Devant l’immense succès des tomes un et deux de mes aventures en moto, mon éditrice m’a invitée à en écrire la suite rapidement. Je la soupçonne de craindre que j’arrête d’écrire pour cause de décès accidentel.

Bref, je me suis dit : Pourquoi ne pas me trouver un surnom matante (NDLR Matante au québec, désigne une dame d’un certain âge, qui aimerait Mireille Mathieu, ex…) pour mes récits, étant mes aptitudes, mon âge vénérable et mon intérêt pour les vidéoclips de chats sur Facebook? J’ai pensé à Claudette, mais elle, c’est le côté quétaine de fifille, Georgette me plaisait bien ainsi que Dolorès, mais je me suis dit qu’en fin de compte, Jocelyne était fort bien pour une matante. Assumons. Je vous ai laissé au cours 1 sur 3. Le cours deux s’est passé sans trop d’incidents, en fait je ne me rappelle pas du cours et pour dire la vraie vérité , en arrivant au cours 3 de trois, une semaine plus tard, je ne me souvenais plus de rien. En tout cas, j’en avais la très certaine impression.

Mais si ! je me suis souvenu que j’ai enfin compris comment freiner avec la moto ! Utile, vous n’avez pas idée !

Bon, je vous explique. La moto a deux roues, donc, deux freins. Oui, je sais, une auto a quatre roues et un seul frein, mais pour une moto, pensez en gars. Mettons que deux freins, ça permet des variations intéressantes dans la conduite imprudente, en plus d’avoir plus de bébelles à ajuster. Bon, le frein pour la roue avant est au guidon, comme nos bicyclettes, le frein pour la roue arrière est au pied droit. Idéalement, il faut freiner des deux freins. ( pourquoi ne pas avoir mis un seul contrôle si on doit freiner en même temps?, voir plus haut). Pour ajouter à mon énervement et à ma capacité d’intégrer les éléments de conduite de la conduite de la moto, il y a aussi la clotche ( manette d’embrayage) que l’on actionne à gauche de la même manière que nos freins de bicyclettes.

Vous voyez tout de suite que de passer de freiner des deux freins avec les mains, comme sur une bicyclette, à freiner avec un frein et un pied, ce n’est pas simple pour une matante. Ce qui fait que la première fois que j’ai voulu freiner, je ne savais plus quoi faire, j’ai pesé sur le bouton panique ( qui éteint le moteur automatiquement) et j’ai freiné avec mon pied. Je n’allais pas vite, une chance ! Bon, que je me suis dit, il y a sûrement moyen de ralentir sans arrêter le moteur à tous les coups et je ne vais pas aller demander à monsieur Macho : heu.. rappelle moi donc comment on breake déjà ?

Je me suis donc référée au manuel de moto que j’avais étudié de fonds en comble pour me souvenir que tout était à droite. Donc, après cinq ou six de départs et arrêts, j’avais coordonné les deux manettes et le frein. Ce qui m’inquiète un peu, quand même, c’est qu’à chaque fois que je dois freiner, faut que j’y pense Pied et main, pied et main. Même quand je conduis mon auto, maintenant, j’essaie de penser à serrer le volant quand je freine, question d’intégrer pied et main. Donc, si vous êtes mon passager et que je vous serre le bras à chaque stop, ne vous en faites pas, c’est pour le bien de la cause.

Avant le cours, j’ai eu quelques petites tâches à faire, dont, me trouver de vraies bottes de moto. Oui, je sais, vous voyez régulièrement des motards en espadrilles, mais c’est parce qu’ils sont habiles à freiner. Pas moi. J’aurais usé mes souliers dans les premières quinze minutes, ma technique n’étant pas très au point. Fait qu’à la dernière minute, c’est rien que ce temps là qu’il me restait de libre, je me suis précipitée chez le vendeur de bottes de travail et tout et tout pour achat rapide et bon marché. La vendeuse, gentille comme tout, a découvert le secret d’une longue vie : prendre son temps. Ne pas trop se poser de questions et attendre, pour bouger, d’avoir donné 30 secondes de silence à son interlocuteur au-cas-où il aurait quelque chose d’autre à dire.

Elle, elle n’a pas besoin de freiner.

Elle me recommande une jolie botte pour dame. Trois pouces de haut de talons. C’est vrai que je ne suis pas très grande pour embarquer sur la moto, mais avoir voulu des échasses, je serais allée ailleurs. La pauvre était désolée, il n’avait plus mon point pour les seules bottes de femme avec une bonne semelle. Coup donc, est-ce qu’ils prennent pour acquis qu’on va être sur le siège arrière, donc, on n’aura pas besoin de freiner? Bon, finalement, elle a accepté de me vendre des bottes d’homme, avec des semelles de gars. Non sans avoir attendu trente secondes après que je lui ai dit oki pour bouger, d’un coup que je changerais d’idée. Dans ces cas-là, ne rajouter pas un mot, c’est trente secondes après le dernier mot. Chut. Partez avant elle pour rejoindre la caisse, au-cas-où elle vous suive toute de suite.

