Note de l’inpecteur Tayze à la Commissaire Genveut :

Bonjour Chercheffe,

j’espère que tu as envoyé bouler le larbin qui a pondu cette merde…

Tu peux le rassurer en lui disant que je vais approfondir le cas-cas de Gaulle. Puisqu’il a commencé sa carrière avec la guerre de 14-18, je vais enquêter sur ses faits d’armes durant cette période propice à l’héroïsme. Il y reçu d’ailleurs la légion d’horreur.

La démarche peut te surprendre, mais un sage qui n’était pas une crème d’andouilles a dit que si tu veux savoir où tu vas, il te faut déjà savoir d’où tu viens. D’autre part, la France ne se sortira pas de son merdier sans faire le bilan de ce qui lui a foutu le nez dans le caca et sans prendre conscience que, comme l’avait dit ce cher Albert, qui n’était pas non plus de la race des cons :

« Ce ne sont pas ceux qui ont créé le problème qui peuvent le résoudre. »

La France n’a donc rien à attendre des Tartuffe qui t’ont pondu cette bafouille.

Je passe comme chat sur braise sur le temps et le détail des recherches d’Hippo, car il ne faut pas bousculer le tournus des rédacteurs de Blogbo. Il suffit de savoir qu’il se plongea dans les archives et les nombreux documents du Net. Le plus difficile fut de trier le raisonnable parmi les outrances de tous bords.

Une note de la Commissaire Genveut à la présidence calma l’ire présidentielle en attendant son complément d’enquête.

L’œil du cyclone dura une petite semaine de calme plat avant l’inversion des vents.

Rapport préliminaire pour la Commissaire Genveut :

Je crois que c’était une connerie de géant d’avoir imaginé me mettre sous influence…. Comme tout ce qui touche à Charlot, il y a deux versions assez peu ressemblantes de ses faits d’armes durant 14-18.

Je commence par les cuivres, les ors et l’encens avec la citation du commandant de son unité : Tout d’abord, le colonel Boud’hors ne sait pas que De Gaulle a été fait prisonnier. Il est persuadé qu’il a été tué au combat. La citation déclare :

« le capitaine De Gaulle, alors que les Allemands atteignaient sa compagnie de tous côtés, a enlevé ses hommes dans un assaut furieux et un corps à corps farouche… il est tombé dans la mêlée. »

En août 1919, la citation est modifiée, après connaissance de la capture de De Gaulle :

« le capitaine De Gaulle a organisé, après un corps à corps farouche, un îlot de résistance où tous se battirent… bien que grièvement blessé d’un coup de baïonnette, il a continué à être l’âme de la défense jusqu’à ce qu’il tombe inanimé sous l’action des gaz. »

Ces citations, fort flatteuses cachent en fait de sérieuses lacunes dans l’État-major. La mort, ou la résistance héroïque d’un capitaine permettant de gommer certaines bourdes, il était tentant d’en faire des tonnes.

Bon, ça c’est pour le décor et la légende, la réalité s’écarte notablement de l’emphase littéraire. Ce jour-là, pas de gaz sur Douaumont et la blessure n’était qu’une estafilade à la cuisse, sans que de Gaulle se soit expliqué sur l’origine de cette blessure légère, ni sur les conditions de sa reddition. Tout juste a-t-il écrit à son colonel :

« je ne saurais dissimuler, mon Colonel, ni aux autres ni à moi-même que ce texte est un idéal dont je ne me suis guère rapproché dans la réalité. »

Dans les faits, pour le Capitaine de Gaulle la guerre de 14-18 se résume à assez peu de chose.

Jusqu’au 1er mars 1916, cet officier n’a pas eu de chance, à chaque occasion de devenir un héros, il ne peut se joindre aux combattants pour cause de blessures à l’entraînement, d’un accident ou d’une affectation de bureaucrate.

Il arrive donc à Douaumont le 1er mars 1916 et se fait immédiatement remarquer pour son tatillonnage administratif et l’élégance de sa tenue un peu décalée avec la boue des tranchées. Voulant des rapports sur tout, il multiplie les estafettes et les mouvements autour de son PC. Les Allemands voient ces mouvements, ils en déduisent naturellement que c’est une position stratégique et qu’elle sera leur prochain objectif.

A l’aube du 2 mars, ils attaquent la position de de Gaulle et à 10 heures 40, le grand homme fait brandir le drapeau blanc. Il finira la guerre comme prisonnier. Sa guerre 14-18 aura duré environ 4 heures.

Je te joins un historique très complet, avec des témoignages français et allemands sur cette journée à Douaumont.

Tu noteras dans cet historique que le capitaine de Gaulle fut considéré par les Allemands comme un lâche. La tradition voulait que les officiers prisonniers méritants pouvaient porter leur sabre pour aller à la messe, mais de Gaulle n’en fut pas jugé digne.

Il fut médaillé, ce qui peut s’expliquer par sa proximité avec … le Colonel Philippe Pétain et la dithyrambe de son colonel, citée plus haut.

Pétain était un modèle pour le jeune officier de Gaulle. De son côté, il en avait fait son protégé. En 1921, lors de la naissance de Philippe de Gaulle, son père travaille sous les ordres de Pétain. Philippe est-il ou non le filleul du Maréchal ? Impossible de le savoir puisque même les archives de l’Eglise peuvent avoir été bidouillées. Toujours est-il que dans le clan de Gaulle, les dénégations ont une virulence hors de propos avec le côté anecdotique de la chose, puisque les relations privilégiées des deux hommes ne peuvent être niées. En politique plus les dénégations sont virulentes, plus elles tentent de cacher une vérité qui embarrasse. Je laisse le doute planer parce qu’il faut bien que dans cette affaire quelque chose prenne de la hauteur.

Leur brouille semble venir de l’écriture d’un traité militaire où Charlot était le scribe du maréchal. Dans ce traité, il est question de l’importance des troupes mécanisées, des blindés et de l’aviation. De Gaulle finit par oublier l’auteur de cette stratégie et s’en appropria la paternité.

Voilà.

Je n’ai plus qu’à te souhaiter une lecture passionnante

Je file, j’ai encore pas mal à faire. Pour l’instant, plus rien à dire sur l’entre-deux guerres. La période de 38 à 46 semble assez prometteuse…

- Savoir pourquoi le général Giraud fut écarté du commandement de l’armée de la France libre?

- Pourquoi l’amiral Darlan fut assassiné après s’être rallié aux américains qui l’avaient nommé responsable des terres africaines libérées (une sorte de chef d’état par intérim) ?

- Que s’est-il passé lors de la libération de Paris ?

- Pourquoi l’avion de Leclerc, le libérateur de Paris, s’est écrasé alors qu’il partait en mission en Indochine ?

Quant à ce que j’entrevois déjà de l’après-guerre, ça me fait penser que Charlot aurait pu s’appeler Corléone.

Hippo Tayze