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mercredi 13 mai 2009

Saoul-FifrePierre Dac, le pire des cas ?

J'ai 8 ans, je vis dans un pays qui n'était pas le mien il y a encore 2 ans, j'ai les oreilles dépliées comme des paraboles, je suis curieux jusqu'à l'avidité mais mon monde se résume à ma petite école à classe unique et à la ferme de mes parents, perdue au milieu des grands bois périgourdins.

Le soir je rentre à bicyclette du village distant de 6 kilomètres. Je n'ai pas de devoirs à faire. Il y a un seul maître, donc nous travaillons seuls pendant qu'il enseigne aux autres niveaux. Je ne sais pas comment fait la jeune génération actuelle, mais nous, nous avions un trou au fond des oreilles et les mots du maître se déversaient par là directement dans nos cerveaux.

Rentré à la maison, je crapahute, je me bricole des trucs, n'importe quoi m'est jouet, je me raconte des histoires, je parle tout seul. Je lis. Beaucoup. Nous n'avons pas la télé mais une grosse radio PO GO FM OC trône dans un coin, assez souvent allumée. À cette époque, le présentateur annonce le nom du chanteur et même souvent l'auteur des paroles et de la musique. On a droit à une bonne part de sketches aussi. Il y a des feuilletons, et puis du théâtre, dans l'après-midi.

Et puis en début de soirée, à 18 h 45, à l'heure où selon les saisons je regagne mes pénates, mais l'important n'est pas là puisqu'en été j'abandonne tout, rien ne peut m'empêcher de rentrer écouter ce truc extraordinaire, ce feuilleton atypique qui ne ressemble à aucun autre : "Bons baisers de partout".

Le titre, déjà ? Ouvert, chaleureux, non-restrictif, et bien sûr sans aucun rapport avec le contenu car je viens de mettre un pied, non, une oreille chez les loufoques et chez le plus doux-dingue d'entre eux : Pierre Dac.

Ma mère me voit rentrer en courant dans la cuisine à l'heure dite. Son petit sourire est un peu d'ironie à me voir si mordu mais aussi de plaisir attendu car Dac l'enthousiasme également. Quand les allusions dépassent ma petite culture, elle est là pour m'expliquer les jeux de mots. Car il faut savoir qu'il existe un film nommé "Zorba le grec" pour apprécier le nom du méchant espion "Zorbec le gras", dont Roger Carel faisait la voix. Leroidec, le représentant en enclumes, c'est bon, je comprends tout seul. Fermtag aussi. Giorgio Loffismodi aussi, on a un disque d'Aznavour à la maison, avec "La mamma" dedans. Et est-il besoin d'une grande analyse sémantique pour se laisser gagner par le comique de sonorités quand intervient la "Comtesse Wanda Vodkamilkévitch veuve du général comte Alexis Vodkamilkévitch, née Catherine Legrumeau"?

Nicolas Leroidec, alias SGDG 06 1/2, puis alias inter 18 29 (la fréquence de France Inter sur les grandes ondes), joué par Paul Préboist est un magnifique anti-espion, hilarant dans son contre-emploi. Impossible de prévoir à l'avance ce qui va lui arriver, c'est du grand n'importe quoi. Pour se débarrasser de poursuivants, il jette par la fenêtre de sa voiture une boite de lacets car c'est bien connu, "les lacets sont dangereux dans les routes de montagne" !

L'opération "Tupeutla", ce sont les gesticulations de la France pour garder en sa possession l'irremplaçable invention du Professeur Slalom Jérémie Ménerlache, j'ai nommé le Biglotron , qui n'est en fait qu'un schmilblick à bidule. Oui oui, C'est Pierre Dac qui a inventé le Schmilblick aussi, bande d'incultes, ce n'est ni Guy Lux, ni Coluche !

En tout cas, ça marque à vie, ce genre d'expérience auditive. Que peut-on prendre au sérieux ensuite ? La politique ? Ben non, on s'est inscrit d'office au Parti d'en rire qui tient toujours ses promesses puisqu'il ne nous en fait aucune. Les disputes ? Au sujet de qui de quoi ? Il suffit de se remémorer sa Tyrolienne haîîîîîneuse pour en saisir toute l'inanité.

Je me suis fait traiter de vieux tromblon par Mademoiselle Dusk récemment, en citant mon Maître "63" (elle a disparu, quelqu'un a des nouvelles ?) mais il me semble qu'il y a de l'éternité, de l'intemporalité chez Dac. Quand on pense qu'il est né en 1893 et qu'il a été poilu de la grande guerre ? Quelle jeunesse !

