Souvenez-vous, Mioulefritx ubique compulsivement tandis que ses parents s’embrassent sous une couche de confit d’oie. Le mage Hiii assiste à la scène. Un goéland posé sur la rambarde de la fenêtre est également témoin involontaire de ces ébats. Il se prénomme Biquet. L’oiseau souffre d’un mal incurable : une propension à se prendre pour une couche culotte, il cherche la merde. Comme si cette tare n’était pas suffisante, Biquet la conjugue avec un sens de l’orientation totalement déficient. Voilà pourquoi le majestueux volatile s’écrase 3 étages plus bas, sur le trottoir, au lieu de se coller aux fesses de Moulefritx.

Ce petit manège n’échappe pas à Hiii. Il décide de n’attacher aucune importance à la chose et de se concentrer sur Moulefritx. De mauvaise grâce, un fluide énergétique entoure la petite fille tandis qu’Hiii lui crie : « Que signifie cette volonté de vouloir se perdre dans quelque chose ou dans quelqu’un ? L’amour ? Un besoin d’absolu, de fusion ? ». Moulefritx perd brusquement son don d’ubiquité. Elle reste compulsivement plantée sur le tapis du salon. Hiii, Foutrix et Mioule n’en croient pas leurs yeux.

« La conscience est un produit social » articule posément Moulefritx. Non seulement elle parle, mais elle cite Karl Marx. Mioule désapprouve bruyamment le choix de Marx en cette période d'ouverture au centre. « Ne vous inquiétez pas, répond le mage, votre fille devenue anthologie vivante de philosophie vous citera compulsivement tous les philosophes, mais plus particulièrement Leibniz dans sa période pessimiste. Cependant ne lui demandez jamais pourquoi. Jamais ».

Tout cela vaut mieux qu’un don d’ubiquité épuisant convient mentalement Foutrix en se léchant le bras gauche.