'ras le cul, tu paieras, tu paieras
Tu crèv'ras dans la rue, tu paieras, tu paieras
Plein de topinambours au creux de l'estomac
Et d'autres trucs immondes

Ah, tu paieras, tu paieras
Pour ces foutus rapiats, tu paieras, tu paieras
Ces putains de malfrats, tu paieras, tu paieras
Ces voyous en costard, tu paieras, tu paieras
Pour ces financiers fous, leur morale de rat
Ces traders à la noix te foutront la nausée
Avec leur CAC 40 et leurs billevesées
Tu seras fou furieux, tu paieras, tu paieras
Le coeur plein de dégoût mêlé de désarroi
Face à ces affameurs si replets et si gras
Car avec leur marché sans contrainte et sans loi
Ils ont pourri le monde

Ah, tu paieras, tu paieras
Mais tout r'commencera, tu pourras, tu pourras
Redécouvrir la joie, tu pourras, tu pourras
Redevenir enfant et oublier la peur
T'endormir gentiment sans antidépresseur
Et retrouver en toi le parfum du bonheur
Tu verras mon ami que ton bel écran plat
Et tous tes beaux gadgets ne vont pas te manquer
Tu n'paieras plus de mine, mais t'auras la beauté
Blottie au fond des yeux et le coeur dorloté
Et tous enfin unis nous pourrons cette fois
Réinventer le monde

Ah, tu paieras, tu paieras...

mardi 4 novembre 2008

Saoul-FifrePas de nouvelles, bonnes nouvelles

Méfiez-vous du bigophone.

L'engin est retors, hypocrite et imprévisible. Sous une fausse réputation d'objet foncièrement utile dont l'opportunité de l'invention n'a plus à être argumentée, il vous décoche parfois de ces coups de pieds en vache dont la gravité est bien réelle, toute d'ordre affectif qu'elle soit.

Je lui susurre un banal :

"Comment vas-tu, vieille branche, depuis le temps ?".

J'ai soigneusement choisi ma formule afin qu'elle soit la plus neutre, la plus poncifiante possible. La conversation pouvait dès lors s'engager sous des auspices socialement conventionnels, conviviaux, chaleureux et consensuels. Je pouvais tenir pour acquit que les sujets abordés ne seraient qu'effleurés et que rien ne déborderait du cercle convenu du bavardage poli. En recherche de notre plus grand dénominateur commun, respectueux des tabous, j'éviterai les phonèmes potentiellement exacerbeurs de tensions rappelant, que sais-je, des différences de classe sociale, un ancien conflit oublié des mémoires ou bien l'évocation d'un héritier peu valorisant, voire ignominieux.

Je me contenterai de circonscrire mes questionnements curieux dans un cadre classique ne pouvant déranger aucune habitude prise, m'attachant à employer des termes d'une banalité rassurante, ce brouhaha de mots simples et gais fleurant, si ce n'est le bonheur, du moins l'absence de noirs nuages dans le ton de ma voix. Je m'appliquerai à camoufler mes doutes, à tenir bien caché le dégoût profond que je ressens pour tant de choses, chez les autres comme chez moi, surtout chez moi, à simuler un dynamisme intérieur que je sais disparu dans mes veines depuis que... Vous comprenez, la communication doit se soumettre à des codes validés par tous pour le bien de tous ? Vous imaginez le désastre si la Vérité prenait la parole, donc le Pouvoir ? Si les gens nous révélaient le fond de leurs pensées, à sec, sans précautions oratoires ?

Me retrouver brutalement confronté au désespoir d'un ami, d'un amour, d'un parent. Qui m'a toujours généreusement protégé de cet odieux spectacle par respect, par pudeur, par courage. Et qui exige de moi la solidarité, l'altruisme, le regard en face. Et qui m'extirpe de ma cuirasse, de ma coquille protectrice, isolante, à coups de vérité sur la tête. Et qui me répond d'une voix rauque, bizarre :

"Mal, très mal. Je souffre. Les docteurs me donnent trois mois."

mercredi 29 octobre 2008

Tant-BourrinMonsieur Bouseux


Monsieur Bouseux habitait dans une jolie ferme, près de Purinville.

