Ha les héros ! Le mal qu'ils peuvent faire ! C'est un peu comme la pub, comme les images d'humains parfaits, hommes et femmes, dont nous inondent les magazines consuméristes et menteurs sans vergogne. Ben oui, de gros menteurs, même, car ça se saurait, si en achetant la montre on avait en prime la nana de la photo ?

Et si en s'abonnant à Rahan-gadget on devenait beaux, musclés, inventifs, adroits, respectueux des droits de l'homme et de la femme, courageux ? C'est l'arnaque absolue, moi je vous le dis. L'emballage ne correspond pas au produit à l'intérieur. Yen a qui voient dans Rahan le militant communiste parfait dans une société idéale. Comme Rahan "ne tue jamais ceux-qui-marchent-debout", j'émets déjà un gros doute à la base. À l'époque de Pif et de la russie soviétique, c'étaient plutôt les soumis, ceux qui "marchaient-à-quatre-pattes", que l'on laissait tranquilles. Et même à l'heure d'aujourd'hui, ce sont les grandes gueules au verbe libre, genre Anna Politkovskaïa, que l'on assassine.

Tel que vous ne me voyez pas, j'ai acheté les premiers numéros et j'ai eu le "coutelas" de Rahan et son collier de griffes. Du beau plastoc respectant comme il faut les normes de protection de l'enfance. Au bout d'une demie-heure d'efforts infructueux à essayer de couper les pattes d'une mouche capturée pour l'occasion, j'abandonnai.

Mon copain Rahan m'a beaucoup déçu ce jour là. Si il voulait me faire croire que c'était avec ce couteau de pic-nique qu'il éventrait les longues-crinières, c'était raté. Non, j'ai cassé ma tirelire et j'ai acheté un vrai couteau de lancer, inox et polymère, comme celui de Rahan ; mais ma sœur n'a jamais voulu se coucher le long d'un tronc d'arbre, qu'on fasse comme si je la sauvais du peau-de-bois, d'un coup précis dans son œil féroce. Dans l'œil du peau-de-bois, hein ? oui ma sœur aussi avait l'œil féroce, mais c'était pas écrit dans le jeu, enfin je me comprends. Elle avait pas l'esprit Rahan, ma sœur, c'est pas elle qui aurait sauvé les belles Tanaou ou Inoo par altruisme pur, et pas du tout pour les sauter dès que le chef aurait le dos tourné, comme j'en connais qui croient.

On met pas tout en commun, dans le communisme ! Seulement les nouvelles connaissances.

Ah il m'en aura fait faire des conneries, le Rahan, mais ça marchait jamais comme dans le livre, la liane cassait, le radeau coulait, le veau ne se laissait pas dresser et je me laissais enrôler par le sorcier/curé pour tenir un stand à la kermesse.

Mais par delà ces quelques imprécisions dans le suivi de la doctrine rahanesque, je suis fier de pouvoir affirmer haut et fort qu'en temps que digne fils de Crado je suis toujours resté fidèle aux valeurs représentées par chacune des griffes de son collier :

le bavardage, la débauche, la gourmandise, l'ivrognerie et la paresse !