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mardi 3 janvier 2012

Scout toujours14 Juillet 1790, la fête de la Fédération

La fête de la Fédération fut incontestablement le plus grand rassemblement populaire de toute notre Histoire. Cet évènement a tellement marqué les esprits, que lorsque en 1880, nos députés eurent à choisir une date pour notre fête nationale, ils optèrent pour le 14 juillet en mémoire de cette extraordinaire journée (1). En 1790, il fut décidé d'organiser une grande cérémonie pour fêter le premier anniversaire de la prise de La Bastille et par là-même clôturer notre Révolution. Des délégations avaient été invitées venant de tous les départements Français, on attendait pas moins de 500.000 personnes.

Le seul endroit assez spacieux pour un tel évènement était le Champ de Mars (2). Douze mille ouvriers furent employés pour transformer ce terrain vague en une gigantesque arène. Les travaux commencèrent en juin. Mais étant donnée l'ampleur du chantier, on vit rapidement qu'on ne pourrait l'achever avant 4 mois. Un appel fut alors lancé aux gardes nationales pour contribuer aux travaux... Paris y répondit avec un tel enthousiasme que non seulement les gardes s'y rendirent en masse tambour battant, mais la population tout entière voulut participer : des gens de tout rang, de tout âge, de tout sexe et de toute opinion affluèrent vers le Champ de Mars. On vit même des moines et les femmes les plus élégantes de Paris arriver en voitures et en calèches de toutes les avenues de la ville, chacun et chacune venant avec sa pelle et sa pioche. En peu de jours, tout le monde eut son costume de travail et son bonnet phrygien. Les dames issues de la noblesse s'en firent confectionner de très élégants qui leur seyaient à merveille (3). Jamais on ne vendit autant de ces étoffes, et jamais on ne confectionna plus de ces accoutrements. Sur le terrain, l'exaltation et l'euphorie étaient à leur comble. Les travaux allaient bon train et chacun rivalisait d'ardeur et de gaieté. Les marquises travaillaient et buvaient avec les ribaudes. Le Roi lui-même vint donner son coup de pioche, et on dit même que Saint Just poussant une brouette y croisa la Du Barry une pelle à la main (4). Le travail était rythmé par les rires et les chants, jamais on n'avait vu et on ne reverra en France un tel élan de bonnes volontés, tant et si bien que l'ouvrage fut terminé bien avant le 14 juillet.

Les 60 000 fédérés venus des quatre coins de France furent hébergés avec la plus grande hospitalité : chaque parisien s'empressait de soins pour eux et ils furent royalement accueillis.

Le jour venu, la cérémonie fut grandiose, Le cortège partit de La Bastille en longeant la Seine jusqu'au pont construit pour la circonstance et qu'on avait entièrement garni de fleurs (5). Un triple arc de triomphe avait été édifié et chacun se rangea à sa place sous les acclamations et les vivats. Plus de 600 000 personnes étaient là. De toute notre Histoire, on n'avait jamais vu un tel rassemblement. Un détail pittoresque agrémenta la journée : le temps ne cessait de changer, alternant entre soleil et averses ; et cette immense population, en apparaissant tout à coup ou en disparaissant sous cent mille parapluies de toutes couleurs, offrait les multiples tableaux d'immenses champs de fleurs multicolores tantôt s'épanouissant, tantôt se refermant suivant que les averses mouillaient l'une ou l'autre partie de l'esplanade. L'effet en était vraiment fantastique.

Chacun prêta serment de fidélité à la constitution avec une euphorie, un enthousiasme que nul ne peut imaginer. "Oui, nous le jurons !" s'écriait-on en chœur. La Fayette était là, magnifique, sur son cheval blanc, mais l'homme qui retint l'attention de tous fut le Roi : son serment et celui de la Reine déclenchèrent une ovation formidable qui se mêla aux nombreuses musiques des fanfares, aux roulements de mille tambours et au fracas de 100 canons. Le peuple était transporté de joie de voir Louis XVI accepter notre constitution (6). C'est que ce jour-là, chacun considérait que la révolution était bien terminée, on croyait enfin pouvoir vivre en paix.

