Cher Tant-bourrin, l'Hamitié avec un grand H me commande de t'avouer quelque chose. Dans le monde certes virtuel d'Outlook Express, d'Eudora Light, de Mail, tu m'as suscité tant d'éclats de rire, tu m'as apporté tant de bonheur, que je te dois la vérité. J'ai déjà eu un blog. Oui, j'aurais pu t'en parler avant, mais à chaque fois que je comptais le faire, l'incertitude quand à ta réaction, la crainte qu'elle soit violente (car, OUI, tu PEUX être violent, Tant-bourrin...), m'a fait reculer. Mais là, je ne peux plus vivre avec ce mensonge, ou cet oubli, ou cette faiblesse, appelle ça comme tu voudras, entre nous. Bien sûr, c'est vieux, c'était avant que nous fassions connaissance, et je te jure sur la tête de ... ma belle-mère, tiens, que depuis que nous correspondons, jamais il n'a occulté mes pensées pour toi, ni distrait l'intérêt sincère que je te porte. Il avait presque disparu de ma mémoire. Notre blog compte énormément pour moi, j'aimerais tellement que tu me croies...

C'est hier, que, parcourant les étagères de ma bibliothèque (des yeux, bien sûr >8-() à la recherche d'une idée de billet, mon regard s'est posé sur lui. Je ne te l'ai peut-être pas précisé, mais il s'agit d'un blog d'avant mon 1er ordinateur. Ne perds donc pas ton temps, avec tes techniques de fouille-(merde)net, à le chercher sur Google. Un blog à usage local, quoi. Et je refuse que tu parles à son sujet de "journal intime" ! Tous les gens qui venaient sur le site où j'habite étaient invités à le consulter et à m'en donner leurs commentaires, de façon libre. Bon, ne m'interromps plus à tout bout de champ, c'est déjà assez compliqué comme ça. Voilà, me suis-je dis à moi-même en mon fort intérieur : "Peut-être la publication du 1er blog de Saoul-fifre (pièce rare, littéralement inédite) intéressera certains de nos lecteurs ? On peut rêver. Hin les ami con peu révé ?" (merde, je parle comme Roger, le délirium est plus précox que prévu !)

Alors je me lance. J'ai un peu trié, je vous ai fait une sélection. Mon fils aîné avait 2 ans.

Depuis 2 jours, je prépare le terrain pour la plantation des amandiers. Attention ! Tu touches au vivant ! Inquiétude, responsabilité. L'homme est un petit futé : avant de toucher à l'arbre, il attend qu'il s'endorme, (l'hiver est un peu la nuit de l'arbre) puis il le tire du lit, lui évite si possible la lumière, le froid, le vent, et vite le recouche dans sa nouvelle maison. L'arbre s'est-il réveillé ? Personne ne le sait mais quelquefois son réveil au printemps est nauséeux, difficile ... une vraie gueule de bois ! Ou bien il s'éteint doucement avec des cauchemars douloureux. Mais l'homme ne regrette jamais d'avoir risqué une vie dans une transplantation hasardeuse. Il bisque d'avoir un arbre en moins.

Encore une journée de bûcheron, mais commencée plus tard, attendu que c'est le jour du Seigneur. Ça y est, j'ai réussi à régler la 020. Elle a fait sa journée sans broncher. Profitant qu'elle était de bonne humeur, j'ai donc fait avec elle tout le haut des arbres, les petites branches, réservant les gros troncs pour la grosse machine. Le plus gros des ormeaux avait de belles feuilles vertes de partout. En hiver... un arbre mort, ç'aurait été plus que bizarre si ce putain de lierre ne l'avait entièrement colonisé. Et ça s'accroche, un lierre. J'ai bien mis 1/2 h, 3/4 d'h pour le nettoyer. Et ça part dans un sens, et ça s'enroule de l'autre... Quand on tire, ça vient par tout petits bouts, et quand on veut s'en débarasser, ça ne brûle pas ! Comme je crains toujours d'être injuste, j'ai été vérifier dans le guide de l'anti-consommateur si ça servait à quelque chose. Et bien j'ai bien fait. Si on évite de manger ses baies toxiques, le lierre s'utilise dans le cas de règles douloureuses (je note, mais enfin, stricto perso...) ou d'aigreurs d'estomac (ha ?). Comme il contient de la saponine, on s'en sert aussi comme lessive ou comme shampoing. Dans des bains contre la cellulite, aussi (une marque utilise le lierre dans sa publicité). Ça y est, le débitage est fini. Les grands ormeaux ont perdu toute fierté. Un croche-pied les a fait tomber par terre et quelques milliers de coupes auront changé leurs membres biscornus qui colonisaient anarchiquement le ciel, en un tas régulier, tiré au cordeau. Mais les hommes ne sont pas mieux lotis. Leurs tombeaux aussi sont bien alignés.

Le fiston est décidément très bavard. Mais maintenant il s'applique plus : fauteuch, boutach, deviennent fauteuil, bouteille. