Au moment ou vous lirez ces lignes, je serais quelque part entre le sud-ouest de la France et la Normandie, le point exact dépendant du sens du vent, de la nourriture fournie aux étapes et de mon envie de conduire. Je vais donc utiliser la technologie moderne dite du billet programmé pour vous permettre de lire icelui à jour et heure dits.

Dans ma courte carrière de blogueur, je vous ai déjà infligé : des élucubrations, une critique ciné et, dernier avatar en date, ma vie, mon œuvre.

Bien.

Aujourd'hui, je vais jouer le guide. Oh, pas un guide de la Provence connue et archi-visitée, non. Je vais vous mener à Trans-en-Provence, pas loin de chez moi.

Au premier abord, rien de transcendant dans la commune, je pense d'ailleurs que le nom vous est, pour la plupart, inconnu. Normal, le seul endroit digne d'intérêt figure rarement dans les fascicules touristiques.

C'est en fait l'œuvre d'un homme, ingénieux ingénieur qui se donna les moyens de valider sa théorie grandeur nature.

Et grandeur nature ça donne ça :


Euuuuuuh, c'est quoi, me direz-vous ? Déjà, non, c'est pas un pigeonnier. Ni un blockaus, ni un séchoir.

C'est un puits. Si si. Un puits aérien.

Notre ingénieur avait remarqué que dans les pays chauds et secs, le manque d'eau présente quelques inconvénients. Dont celui d'obliger à boire le pastis pur. Une croyance locale assure que c'est bon pour la digestion. Peut-être. Mais le foie, lui, n'est pas d'accord.

Soucieux de la bonne santé hépatique de ses contemporains, l'ingénieur résolut d'exploiter un phénomène connu depuis l'antiquité préhistorique : la rosée nocturne.

Nous sommes en 1928 et, trois ans plus tard, cet édifice de douze mètres de diamètre à sa base verra sa hauteur culminer à treize mètres, pour des murs épais de deux mètres cinquante, pas mal non ?

A l'intérieur, son centre sera occupé par un énorme cylindre, dans lequel seront enchâssées des ardoises, celles-ci devant accroître la surface de contact avec l'air nocturne, chargé d'humidité, canalisé par les ouvertures présentes dans l'ouvrage.



Pour recueillir cette rosée divine, une citerne de grande taille sera creusée en sous-sol.

De grande taille, car l'ingénieur du nom de Knappen, Belge de naissance (je sais, c'est mesquin de parler de sa nationalité), pensait, après savants calculs, recueillir environ 30 000 litres d'eau par nuit.

Le record avoisinera les 10 litres, ce qui est une très légère et très regrettable erreur de calcul.

Reste un joli but de promenade, et c'est déjà pas mal.

Voilà, dans un prochain épisode, nous nous rendrons à Pivaut, voir de quelle manière, à l'ère préfrigidairienne, les hommes stockaient l'hiver la glace nécessaire à l'anisette d'été.