Tu es perdue la Seine dans la fumée des klaxons, asphyxiée dans les tu-tuts des vapeurs d'essence, es tu dans les baignades que l'on devait faire entre le pont de l'Alma et le Pont des Arts ? On ne devait attendre que quelques années... T'en souviens tu Jacquot ? Cela fait vingt ans que j'attends mon short baignade rouge à la main, et je n'ai toujours pas fait "plouf".

Tu sais maintenant je m'en fous, je ne traverserai plus du quai Anatole France au quai des Tuileries à la nage, je suis trop vioc, alors laisse tomber, les Parisiens n'en n'ont rien à foutre, il n'y ont jamais cru, alors...

Et les jolies navettes métro qui devaient faire voyager les travailleurs sur le joli fleuve, au lieu de prendre les bateaux Mouche sur pneus de la ligne numéro 1 entre Hôtel de Ville et Concorde ? Bien sûr ça n'aurait pas tout résolu, mais qu'est ce que ça aurait été chouette !

Et toi la Seine, tu t'en bats les berges, il y a encore quelques platanes pour te regarder passer, des bouquinistes pour touristes Japonais ou Chinois, ta copine la place du Tertre, en voit de ces faux rapins qui font semblant de retoucher des croûtes "made in Hong-Kong" faisant croire aux gogos qu'ils viennent de coucher sur la toile les dômes du Sactos ! Patachou, Poulbot, Utrillo, et Bruant doivent bien se marrer, celle qu'on appelait Rose, surinée par le p'tit Jules qu'était d'la tierce est bien oubliée.

Le quai de Jemmapes, et son hôtel du Nord ne font plus rêver les midinettes, nous n'irons plus pêcher à La Varenne, l'atmosphère a une drôle de gueule, Arletty a perdu son accent.

Allez roule la Seine, enlace Saint Denis pour une dernière étreinte, il y a belle lurette que les Bretons l'ont déserté, on n'y parle plus l'argot, tes usines ont fait place à des immeubles entre la Briche et Asnières, grouille toi la Seine, avant la grande descente vers la mare aux harengs, allez roule ma poule, ne te retourne pas, tout a tellement changé, Notre Dame sonne le tocsin, Paris brûle t-il ?

(ch'tiots crobards Andiamo)