Anne, Ô ma chère Anne,

ne vois-tu rien venir, non, je me trompe de conte, là, je recommence. Hier soir, quand je t'ai eue au téléphone, je n'ai pas osé t'annoncer la nouvelle de vive voix : le boucan que vous avez entendu quand vous êtes parti, c'était une ou des bêtes qui étaient en train de faire un carnage au poulailler. Je ne te fais pas languir plus longtemps, voici le résultat des courses : il me manque 8 poules, dont les 2 tiennes (la blonde et la brune), ton coq Grand dadais et le mien (celui avec des ergots), et une canne. En fouillant les environs, j'ai mis la main sur la cane, la brune, mon coq et Grand dadais, saignés mais intacts, donc bons à bouffer, ce qui nous a consolé à moitié. Non, au quart. Comme c'était les plus lourds que la (ou les) bête(s) a (ont) abandonné, j'ai soupçonné un renard, ou une renarde avec ses petits. Evidemment, le soir, les poules et les canards n'ont pas voulu rentrer dans le poulailler maudit (sauf le vieux canard et une poule qui couve). Margotte a soigneusement fermé la porte, ce qui a sauvé les 2 chanceux. Oui, chanceux, car ce matin, les "bêtes", et je soupçonne cette fois plutôt des chiens, sont revenus passer la seconde couche. Les poules, correctement perchées, ont échappé à la razzia, mais toutes les canes ont été emportées, sauf une. Margotte a récupéré le jeune mâle, sans la tête. Enfin, quoi, depuis hier, je plume, je plume... Un point positif, je n'ai pas eu besoin de courir, ni de les tuer. Qu'à me baisser.

Bon, ce soir, j'espère qu'on va arriver à les faire tous rentrer dans le poulailler. On va tous s'y mettre, mais c'est que ça vole, ces petites bêtes-là ? Comme je te connais, tu vas sûrement dire que c'est tout de ma faute, que j'aurais dû monter la garde toute la nuit avec un fusil, genre, mais je te pardonne, je sais que c'est la douleur qui te fera dégoiser de telles sornettes.

C'est quand même beaucoup ce genre d'anecdote et ces confrontations au cruel réel, qui m'a fait évoluer de "quasi-militant du ROC (rassemblement des opposants à la chasse, dont le président est Hubert Reeves)" à "compagnon de route des chasseurs". Quand j'ai commencé à semer des céréales, et que les lapins me bouffaient 20 mètres tout autour de toutes mes parcelles, j'attendais l'ouverture de la chasse avec la même impatience que pour la perte de mon pucelage. D'accord je continue à trouver nul qu'ils lâchent du faisan d'élevage pour faire du ball-trap dessus, mais quand il y a un réel problème de surpopulation d'un gibier (lapin, sanglier...), je sais bien que c'est pas les écolos qui vont me le régler, avec leurs marguerites... Il faut un prédateur carnivore dans la grande roue du cycle de la Nature, et ce prédateur, c'est l'homme.

Et si un voisin (j'ai pas de fusil) m'amène le cadavre du renard qui m'a niqué presque toute ma basse-cour, il aura droit au pastis !

@+, Anne