Pour notre mariage, nous avons eu droit à son célèbre discours passe partout valable pour toutes les circonstances, bien pratique, ceci dit. Faut dire que mon cousin Jean-Baptiste Plait était de son vivant le meilleur interprète de Dac (et d'Alphonse Allais aussi, soyons honnêtes).

Je n'en sors pas.

Allez, une dernière de ses "petites annonces", pour la route :

Monsieur à qui on ne la fait pas cherche dame à qui on ne l'a pas fait

dimanche 10 mai 2009

AndiamoLe beau voyage, suivi de : Terra incognita.


Ça y est, cette fois ça y est : je suis parti !

Un grand éclair lumineux quand les "boosters" se sont allumés, et puis le décollage en douceur. C’est curieux, je m’attendais à un horrible plaquage, collé à mon siège, eh bien non !

La cabine est un peu étroite mais très confortable, je n’ai ni chaud ni froid, je suis juste bien, c’est curieux, les ingénieurs ont tout prévu sauf… que c’est tout de même un peu sombre.

Putain, j’ai beau tâtonner je ne trouve pas l’interrupteur ! Dehors aussi, il fait bien sombre…

Mais oui, suis-je bête, j’ai compris ! Au moment du décollage, il faisait froid, très froid même (maintenant ça va mieux), de la condensation a dû se former sur le hublot, mais à l’extérieur, et avec le froid de l’espace (- 273 degrés tout de même) la condensation s'est transformée en glace, interdisant toute visibilité… Voilà !

Nom de Dieu, il est long ce voyage, je ne sais pas au juste, mais ça commence à me sembler long ! Je devais rejoindre la station spatiale, disons… Deux heures, deux heures et demie, ils m’avaient promis que ce serait court : ils se sont plantés, voilà tout !

Enfin, patience, d’autant qu’une fois arrivé, je devrais rencontrer des visages connus, c’est ce qu’on m’avait promis toujours.

C’est tout de même curieux, des visages connus : je ne connais personne de mon entourage qui se soit offert un voyage spatial !

J’en aurais entendu parler : soit au J-T, soit dans mon quotidien "La Montagne". Bien sûr, ça n’est pas un journal de Parigot (tête de GNA GNA GNA ), voilà que je me marre de mes propres conneries. Ah ! Si on me voyait !

Mais bon, c’est un honnête canard, qui ne signale pas uniquement les fluctuations des marchés de l’avoine ou du beurre !

Comme c’est curieux, depuis le temps que je suis parti, je devrais avoir faim, soif, envie de pipi, et même … Ben oui comme tout le monde !

Rien, aucune envie, je ne suis relié à aucune machine, point de cordon, j’ai balayé l’espace de ma cabine avec mon bras (je n’ai toujours pas trouvé l’interrupteur), le vide entre les parois de la capsule et moi, bizarre , rien, pas de tableau de bord, ni d'écrans de contrôle.

Il me semble, je dis bien il me semble, que ça fait des mois que je suis là, j’ai tâté autour de moi, la cabine est matelassée, j’ai même un petit coussin derrière ma tête, et ça commence à sentir mauvais...

C'est ça l’éternité ?

J'AI PEUR TOUT A COUP...

Dessins : Andiamo pour Blogbo 2009






Ça vous a plombé un peu la journée ?

Bon je vais me faire pardonner en vous racontant une autre petite histoire, un peu plus "optimiste" !

Toutefois je vais être honnête (une fois n'est pas costume, comme le disait ma bignole lorsque j'habitais à Aubervilliers) l'idée n'est pas de moi, j'avais lu une B.D il y a.... fort longtemps (j'en ai oublié l'auteur, qu'il me pardonne) et je m'en suis inspiré.

Z'avez remarqué, je cite mes sources, et quand je "pompe" (ne vous méprenez pas sur le sens de la pompe) je le dis.

Assez "bavassé", on clique sur une musique un peu plus guillerette, on met ses lunettes, et... AVANTI !


TERRA INCOGNITA

Je viens d’atterrir, j’ai vraiment eu beaucoup de mal à m’extraire de cette capsule.

Le voyage a été relativement long ! Mais les ingénieurs avaient vraiment tout prévu, semi-hibernation, tuyau d’alimentation, relié directement à mon appareil digestif, pareil pour les évacuations !

Ce monde dans lequel je viens d’atterrir est étrange, tout semble noyé dans le brouillard. Je dors beaucoup, sans doute le voyage et surtout cette extraction de la capsule, vraiment très éprouvante !

Il faudra que je commence à travailler, je ne sais pas vraiment quelle est ma mission, les instructions sont assez vagues.

