C’est reparti pour un tour : hélas pour la Société Générale, le procès Kerviel n’est pas clos.

Rappel des faits : Jérôme Kerviel, trader à la Société Générale est accusé d’avoir fait perdre 5 milliards d’Euros à sa banque. Pourtant, au 31 décembre 2007, le bilan Kerviel était de + 1,5 milliard au profit de la SG. Il faisait gagner tellement de fric à sa banque que sa hiérarchie laissait faire, malgré 44 alertes données par la bourse le concernant. Tant qu’il gagnait, ça ne posait aucun problème éthique ou moral à ses chefs. La banque ne savait pas... Faudrait tout de même voir pour arrêter de déconner. 44 fois en 2007 la bourse averti la SG que Kerviel prend des risques insensés et en janvier 2008 elle ne sait pas!

Décidément, les cons ça ose tout. Il est impossible qu’elle ait pu ne pas être au courant de la totalité des activités de Kerviel.

Mais un mauvais jour de 2008, la machine à faire du fric s’enraye et les positions prises par Kerviel se cassent la gueule.

Version Bouton, PDG de la SG : Jérôme Kerviel a, seul et à l’insu de la banque. Il a engagé 50 milliards d’euros dans des positions dangereuses, mettant en péril la Société Générale. En découvrant le désastre, elle a dû se défaire rapidement et discrètement de ces engagements, perdant dans cette opération 5 milliards d’Euros.

Lors de l’instruction, les enquêteurs se sont faits assister... par la banque pour trouver des témoignages. La SG a produit un enregistrement de Kerviel, fait à son insu, qui a été caviardé pour correspondre à la version Bouton de l’affaire. Manque entre autre dans cet enregistrement une phrase dite par Kerviel à son chef direct: "Arrête de déconner, tu savais tout de mes opérations." Bon, on peut comprendre que la banque n'ait pas eu envie de confier cette invective à la police, peut être parce que "déconner" ne correspond pas à un vocabulaire bancaire, vas savoir...

Dans les faits : J’ai toujours douté que la direction de la banque puisse ignorer quoi que ce soit des agissements de Kerviel. L’enquête relancée par la plainte de Kerviel contre la SG pour faux et usage de faux tend déjà à le démontrer. Sept ans après, des langues se délient et la commandante de police Nathalie Le Roy qui avait été chargée de l’enquête financière initiale fait un mea culpa complet en admettant s’être trompée et avoir été trompée en se basant sur les seuls témoins fournis par Bouton. C’est assez rare et courageux pour le saluer avec respect.

Chose étrange : les 5 milliards de pertes de la SG n’ont été expertisés par personne. Kerviel a été condamné dans un premier temps à rembourser cette somme sans que quiconque vérifie le bien fondé des prétentions de la SG. Vous avez dit bizarre mon cousin…

Cette perte gigantesque avait été compensée en partie par une réduction d'environ 2 milliards d’impôts, octroyés par Christine Lagarde. Merci qui ?

Problème : Kerviel admet 100 millions de pertes. Qui croire ? Toujours est-il que la version Bouton d’avoir du vendre en une semaine les 50 milliards de prise de risques de Kerviel ne tient pas la route.

Explications : Une grosse journée pour la bourse, c’est 5 milliards de transactions. Liquider ces 50 milliards sur une semaine (six jours) aurait fait passer, six jours de suite, le volume de transactions quotidien à 13 milliards. Or le gendarme de la bourse diligente une enquête dès qu’un investisseur bouscule le train-train boursier et pour un pareil séisme il n’en aurait rien été. C'est vrai ce qu'il disait Adolf que les mensonges les plus gros sont les plus faciles à croire.

Conclusion : si ces 50 milliards ont existé, ils n’ont pas été liquidés à travers le circuit boursier, mais entre initiés. Ce qui pourrait expliquer l’omerta et certaines prises de positions des politocards aux manettes du pouvoir à l’époque. Un rabais de 10% entre amis, ça semble correct, non ?

Autre explication possible : 2008, rappelez-vous, c’est la crise des Subprimes. Ces merdes américaines qui ont été vendues à prix d’or aux couillons de banquiers européens. Kerviel était peut-être une bonne excuse pour Bouton de devoir étaler 5 milliards de pertes supplémentaires dans ces achats à la con (il en avait admis 2).

L’incohérence de l’affaire, la partialité de la Justice qui n’a pas aussi instruit à décharge, ni enquêté sur la situation de la banque, l’aveuglement de toute la chaîne judiciaire à ne jamais mettre en doute les assertions de Bouton pourraient faire penser à des esprits mal tournés qu’il puisse y avoir eu des participations au culte (ou au cul Te ) pour les œuvres de charités de certains politichiens.

Mais sur la foi des serments sur l’honneur que les enveloppes en papier kraft sont une légende, vous pensez bien que je n’en crois rien du tout. D’abord, a-t-on déjà vu un politicien avoir un compte en banque non déclaré ?

Même Balkany que, les yeux dans les yeux, il jure que c’est à l’insu de son bon droit qu’on lui a fourgué 5 millions de commissions pour une transaction minière en Afrique, une villa à Saint-Martin et une autre à Marrakech. C’est bien la preuve, non ?

Quoi qu’il en soit, Bouton and Co ont voulu faire payer un lampiste pour couvrir leurs salop... heu conneries, mais ils ne sont pas tombés sur le bon. A-t-on idée aussi d’aller emmerder pareillement un Breton ?

Le procès Kerviel aurait pu être légitime si tout le système des traders avait été sur le banc des accusés... Il n'en a hélas pas été question, pourtant, lorsque des trader font doubler le prix des denrées de base, ils condamnent à la famine et à la mort ceux qui, dans le Tiers-Monde consacre 60 à 80% de leurs revenus pour la bouffe. En agissant ainsi, ils sont de fait des assassins.

J’espère, maintenant que Kerviel a compris qu’il faisait un boulot de merde, que la SG soit condamnée à lui verser des dommages et intérêts et qu'elle récupère dans la foulée les 32 millions d'euros qu'elle a thésaurisé pour financer la retraite imméritée de Bouton.

Blutch