Je pars donc équipée de mes plus belles bottes de moto à vie ( mes seules en fait) mon coat, mon casse ( j’ai compris que je devais enfiler mes gants APRÈS avoir attaché mon casque, ça va mieux pour les quick releases, non, mais, ça ne parait pas, mais la moto, c’est plein de ces petits détails…) et des recommandations de mon frérôt, motocyliste chevronné, la première apporter une bouteille d’eau pour quand je me sentirai fatiguée et la deuxième, tout est dans la clutche!!! Apprendre à la laisser glisser, parce qu’elle est conçue pour endurer les glissements et que c’est la clé du contrôle en basse vitesse.

La clutche, la bouteille d’eau et mes bottes, ça devrait aller.

Nous en sommes donc au cours trois de trois. L’entraînement se déroule dans un stationnement et les exercices sont balisés avec des cônes oranges. Le groupe suit le moniteur qui nous explique en quoi consistent nos quatre exercices d’aujourd’hui. J’ai beau avoir pris mon concerta ( médoc pour le déficit d’attention), mais après trois explications, je ne sais plus lequel je dois ne pas varier de vitesse, tout ce dont je me souviens, faut arrêter dans les carrés et faire semblant de regarder notre angle mort ( 3points à l’examen).

Ma copine et moi regardons, sidérées, les cônes éparpillés qui forment en serpentin et on essaie de retenir par où en suivant les directives du moniteur. Et là, le mécréant ajoute : ceux qui seront habiles, faites-le à l’envers et il décrit un autre serpentin. (D’un seul mouvement, on s’est caché les yeux, non, mais, on est assez mélangées de même!)

On commence. On essaie des motos différentes pour s’habituer à conduites. Je suis pairée avec Bertha. Kawasaki 550. Bertha, parce qu’elle est pesante, pis elle a du caractère. Bon, faut démarrer ça. J’ai presque tout fait comme il le fallait, enlever la béquille, tourner la clé à On, mettre le bouton panique à On, ( celui qui nous sert quand on ne se souvient pas quoi faire), pas besoin du tchoque (étrangleur), mettre le pied sur le frein, la moto en première, on tient la clotche, pis…. Un blanc. Sais plus quoi faire pour qu’elle fasse vroum vroum.

Le moniteur passe à côté et pèse sur le bouton démarrer. Bertha a râlé tout de suite, la saloooope. Moi, je me suis contentée d’un sourire niaiseux.

Allons gaiement et en n’étouffant pas trop souvent au premier exercice. Il s’agit d’accélérer en ligne droite jusqu’à ce que le moniteur, droit devant nous, en plein milieu du trottoir qu’il faut emprunter, lève la main pour simuler la lumière rouge qui s’allumera à l’examen afin que nous fassions un arrêt d’urgence. Oki. Important, ne pas ralentir, avoir une accélération constante. Oki.

Je me mets en position, go ! Là, je vais être bonne, et j’étouffe le moteur en partant. P’tite gêne. On remet ça. Bertha et moi, on décolle bien, j’accélère, je pense frein=main droite, pied droit, main droite , pied droit, envoye Bertha on accélère et … L’inconscient de prof tourne la tête pour regarder l’exercice à côté du mien. Je fonce droit sur lui.

Panique. Je fonce droit sur un homme qui regarde ailleurs!!!!

Whoooooo Bertha! !!!! Clotche, décélère. Main droite, pied droit Heille, le prof, prépare toé prêt à jumper hors de ma route! J’ai beau avoir des bonnes bottes, Bertha est dure à arrêter une fois partie!!! Et bin, il se détourne, calme et lève sa tite main..

Il m’a fait la remarque que j’ai anticipé en ralentissant, mauvaise note. Mets-en que j’anticipais!!! Il a beau me dire qu’il me voyait du coin de l’œil, je connais ça les gars qui disent être capables de faire deux choses en même temps. Cré moé y a pas assez de cerveau mâle pour sauter hors de mon chemin tout en reluquant la tite demoiselle de l’autre exercice. M’enfin.

Autre exercice, tourner à 90 ◦. Départ, après une distance longue comme mettons trois mètres il faut tourner serré et pour faire le trajet en 8,4 sec et entre deux lignes. Ok. Bonne nouvelle ! J’ai réussi à le faire dans les temps ! Reste juste à le faire dans les lignes. Là j’ai dit : coup donc, pour cet exercice là, la vitesse doit –tu être constante ?

Le moniteur a secoué la tête.

J’imagine qu’il ne voulait pas dire : non mais, quelle cruche, mais plutôt, non, non, la vitesse peut varier. Laissez-moi mes illusions.

Bref, trois heures de péripéties, de l’Advil en arrivant avec de l’antiphlagestine pour les courbatures, et merci Marco pour le truc de la bouteille d’eau. Elle m’a donné une excuse pour prendre un break et du courage en pensant à toi.

À suivre…..