J’ai trouvé de la nourriture, une espèce de gros fruit, tout doux et tiède, d’une agréable odeur, je le porte à ma bouche, un liquide onctueux et très nourrissant en sort.

Je mange trop, il faudra que je fasse attention, car après chacun de mes repas, j’éprouve l’irrésistible besoin de dormir.

Je ne sais ce qui m’attend, ni quand je pourrai repartir, d’abord retrouver la capsule, mon vaisseau spatial !

Plusieurs fois par jour, une entité, toujours la même, se penche sur moi, une sorte de gazouillis est émis d’une ouverture, très rouge, avec des rangées de choses très blanches, situées en haut et en bas de cette ouverture, cette entité me change, cela me gêne, mais comment faire ? Le flexible qui se chargeait de mon alimentation et des évacuations a été coupé !

Mes yeux commencent à s’habituer à mon environnement, il semble assez restreint !

Tout à l’heure l’entité m’a murmuré quelque chose comme BBBBBBé.. béééé je crois.

Plusieurs jours que je suis ici. Hier, mon univers a basculé, l’entité a ouvert une sorte de hublot, et j’ai vu au-delà de ce petit univers que je croyais fini, ce monde semble beaucoup plus vaste que je le pensais !

Aujourd’hui l’entité a tentée de communiquer avec moi, elle m’a saisit avec ses deux grands bras terminés chacun par cinq tentacules, l’ouverture rouge s’est approchée de mon oreille et a murmuré : MA…MAN !

Je crois que je ne retournerai jamais d’où je suis venu.

vendredi 8 mai 2009

Tant-BourrinComic blog

Allez, une petite chanson pour vous mettre du coeur à l'ouvrage. Un petit vent de gaîté discret et léger, je l'espère, pour la journée...

Et mille pardon au grand Serge Gainsbourg dont j'ai détourné la chanson "Comic strip" ! D'aucuns diront que c'est un sacrilège, mais je préfère y voir un hommage croisé à celui-ci et à son Evgeni Sokolov...



Comic blog

Paroles : Tant-Bourrin (d'après Serge Gainsbourg)
Musique : Serge Gainsbourg


Téléchargeable directement ici

mercredi 6 mai 2009

Saoul-FifreSur une idée de Margotte

Léonard Nadaud était le dernier d'une longue lignée d'épiciers de village. Vous savez, ces bienfaiteurs de l'humanité qui tenaient l'unique bar, la seule pompe à essence, le stock de bouteilles de gaz, qui étaient ouverts de l'aube au coucher du soleil, sept jours sur sept, et à qui vous pouviez demander ce que vous vouliez, ils l'avaient dans leur stock sans fond et sur leurs kilomètres de rayonnages.

Ils faisaient aussi dépôt de pain et sillonnaient les chemins vicinaux avec un vieux tube Citroën jusque dans les hameaux isolés pour dépanner les vieux et tous les petits paysans non motorisés.

L'unique téléphone de la commune, le téléphone public était chez eux. Ils faisaient le bonheur des enfants avec leurs bocaux de verre remplis de boules de gomme, de caramels à un franc et de bâtons de réglisse, et ils étaient toujours partants pour faire cuire une omelette à quatre heures de l'après-midi pour un pauvre citadin épuisé.

De vrais anges ruraux, je vous dis.

Et puis la modernité a fondu sur les campagnes avec ses doigts crochus. Tout le monde s'est équipé d'une automobile, s'est mis à comparer les prix avec ceux du supermarché tout proche et ce "brave Léonard" devint "Léo l'arnaqueur", du jour au lendemain. On le regardait avec suspicion, les bruits les plus fous coururent sur lui. La clochette de la porte d'entrée du magasin ne sonna plus qu'épisodiquement pour un jour, ne plus sonner du tout.

Léonard fut obligé de tout mettre en vente, même quelques terres proches du village qu'il achetait lors de sa période flamboyante, dès qu'il avait quelques économies de côté. Il ne conserverait qu'une mauvaise bicoque pour y habiter.

Les candidats ne se bousculèrent pas au portillon. Il y avait un gros stock, dont une partie périssable. Même s'il baissait son prix, les candidats secouaient la tête, désolés. Au bout de deux ans, une bande de chevelus-barbus se présenta, et après une ultime discussion, obtinrent un rabais supplémentaire et emportèrent le morceau.