Tous les jours, il grattait la glaise pour faire pousser de jolies céréales et de jolis légumes. Il élevait également quelques chèvres qui lui donnaient le meilleur lait de toute la région. Mmm, un vrai délice dont Monsieur Fromgom, le crémier, tirait le crottin de chèvre le plus savoureux de tout Purinville.

Et à propos de crottin, Monsieur Bouseux avait depuis plusieurs jours un léger souci : Chevrotine, sa plus belle biquette, était très constipée. Plus la moindre crottounette ! C'était comme si un barrage avait été construit sur la rivière à caca de la pauvre bête !

La chose était fort ennuyeuse car les matières fécales continuaient néanmoins de s'accumuler dans le ventre de Chevrotine. Celui-ci était tout gonflé, et la pauvrette en bêlait sans fin de douleur : "bêêêh ! bêêêh !"

Monsieur Bouseux décida donc de prendre les choses en main et de soigner Chevrotine. Comme il se méfiait plutôt des vétérinaires du coin, des charlatans tout juste bons à mettre son cheptel sous antibiotique à la moindre occasion, il décida de mettre en pratique une vieille recette familiale qu'il tenait de sa grand-mère qui elle-même la tenait de sa grand-mère qui elle-même... bref, une recette qui remontait sûrement à la nuit des temps quand les ancêtres de Monsieur Bouseux soignaient la constipation des mammouths !

Il prépara donc une mixture laxative en pilant du ricin, de la bourdaine, du lin, de la rhubarbe et des figues, la malaxa avec un peu de graisse d'oie rance et la modela au creux de sa main pour lui donner une vague forme de suppositoire.

"Et voilà, dit Monsieur Bouseux, avec ça, ça m'étonnerait que ta constipation fasse long feu, ma biquette !"

Et, alors que Chevrotine lui tournait le dos, il enfourna le suppositoire artisanal dans le trou de balle de la petite chèvre et l'enfonça profondément avec son doigt pour être sûr qu'il ne ressortirait pas.

"Mêêêêêêêh !" fit Chevrotine.
"Il n'y a pas de mêêh", répondit Monsieur Bouseux, faisant sienne une plaisanterie éculée.

Il retira son doigt et le mit dans sa bouche pour le nettoyer de sa salive. Puis il fit demi-tour pour retourner vaquer à ses activités, qui consistaient ce matin-là à épandre du fumier dans le potager.

C'est au moment où il allait se saisir de sa fourche...

PAN !

...qu'il entendit une détonation, suivie d'un bruit de verre brisé.

Il se retourna. Rien, sinon Chevrotine, qui lui tournait toujours le dos.

Heureuseument pour lui, les sens aux aguets de Monsieur Bouseux lui permirent de déceler in extremis le très léger raidissement des muscles fessiers de sa biquette. En une fraction de seconde, il comprit ce qui se passait, juste avant que ne claque la seconde détonation...

PAN !

Il plongea juste à temps dans le tas de fumier pour éviter d'être atteint par la seconde crotte de bique que venait d'expulser bruyamment Chevrotine, avec une violence telle qu'une seconde vitre avait explosé.

Monsieur Bouseux se laissa rouler derrière le tas de fumier. Ça crépitait de partout. Les gaz intestinaux comprimés de sa chèvre, aidés par le pouvoir hautement laxatif de son suppositoire, projetaient en rafale les petites crottes, comme une mitraillette : tacatacatacata !...

"Bigre, aurais-je un chouia trop forcé sur la bourdaine ?", se demanda Monsieur Bouseux.

Quand, une dizaine de minutes plus tard, les tirs cessèrent enfin définitivement, Monsieur Bouseux, maculé de fumier, émergea de son abri, songeur.

Il contempla sa biquette, dont le ventre était enfin dégonflé et dont le derrière, rougeoyant, fumait encore. Il regarda ensuite la façade de sa ferme, les traces d'impact sur les vieux murs. Puis il réfléchit. Il sentait qu'il y avait une bonne idée à tirer de tout ça.

Tout à coup, une petite ampoule s'alluma au-dessus de sa tête : il avait trouvé.

Trouvé quoi ? Mystère ! Toujours est-il que, dès le lendemain, il partit avec une brouette pleine de tablettes de chocolat dans le champ derrière sa ferme où paissaient le troupeau de vaches de son voisin, Monsieur Glaiseux. Il en fit de même le lendemain, et le surlendemain, et les jours d'après.

