Ô funérailles ! J'ai raté mon tour de billet ! Qu'est-ce que je vais prendre comme savon par Tant-Bourrin ! Ouillouillouille mes fesses, rien que d'y penser, le soufflet de la forge s'y met et la braise y rougeoie méchamment. J'ai honte ô oui j'implore ton pardon ô Grand-Bourrin et puis je m'excuse moi-même, même si je sais que ce n'est pas poli mais je n'ai pas le temps d'attendre ta réponse.

Je ne vois qu'une solution pour me racheter à tes yeux : je m'engage solennellement ici même à rédiger trois billets consécutifs en manière de pénitence. C'est-y pas honnête, comme proposition ? Si si, c'est excessivement honnête et d'ailleurs trop honnête pour être vrai, en fait. C'est dommage, je le reconnais, mais il s'agissait encore une fois et malheureusement pour vous, d'une mauvaise plaisanterie, du genre de celles dont je suis coutumier et auxquelles je vous ai habitué. Vous êtes mithridatisés en quelque sorte, et je vous inocule dorénavant mes toxiques à sec, sans remords ni voix intérieure courroucée.

Non, sans dèc', vous y avez cru ? Ça va pas dans tête à vous ? Trois billets à la suite, mais comment y arriverais-je, mes braves grognards, fidèles lecteurs, spectateurs attentifs de ma sénescence ? Sans vous commander, je souhaiterais que vous visualisiez bien ceci : ma cervelle est en phase de liquéfaction, vous pouvez entendre le doux clapotis du petit lait qui s'échappe par les fentes de la faisselle. Mes idées adoptent une forme fluide, fuyante, on en aperçoit le fond, ou pas, c'est selon, sa transparence ressemble de plus en plus à de la vacuité et des reflets glissent d'une façon aléatoire à sa surface.

On y plonge, on y coule, on s'y noie. Il suffit d'ouvrir la bouche pour y perdre la vie. De humer, de respirer, d'espérer quelques bulles. Je ne souhaite à personne de sombrer dans mon bocal à réflexions. Il y règne un univers glauque, moite, poisseux. Les mots y moisissent du désespoir de devenir un jour des phrases. Enfers et putréfactions. Seule issue de secours : rajouter de l'alcool à ce pot-au-noir chaud et humide pour en endiguer la fermentation. Halte. Douane zoll. Oui vous les bactéries anxiogènes, on ne passe plus ! Le seuil de tolérance est atteint, vous me resservirez un peu de ce délicieux Saint-Pourçain blanc, malgré son arrière-gorge diplomatiquement sulfureux. Calune me conseille de lâcher la poire pour reprendre la plume ??? Comme si l'une empêchait l'autre, non mais je rêve, ça fait bien six mois qu'elle saute son tour, entre autres, alors est-elle en position, si j'ose dire, de me faire la morale ? Sur le fond, je suis d'accord pour lâcher la poire qu'on a porté l'autre jour avec Bof à l'alambic. Un léger dérapage acétique l'a rendue impropre à la consommation humaine mais elle reste apte à la désinfection des plaies de l'âme.

La gourmandise doit céder le pas devant l'urgence à noyer les microbes.