J’avais menacé Mimik de le faire… Et bien c’est fait !

En faisant les à fonds dans le chenit du cagnard, j’ai retrouvé une épéclée de mots vaudois que je voulais pas mettre au ruclon, alors je vous les livre gratos.

Mais en fait, c’est pas de ça que je veux causer, même si Bottoflens ressemble au bouryon du monde, je veux vous causer de pau-é-sie.

Selon des avis circonstanciés, il semblerait que, selon la police, la fable de La Fontaine « le corbeau et le renard » soit dans les dix poèmes les plus célèbres de la langue française. Selon les manifestants, elle serait détrônée par l’Internationale et Bella Ciao*, qui passent aussi largement avant les vers bellicistes de Rouget de l’Isle.

Cette célébrité fait un de ces chnabre dans les chaumines, elle est presque aussi importante que celle de la meuglante à Clo-clo (Comme d’habitude), mais reste, néanmoins très nettement moins bon pour la crousille des héritiers du buveur d’eau.

Fort de ces constats, je me dis que tant qu’à aller foutimasser dans ce fourbi, autant aller voir ce qu’ils ont déjà bracaillé.

Pour l’Internationale, j’ai rien dégoté, sauf une citation de « l’Internationale néo-libérale » de Marianne, mais le bout que j’ai zieuté, c’était de la nioniotte.

Pour la Marseillaise, la seule que je puisse reluquer c’est celle de Ferré. Ecoute voir que c’est pas de la bedoume cette modà-là. :



Toutes tentatives dérobatoires devenant vaines, je me suis donc rué sur le rimaillage de Jean-Jean et j’y ai trouvé quelques perles.

Vous me connaissez…. si un tiolu a boratté pour moi, je ne vais pas bringuer pour lui laisser la place. D’autant plus que ces bofiauds n’ont même pas signé leur batoillage…



La version sociale …

Le cornard et le rebeau

Le corbeau sur un arbre perché
Ne foutait rien de la journée.
Le lapin voyant le corbeau,
L'interpella et lui dit aussitôt :
- Moi aussi, comme toi, puis je m'asseoir
Et ne rien foutre du matin jusqu'au soir ?
Le corbeau lui répondit de sa branche :
- Bien sûr, ami à la queue blanche,
Dans l'herbe verte tu peux te coucher
Et ainsi de la vie profiter.
Blanc lapin s'assit alors par terre,
Et sous l'arbre resta à ne rien faire,
Tant et si bien qu'un renard affamé,
Voyant ainsi le lapin somnoler,
S'approcha du rongeur en silence,
Et d'une bouchée en fit sa pitance

Moralité :

Pour rester assis à ne rien branler
Il vaut mieux être très haut placé.



En mode argotique…

Cave et le Vachard (Jeannot de Château-Lapompe)

Un Cave, bien planqué, kif un mac,
Bouffait en lousdé un calendos
Le gonze Vachard, sentant schlinguer l'matos,
Essaye de l'avoir à l'arnaque
"Hé ! ça boume Boss Lavedu,
T'es vraiment maous ! Et t'en jettes un jus !
Sans charrier, si ta goualante
Est aussi bath que tes fringues
Roule les mécaniques, t'es l'caïd du bastringue."
Esgourdant, fleur de nave se sent pus pisser ;
Et pour pousser sa goualante
Il desserre ses ratiches, laisse tomber l'calendo.
Le Vachard s'le morgane, et bonnit : "Mon poteau,
J' t'affranchis "si t'encaisse des salades
Tu te retrouves en deux coups les gros en calcif
Avec ton fromgi bouffé par le faisan
Qui t'l'a fait au boniment "
Le branque, allant au cri sur le ruban,
Renaude, fumasse, qu'on l'baiserait plus, bécif.



J’ai déjà espliqué que les vaudois ont l’âme pauétique. Mais si tu as été bercé trop près du mur ou que tu as besoin de te secouer la comprenette, regarde voir mes poètes de légendes.

Un Vaudois à la plume fleurie (comme seul sait le faire le Pays de Vaud, et de bien belle façon) n’a pas tant ouatassé que ça et entre une envolée lyrique sur les Diablerets et un pastiche sarcastique sur ces Pique-Meurons de Genevois, il a pondu une version vaudoise de c’t’histoire.


L'ami corbeau et l'ami renard

C't ami Corbeau, sur un arbre ganguillé
Tenait à plein bec une tomme.
C't ami Renard, le tarin chatouillé
Lui tint ce discours à la gomme :
Hé! salut c't ami Corbeau,
T'es rude joli, t'es même fin beau !
Crénom de sort, si ta batoille
Vaut ce plumage qui pendoille,
T'es le tofin des forêts du Jorat.
A ces mots, le Corbeau qui trouve ça estra
Ouvre tout grand son four
Et lâche ses dix-heures.
Le renard chipe la tomme et dit :
Pauvre niolu, méfie-toi toujours des lulus
Qu'ont la langue bien pendue.
Cette leçon vaut bien une fondue !
Le Corbeau dépité, conclut :
Ch'us tondu, j'ai perdu, plus jamais je s'rai eu !



Si y en a des qui n'ont rien compris, j'offre un service de traduction par commentaires différés...

Blutch.



Wouais, ben pour Bella Ciao, c’est pas parce que c’est en italien que ça compte pas et que même si les Ritals sont tous passés par Marseille et qu’il leur en est resté un petit rien dans le sens de la dismisura, ça vaut quand même.

Comme que comme y a rien à faire la potte, c’est bien mon droit de caresser mio Cugino dans le sens du poil…. Et puis, tout le bien que ça me fait d’écouter Bella Ciao ne nuit à personne…

Surtout que je suis partageur… Et que la youtzeuse n'est pas une feignole.


Comme promis, vous aurez la traduction après le prochain passage du doyen.