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samedi 2 juin 2007

Tant-BourrinCroisez-vous les méninges ! (3)

Cela fait un sacré bout de temps que je n'ai pas rendossé mon costume de verbicruciste pour vous laisser exercer vos talents de cruciverbistes.

Alors, juste histoire de vérifier si vous êtes toujours aussi nuls à chier doués que par le passé, je vous ai de nouveau concocté une petite grille 5x5 sans cases noires.

Pour que tout le monde puisse jouer (après tout, j'en ai chié pour la créer, cette grille, alors je tiens à ce que chacun en chie dessus aussi), réponses par mail uniquement.



Horizontalement :

  1. Où en est téton
  2. Aidait à aller droit au rebut
  3. Faire des mauvais coups
  4. Pour sortir couvert
  5. Le GPS de Tant-Bourrin

Verticalement :

  1. Faire le mort
  2. Règle pour tracer une ligne... de conduite
  3. Trop mortel, son parfum !
  4. Centriste au dernier degré
  5. Plein d'essences


Et pour me mettre en conformité avec le principe de discrimination positive, je vous joins également une grille composée uniquement de cases noires...

vendredi 1 juin 2007

Saoul-FifreLa vierge froide

Fatigue des yeux, sans doute, je lis nettement moins qu'à ma période boulimique où je me torchais mes 5 livres par semaine, gros ou petits, régulier comme un métronome. Je lis des journaux, mais je n'achète plus de romans neufs. Je rends visite à l'occasion au curé UMP (la totale, quoi) qui tient une petite boutique très bien achalandée en bouquins d'occases, mais j'attends surtout qu'on m'en prête ou mieux, qu'on m'en offre.

Ça m'évite d'avoir à faire un choix, et je pense qu'on n'offre pas n'importe quoi à n'importe qui, qu'il y a toujours le regard de l'autre, un message subliminal derrière le cadeau. Qu'un cadeau est révélateur a minima de la personnalité du généreux donateur, et souvent aussi, dans le meilleur des cas, celui où il arrive à s'abstraire partiellement de ses propres goûts, de l'opinion qu'il porte sur le donataire.

Chaque don est bien sûr un cas particulier, toujours est-il que j'ai été ravi du recueil de Nouvelles que m'a fait découvrir Calune :

J'ai mis un peu de temps à mettre la main dessus car ma belle-mère me l'avait confisqué, et puis mon fils, et puis bon, c'est mon cadeau, alors j'ai poussé mon cri de guerre, et j'ai pu commencer.

Ces "racontars" se passent sur la côte Nord-Est du Groenland, mais leur drôlerie pourrait être d'origine Grolandaise. En gros, c'est la vie des chasseurs de fourrure-piégeurs dans cette contrée bizarre qui ne connaît que 2 saisons : un long jour et une longue nuit de 6 mois chacun. Il y a des petits ports et puis des cabanes éloignées les unes des autres car au centre de leur territoire de chasse. Et dans ces cabanes, 2 piégeurs qui vivent ensemble, un ancien et son apprenti. C'est l'habitude, la tradition. Il semblerait que la vie soit plus facile à 2 que seul pour supporter le froid et surtout l'absence de lumière.

Dans des conditions spartiates et solitaires, la vie se rétrécit aux fondamentaux, mais garde toute son ampleur

Le soleil. Cet astre auquel nous sommes liés par un lien très fort, qui rythme nos jours, qui nous barbouille les yeux de vert, en faisant joyeusement ronfler la photosynthèse, et bien cette étoile s'éteint ! Il faut avoir emmagasiné pendant l'été une sacrée dose d'énergie, avoir le cœur brûlant, avoir l'optimisme chevillé, pour supporter sa défection et garder la foi en son retour ! Certains n'y arrivent pas, tel ce coq apprivoisé qui voit réduit à néant le rôle attribué à lui et ses congénères de toute éternité : saluer, rendre hommage au retour quotidien de Mercure sur son char. Il ne survivra pas à son inutilité lue dans la nuit boréale. La meilleure façon de tuer un coq...

Les femmes. Il n'y en a pas. Et quand on est jeune, et sanguin, et caverneux, le problème est raide à solutionner. Il faut attendre le vent du Sud-Est, et courir droit vers lui le sguègue à l'air, jusqu'à ce que l'image même de la femme s'évapore, s'amenuise dans les pensées... Mais elle revient toujours. Et prend une place d'autant plus importante qu'elle est loin dans le temps et l'espace. Dans ces lieux de solitude, le fin conteur, le diseur de merveilleux a un pouvoir magique sur ses compagnons. Par la force créative de ses mots, en leur parlant d'une lointaine "fiancée" qui soi-disant l'attend, il arrive à la faire exister dans leur imagination, jusqu'à entamer à leur demande une négociation tendant à lui faire "abandonner" ses droits sur elle ! Le droit de parler de cette fille fictive comme si elle était réellement sa fiancée, coûtera une fortune au vainqueur des enchères.

Je ne connais pas de métaphore plus puissante de l'importance vitale de l'Art, de l'écriture ou de la parole, dans notre vie. L'image, le rêve, ont même valeur, ou plus, sans doute, que la chose réelle. D'ailleurs, la vraie Emma n'existe pas. La vierge froide, si.

La mer. Hé oui, c'est sea, sex and sun, ce livre. La mer qui devient une étendue gelée et le compagnon chinois qui plonge pour comprendre comment les phoques arrivent à respirer sous la glace. L'alcool est bon et chaleureux pour le chasseur. L'alcool ne gèle pas, lui. Il n'en reste plus, va falloir songer à re-distiller. La mer par où arrive le bateau 2 fois par an, la relève, les provisions, les nouvelles de la civilisation, et qui repart chargé de fourrures.

Le bateau qui leur amène ce coup ci le trouble-fête le plus inutile qui soit : un lieutenant officiellement chargé de les former, de les discipliner et de les motiver contre l'Ennemi. Quel Ennemi ? Ben, l'Ennemi, quoi ? Ils veulent bien être gentils un moment, mais faudrait voir à leur causer correct. Ce sont des chasseurs du Grand Nord, des durs, et ce sont finalement eux qui mettront au pas le gringalet. Avec doigté.

Ce livre parle de toutes les choses importantes, de la mort, de l'amitié, du respect. De ces visites si indispensables à la survie, car si rares, de la nécessité acceptée de saouler l'autre de paroles et d'en écouter autant en échange, et de toutes ces petites folies ordinaires, obligatoires dans un pays aussi rude, et aussi des gros pétages de cable comme la sombre histoire d'Oscar le cochon que Calune aurait bien vu, j'en suis sûr, comme compagne pour Julie.

Très joli livre, vraiment, au style simple et allusif, comme j'aime, laissant la part belle à l'imagination du lecteur, qui n'est pas une moule, non mais ? Y a t-il un style nordique, qui parle avec finesse de sentiments profonds, vrais, naturels ? J'ai adoré "Faim" de Knut Hamsun, le prix Nobel norvégien, et aussi, plus proches de nous, les livres d'Arto Paasilinna le lapon : "le lièvre de Vatanen", etc... et bien sûr l'incontournable Selma Lagerlöf.

Au fait, Calune : merci !

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