L'autre jour, profitant de mon passage à Paname, je me suis dit comme ça.

« Et si j'en profitais pour passer un coup de biniou à Andiamo ? Je me suis laissé dire qu'il créchait dans le coin. »

Vous emballez pas, hein, bande de décapsulés, je vois déjà vos petits yeux égrillards se plisser à l'évocation de je ne sais quelle idée salace...C'était juste pour boire un caoua, et taper la discute avec le concepteur du commissaire Chauguise himself et en personne. Eh non, je ne résiste pas, quand j'ai l'occase, j'aime bien mettre des visages sur les blazes. C'est comme qui dirait une manie chez moi, ce passage du virtuel au réel.

Bref, on se file rencard dans un p'tit troquet boulevard de Ménilmontant, mais oui madame...et j'avoue que j'ai les guitares en coton, les mains moites et les pieds poites en attendant l'arrivée du poulet le plus célèbre de la blogo.

Bon le vlà, et tout de suite, le courant passe. Continu et alternatif. On sent qu'on est en phase quoi ! On fait les présentations, on se tape la bise et en avant Guingamp ! Je vous apprends rien, à vous les tauliers de ce blog jubilatoire et intempestif, votre pote est un joyeux drille. Mais en plus, il connaît plein de trucs sur tout. Avec son accent titi des faubourgs populaires qu'il fait reluire depuis la septième génération, me vlà plongée tout droit dans un film de Lautner, dialogué par Audiard. Du petit Jésus en culotte de satin.

Tout y passe, bourgeois, patrons, la gauche, la droite, même le bon Dieu, comme dans la chanson... Mais aussi Brassens, Coluche, et pi, hé, rigolez pas, Duclos et Marchais, des gonzes que j'avais même oublié qu'ils existaient à une époque, et pi la famille, le turbin, les rapports zhumains en général et en particulier. Moi j'ai les mirettes qui pétillent et le clapoir ouvert comme un poiscaille qui a avalé trop d'air. J'esgourde, je biche.

C'est qu'il sait parler, le dabe ! Pas étonnant qu'il ait la plume alerte. Et avec les frangines, il est encore plus loquace. Que voulez-vous ? C 'est son p'tit talon d'Achille à lui, il aime beaucoup les personnes du sexe opposé. Opposé à quoi, on se le demande...

Moi chuis pas opposée à me laisser gentiment causer fleurette par un zigue qui m'appelle « belles chasses » , et qui a encore un esprit et des manières d'hommes, les vrais, qui refusent que les gonzesses paient les consommations. Pas comme ces homoncules de maintenant, qui se passent des pognes et se sucent la pomme au lieu de se serrer la pince, de toutes façons, je risque pas grand-chose pour mon honneur, avec le loufiat qui nous lorgne le regard en coin, et les chalands qui passent devant le rade.

A cinq plombes de l'après-midi, le boulevard de Ménilmontant c'est pas franchement le désert des Tartares, sans compter mes deux fistons qui chaperonnent de loin en loin, leur maternelle avec le zèle d'un James Bond en service commandé. (rapport au film que j'ai vu au cinoche avant-hier)

Enfin voilà, l'heure passe, il faut trop vite prendre congé, presqu'au milieu d'une phrase, et l'on se quitte comme deux potos, sous la petite pluie qui sert de manteau aux Parigots.

Arrivederci, bello. Et vous, faisez pas les jalminces, si ça se trouve, votre tour viendra...