Putain d'espace. Il s'élargit dès qu'on part en voyage mais il rétrécit sitôt qu'on monte en bateau.

C'est pas que je sois claustrophobe, mais je flippe à mort dans les endroits fermés.

À peine posé le pied sur ce rafiot pourri gréco-purin,

j'ai étudié les différentes méthodes pour m'en échapper. Mémoriser le plan. Apprendre par cœur les consignes d'urgence. Fouiller le bâtiment de fond en comble de la cave au grenier, à commencer par les endroits marqués restricted area, vu que les vieilles lunes où le capitaine et l'équipage se sacrifient pour les passagers, j'y crois guère, j'y crois plus et j'y crois pas.

Ces portes et ces escaliers là donnent certainement accès à des plans B genre sous-marin de poche ou toboggan gonflable ou hélicoptère vieille pie, enfin des trucs réservés aux privilégiés pistonnés ?

J'ai aussi repéré des boules blanches sur le premier pont, verrouillées sur une pente inclinée vers l'eau. À mon avis, quand elles atteignent la mer, le choc les fait se déplier en chaloupes ou se gonfler en Zodiacs. J'ai gravé sur l'une d'elles avec mon couteau camarguais mon nom et mon N° de Sécu. Ça me fera un argument-choc en cas de besoin. Il fera beau voir, Simone, qu'on me vole mon canot de sauvetage !?

Bon, j'ai des solutions de repli : j'ai trouvé un coffre avec des échelles de corde et j'ai stocké dans l'armoire de ma cabine tous les life jackets que j'ai pu récupérer discrètement. En les attachant ensemble, ça donne une grosse usine flottante, en m'y glissant au centre, je vous parie que j'arrive à la côte sans un poil humide.

Le mieux, me direz-vous, ç'eût été de ne pas monter dans ce cercueil soi-disant flottant ? D'accord, mais il va à Oran, quand même, merde ? ? ? ?

Bon, je vais vous laisser. Je me sens un peu barbouillé. Mon cher vomit-bag me manque, soudainement...

Vous vous en foutez mais on a gros temps, là ?