Jusqu'à ce jour où, jugeant que le ventre des dites vaches lui paraissait suffisamment sous pression (car, vous l'avez deviné, il avait donné le chocolat à manger aux vaches pour les constiper), il guida l'une d'entre elles hors du pré, jusqu'à sa ferme et orienta le fion de celle-ci vers les vieux murs décrépis.

Car l'idée de Monsieur Bouseux était simple et géniale à la fois : les crottes de biques sont petites et dures, mais les bouses de vaches sont bien volumineuses et molles. Projetées sous pression sur les murs de sa ferme, elle referaient à peu de frais un joli crépi bien peu coûteux !

Monsieur Bouseux procéda donc d'une façon similaire à celle qu'il avait employée avec Chevrotine : il prépara un suppositoire laxatif et l'enfourna dans la vache, sauf que cette fois il l'enfonça carrément tout son avant-bras dans le trou de balle du bovin.

Puis, ayant cette fois-ci pris le soin de ne pas rester dans l'axe de tir, il attendit que son remède fasse effet.

Et, apparemment, cela n'allait pas tarder à être le cas : la vache gesticulait, en proie à d'apparente douleurs abdominales insoutenables, en meuglant à fendre l'âme : "meuuuuuuuuuuh" !

Et tout à coup...

BOUM !!!

... comme un immense coup de canon, suivi d'un bruit de gravats qui s'effondraient. Monsieur Bouseux sursauta, puis regarda, interdit, le mur de sa ferme : il y avait un gros trou en plein milieu !

BOUM !!!

Le canon bovin venait de tonner de nouveau, créant de nouveaux dégâts sur le mur.

"Sacrebleu, se dit Monsieur Bouseux, cette fois, c'est peut-être sur le chocolat que j'ai trop forcé ! Les bouses semblent aussi dures que des obus !"

Mais il était trop tard pour arrêter le processus. Les explosions se succédaient comme en un immense feu d'artifice, soumettant la ferme de Monsieur Bouseux à un bombardement en règle.

Quand celui-ci prit fin, il ne restait plus rien ou presque de la ferme de Monsieur Bouseux, qui en fut fort marri.

Il contempla la vache, dont le ventre était enfin dégonflé et dont le derrière, réduit à l'état de cratère sanguinolent, fumait encore. Il regarda ensuite la ruines de sa ferme, les murs transformés en gravier. Puis il réfléchit. Il sentait qu'il y avait une bonne idée à tirer de tout ça.

Tout à coup, une petite ampoule s'alluma au-dessus de sa tête : il avait trouvé.

Trouvé quoi ? Aucun mystère : le lendemain, il signait un contrat d'exclusivité sur son procédé de fabrication de canon bovin avec un gros fabricant d'armement, contrat qui allait lui assurer de substantiels revenus jusqu'à la fin de ses jours.

Il s'acheta alors une gigantesque villa luxueuse sur la Côte d'Azur et s'y installa avec sa biquette Chevrotine. Et ils vécurent heureux, mais n'eurent jamais d'enfants car ils n'avaient que des rapports protégés.


Voilà, l'histoire est finie, il est temps de faire dodo, les enfants. Faites de beaux rêves !

mercredi 22 octobre 2008

Tant-BourrinTrou noir

Edouard était posé là, à ne rien faire sinon tourner des pensées molles dans son esprit, doucement bercé par le flot soporifique de la radio que Pélagie avait allumée dans la cuisine.

Le chapelet de nouvelles plus ou moins tragiques égrené par le journaliste le laissait totalement de marbre. Il ne se sentait nullement concerné par ces conflits armés, ces scandales financiers, ces faits divers sordides : tout cela relevait d'une humanité - ou plutôt d'une inhumanité - dont il ne faisait clairement pas partie, dont il ne voulait pas faire partie.

Pourtant, ce jour-là, une information le tira de sa torpeur cotonneuse : il y était question de la mise en service prochaine d'un immense accélérateur de particules à la frontière franco-suisse.

Entendons-nous bien : ce n'est pas la performance scientifique que cela représentait qui fit quasiment sursauter Edouard - la chose lui était relativement indifférente - mais plutôt les craintes formulées par deux scientifiques selon lesquelles - le journaliste en pouffa presque - celle-ci pourrait générer un trou noir qui engloutirait la planète.