Au sortir de la cérémonie, tous les gens se félicitaient, s'agrémentant de politesses et de signes confraternels, jamais la population parisienne ne se conduisit avec autant d'égard et de civilité, c'était à qui ferait place à ceux que l'on croisait. Si cet excès de politesse fut poussé à l'extrême, ce fut surtout par les gens de la dernière classe. Cet excès de dévouement était touchant chez eux, trop heureux qu'ils étaient que leur roi leur accorde un tel privilège, eux qui n'avaient connu jusqu'ici que les humiliations. Chacun d'entre eux se promenait avec délice, cherchant à procurer aux autres le charme qu'il goûtait. L'euphorie gagna toute la ville, on s'embrassait dans les rues, on se fût cru dans un monde irréel, et jamais le mot fraternité n'eut pu être aussi bien employé. Des montgolfières furent lâchées et un formidable feu d'artifice fut tiré de la place de l'Etoile. Les rues de Paris étaient ornées de millions de lampions multicolores qui scintillaient joyeusement dans la nuit. Les jardins et les bois étaient garnis d'orchestres, de spectacles et de salles de bal dont les flon-flons agrémentèrent les soirées, les réjouissances durèrent pendant plusieurs jours. Dieu que la France était belle en ces beaux jours de juillet, tous les cœurs n'étaient animés que d'un seul sentiment : l'amour du bien commun.

Hélas, hélas, l'euphorie sera de courte durée. Pourtant le Roi était sincère, mais à l'image de son peuple, il était impressionnable et versatile (7).

Il oubliera ses beaux serments, et Mirabeau, l'agent double, n'aura aucun mal à le convaincre de fuir à l'étranger. Dès lors la France sera engagée malgré elle dans les guerres de la première coalition, et la spirale sanglante suivra : les massacres de Septembre, le "génocide" des chouans, la Terreur, Thermidor... Les guerres dureront jusqu'à l'effondrement de la France en 1815. Et pourtant, tout ce déferlement de sang eut pu être évité...


(1) Lorsque nous fêtons le 14 juillet, c'est bien la Fête de la Fédération que nous commémorons et non pas la prise de La Bastille, contrairement aux idées reçues. Certains députés refusèrent en effet de commémorer la prise de La Bastille en raison des scènes de lynchage et des victimes innocentes qu'elle avait occasionnées.
(2) Le Champ de Mars est dans le prolongement de l'emplacement de la Tour Eiffel.
(3) Beaucoup de nobles étaient désireux d'en finir avec l'ancien régime qui leur interdisait de mener une quelconque activité autre que la carrière militaire, et les empêchait donc de s'enrichir.
(4) Saint Just était un ami de Robespierre qui gouverna sous la Terreur, ils furent guillotinés tous les deux lors de la réaction de Thermidor. Mme Du Barry était l'ancienne maitresse de Louis XV, elle fut guillotinée sous la Terreur.
(5) Ce pont était à l'emplacement de l'actuel pont d'Iena.
(6) La constitution en question était une monarchie constitutionnelle.
(7) Louis XVI était très influençable : avec lui, c'était souvent le dernier conseiller qui parlait qui avait raison.

dimanche 1 janvier 2012

AndiamoAu gui l'an neuf !

Ils sont partis... Abandonnant la boutique... Pas un p'tit bifton posté... J'ai honte !!!

Alors je m'y suis mis, malgré mes vieilles douleurs : le doyen au taf ! "Ils" me la font payer cher ma retraite...

Toujours soucieux de "coller" au plus près à l'actualité, j'ai voulu marquer la nouvelle année en évoquant le scandale des prothèses à mèmère... Pardon mammaires, les fameuses "P.I.P".

Encore une fois c'est tout en finesse et sous-entendus !


A toutes et à tous je vous souhaite une BONNE ANNEE (à la manière du chat)

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