Ils étaient jeunes, dynamiques, les inscriptions d'enfants permettraient de pérenniser une classe et la cour de l'école retentirait à nouveau de rires aigus. Le maire les aida à racheter un grand bâtiment de ferme ainsi qu'une quarantaine d'hectares. Leur "magasin général" redevint le centre de vie du village. Ils organisèrent des spectacles dans l'arrière salle du café et l'un d'eux s'occupa de redynamiser le Comité des Fêtes et d'en prendre la présidence. Ils s'impliquaient dans la vie communale, rendaient service. Ils se relayaient pour rendre visite aux personnes âgées, voir si elles avaient besoin de quelque chose. Le Mardi, une espèce de marché s'organisait dans la grande salle : les producteurs environnants amenaient ce que les habitants leur avaient commandé la semaine précédente et prenaient les commandes pour la suivante. Cela permettait d'avoir des produits frais, pas d'invendus, et de programmer par exemple l'abattage d'une grosse bête que chacun pourra mettre au congélateur ou s'associer pour la consommer de suite.

Et surtout, par leur gaieté, ils reinitiaient une vraie vie sociale. Le soir, des parties de boules s'organisaient derrière l'épicerie, le bar ne désemplissait pas et tous les âges délaissaient leur téléviseur pour venir se distraire in vivo autour de la grande cheminée monumentale. Les veillées intergénérations d'antan, où l'on draguait, où l'on perçait les abcès relationnels avant qu'ils ne s'enveniment, où l'on improvisait des contes, des chansons sur la base de ce qui nous était arrivé pendant la journée, retrouvaient leur vivacité authentique. On y jouait aux cartes, aux échecs, mais on y travaillait également : on y pelait les châtaignes, on y tricotait, ou bien on y réinventait une démocratie participative.

Un qui était furax du succès rencontré par les esstrangers, c'était Léo l'arnaqueur. Il avait beau grincer des dents, appeler au boycott contre les marginaux, ces mal-lavés, on lui rétorquait : "Mais avec leur système, ils sont encore moins chers que Géant Canivo ! Et en Bio, en plus ! Tu n'es qu'un jaloux !"

L'œil de Léonard Nadaud se mit à briller d'une méchante lueur en lisant la Une de "La montagne". Voilà l'idée de vengeance qu'il cherchait depuis un moment. Il enfila des gants, prit une feuille de papier vierge au milieu du paquet, un stylo-bille et commença à écrire :

"Messieurs,

je suis un honnête citoyen et c'est le sens du Devoir ainsi que le respect de nos Lois sans lesquelles il n'est pas de Société viable qui me poussent à vous faire part de graves agissements terroristes dont le hasard m'a rendu témoin.

J'accuse avec force la communauté d'activistes anarchistes dont la base de repli est l'épicerie de Tarnac, en Corrèze, d'être les auteurs des honteux sabotages effectués récemment contre les caténaires de la SNCF.

Et en particulier leur chef, le dangereux Julien Coupat.

Signé : Un ami de la République, qui désire rester anonyme par modestie"

Ce dessin génial est de Jean-François Batellier. Je ne saurai trop vous recommander d'aller sur son site . Une liberté de ton de ce tonneau là se fait de plus en plus rare. Pour pas cher, vous pourrez lui commander quelques-uns de ses bijoux tendres ou féroces, ou carrément un de ses albums. Il le mérite et vous ne le regretterez pas.

lundi 4 mai 2009

AndiamoLes aventuriers



Cet air m'est revenu en mémoire, chanté par Charles Aznavour. Je n'ai pas trouvé la version originale, mais par contre j'ai trouvé celle interprétée par LES COMPAGNONS DE LA CHANSON, et je souhaite aux jeunes générations de faire ne serait-ce que le quart de leur carrière, des millions de disques vendus, et la voix de Fred Mella, une pureté....

Cela m'a inspiré quelques crobards, pratiquement pas de texte, mais un peu d'encre de Chine, de l'eau pour les lavis, ça change un peu.



Ils s'en sont allés
Aussi loin que leur bateau pouvait les emporter
Pour savoir ce qu'on trouvait au bout de l'univers
Pour savoir où finissait la mer.



Ils se sont perdus
Entre le soleil et l'eau qui n'en finissait plus
Accrochés dans les haubans, les yeux vers l'horizon
A deux doigts d'en perdre la raison.

Ils étaient partis
Parce qu'ils trouvaient le monde trop petit
Dégoûtés par les amis, déçus par leurs amours
Fatigués de vivre au jour le jour.



Pour pouvoir tenir
Pour ne pas se laisser mourir
Ce qui leur a fallu subir
Nous ne le saurons jamais.

Et puis enfin pour vous Mesdames (et tous les autres) celui qui à mes yeux est le Prince des aventuriers : CORTO MALTESE.

Dessins : Andiamo 2009 pour Blogbo.

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