La fin du monde était donc peut-être pour les heures qui allaient suivre. Edouard sentit un frisson froid qui le parcourait.

Indifférente à tout cela, Pélagie continuait à vaquer dans la cuisine. Beati paupere spiritu et toutes ces sortes de choses... Avait-elle seulement mesuré la portée de ce qui venait d'être dit ?

Le flash d'actualité achevé, la radio crachotait maintenant une chansonnette d'amour insipide. Le décalage entre celle-ci et le tragique de la situation était tel qu'il ne put s'empêcher de songer à l'orchestre continuant à jouer sur le Titanic s'enfonçant dans les flots.

Non. Il ne fallait pas céder à la panique. Le journaliste l'avait bien claironné : la communauté scientifique avait conclu que le risque de créer un tel trou noir mondophage était nul. Les deux scientifiques étaient des charlots qui trouvaient là l'occasion d'avoir leur quart d'heure de gloire à peu de frais.

Et pourtant...

Edouard était si tendu qu'il sursauta quand Pélagie éternua.

Il en sourit intérieurement. "Du calme, garçon ! Ce n'est pas encore la fin du monde !"

Peu à peu, il se raisonna et retrouva finalement un semblant de calme. Quel ballot il avait été de céder à la panique ! Oui, assurément, les scientifiques du CERN savaient ce qu'ils faisaient, ils ne mettraient pas leur propre vie en jeu s'il y avait le moindre risq...

Edouard se raidit subitement.
Il entendit.
Il vit.
Il pâlit.

Là, face à lui et qui se rapprochait, il y avait... quelque chose.
Affreux.
Enorme.
Monstrueux.

Un trou noir.

Edouard se sentit happé, soulevé de terre et rapidement englouti par la chose. Dans une indicible horreur, il sentit tout son être se noyer, se dissoudre, être littéralement absorbé jusqu'au néant absolu dans les ténèbres et dans une odeur soufrée qui lui semblait préfigurer l'enfer.

C'est ainsi, un jour que Pélagie se sentait grippée et qu'elle avait voulu se soigner, que mourut Edouard le suppositoire.

mercredi 15 octobre 2008

Tant-BourrinL'action Blogborygmes dans la tourmente

BOURRINVILLE (agence Rôteurs) La tourmente qui embrase la sphère financière semble avoir trouvé son point d'orgue hier avec l'incroyable effondrement de l'action Blogborygmes S.A. Inc. Ltd, valeur phare du Caque-Hareng, à la Blogbourse de Bourrinville.

La séance avait pourtant bien commencé pour le titre puisque, malgré une ouverture à près de 143 euros, en légère baisse par rapport à la veille, le cours était durant la première heure de cotation brièvement repassé dans le vert. Cette légère embellie devait toutefois se révéler n'être qu'un court répit pour une valeur fortement malmenée sur les marchés depuis des mois, en dépit d'un rating AAA+ maintenu contre vents et marée par l'agence de notation financière Tant & Boorrin's.

L'action devait en effet sévèrement dévisser de près de 50% peu avant 10 heures à l'annonce des résultats trimestriels calamiteux du département "diversification & produits dérivés" du groupe : les ventes de Blogbodents ont diminué de 50% (un tube vendu contre deux le trimestre précédent), la gamme de patchs a dû être retirée en urgence du marché après un quatrième décès d'utilisateur, la gamme "Blogbo beauty" est exsangue après la disparition de son principal fournisseur et les nettoyants pour WC "eau marron" semblent stagner en eaux troubles.

Les traders devaient toutefois retrouver un semblant de calme durant les dernières heures de la matinée après un communiqué officiel de la Direction de Blogborygmes S.A. Inc. Ltd annonçant qu'un second tube de Blogbodents venait in extremis d'être vendu à un inconnu vêtu d'un grand imperméable au col relevé et portant des lunettes noires, assurant ainsi la stabilité du volume des ventes trimestrielles.

L'action devait même retrouver un semblant d'attrait peu après midi avec l'information selon laquelle la Banque Root intégrait Blogborygmes S.A. Inc. Ltd dans sa focus list et confirmait son opinion de surperformance avec un objectif de cours de 350 euros.

