Le Saoul-Fifre et moi-même avons dans la caboche
Un machin à deux roues tout rouillé, un vélo,
Autant dire un biclou, et on a la pétoche
De ne pouvoir passer pour de grands intellos

Car pour faire connaître et admirer son blog
Il faut y étaler sa bonne érudition
En racontant sa vie de brillant urologue,
D'avocat ou de geek plein de belle ambition.

Las, je suis fort marri, mon compère est bouseux
Et j'ai beau avancer mon cher parisianisme,
Je le sens malgré tout : notre blog est vaseux,
Son audience est minable et souffre de nanisme.

Pour attirer les foules, il faudrait, je suppute,
Agiter ses neurones et jouer les instruits
Avec d'autres billets que la guerre des putes,
La danse des connards ou bien Julie la truie.

C'est vrai, sur la finesse, nous avons lésiné.
Nous fûmes bien grossiers, nous battons notre coulpe,
Et pour le coup, merdoum, je suis enquiquiné :
Pas de rime à la "coulpe" si ce n'est le mot "poulpe".

De tous les beaux penseurs, nous sentons le mépris.
Des ligues de vertu, nous craignons la colère.
Mais alors qu'il faudrait exhiber son esprit,
Nous courrons sur le net avec les fesses à l'air.

Nous avons tout tenté pour ranimer la muse,
Le pinard, la fumette et même l'ecstasy,
Mais toutes ces substances, lorsque l'on en abuse,
Vous font voir gros Nounours déguisé en nazi.

C'est pourquoi, fidèles à notre trivialité,
Refusant de toucher à notre paradigme,
Nous pondons nos billets de piètre qualité
Sous le sceau d'infamie : le label Blogborygmes.

Mais je veux ici-même en un sursaut ultime
Relever le niveau par mes alexandrins.
Je sais, c'est nul, ça craint, ça vaut pas un centime,
Mais tant pis, je persiste et signe Tant-Bourrin.