L'euphorie des traders fut hélas de courte durée puisque dès 12h15 la Banque Root opposa un démenti formel à la dépêche précédente, précisant qu'elle émanait d'un membre indélicat de son service de nettoyage, un certain Hippocrate K. Nasson, proche parent d'un membre fondateur du groupe Blogborygmes S.A. Inc. Ltd, et qu'il y avait là manifestement une tentative frauduleuse de manipulation du marché.

De façon quasi concomitante, un communiqué de la Commission des opérations de bourse (COB) annonçait le lancement d'une procédure d'enquête à l'encontre de l'agence de notation financière Tant & Boorrin's après que l'on eût découvert que l'un des membres fondateurs du groupe Blogborygmes S.A. Inc. Ltd dirigeait également l'agence de notation susnommée et aurait selon certaines sources abusé de cette double casquette.

Le cours de Blogborygmes S.A. Inc. Ltd s'effondrait alors rapidement de plus de 65% pour tester la barre des 40 euros.

Hélas pour des traders de plus en plus tétanisés, l'annonce faite peu après de l'arrestation et de la mise en examen de Tant-Bourrin, co-Président de Blogborygmes S.A. Inc. Ltd, n'était pas de nature à les rassurer. Celle-ci a au contraire consolidé le trend inexorablement baissier de l'action, qui devait alors enfoncer successivement les barres des 40, des 30 puis des 20 euros.

Les analystes financiers, déjà soumis à rude épreuve dans cette affaire, durent s'arracher les cheveux en fin de journée avec un flux quasi continu de d'informations particulièrement négatives pour la santé du titre : révélations de Manou sur les pratiques de gouvernance douteuses de Tant-Bourrin et de Saoul-Fifre, les deux co-fondateurs de Blogborygmes S.A. Inc. Ltd ; rumeurs autour d'une diminution de la périodicité des publications bloguesques du groupe ; révélations d'Andiamo sur l'exploitation de personnes du troisième âge ayant dépassé l'âge légal de la retraite pour la préparation de billets ; découverte de données manifestement maquillées dans business plan à cinq ans afin de dissimuler l'extrême fragilité du modèle industriel de Blogborygmes S.A. Inc Ltd ; etc.

Dans un marché totalement déboussolé, l'action perdait alors en fin de séance le peu de valeur qui lui restait pour clôturer à 2,36 euros, en baisse de près de 99% sur la journée. Et encore le titre doit-il sa survie à de mystérieux ordres d'achat en provenance de Bourrinville qui ont évité un effondrement complet du titre.

Interviewé à sa sortie de garde à vue, Tant-Bourrin s'est déclaré confiant sur les capacités de son groupe à rebondir et a indiqué que le placement sous la protection de la loi sur les faillites n'était pas une option envisagée par Blogborygmes S.A. Inc. Ltd, invitant "actionnaires, clients, lecteurs et salariés à garder une foi inébranlable dans l'avenir du groupe".

A l'issue de cette déclaration, faite à l'aéroport de Bourrinville, M. Tant-Bourrin a pris place dans un vol à destination des Bahamas.

© 2008 Agence Rôteurs Limited

vendredi 10 octobre 2008

Saoul-FifreBlogboroscope

Faites attention, Béliers, on veut vous tondre la laine sur le dos.

Scorpions, vous vous piquez d'être empoisonnants. Ce n'est pas une qualité.

Capricornes, vous faites ce que vous voulez, mais je vérifierais soigneusement l'emploi du temps de mon conjoint, à votre place.

Surveillez votre facture d'eau, les Verseaux.

Lions, vous croyez courir après les gazelles ? Elles ne feront qu'une bouchée de vous.

Taureaux, un nabot arrogant en costume bling-bling cherche à vous dorer la pilule.

Pour vous Poissons, des problèmes d'ouïe en perspective.

Gémeaux, ne fréquentez pas les bars, les gens vous y voient double.

Relevez la tête, Vierges ! Vous êtes les seuls en mesure de prouver à vos amours que vous leur dites la vérité.

Sagitaires, ça vous semble sage, ITER ?

Vous les Balances, méfiez-vous de vos penchants !

Cancers, vous l'attraperez.

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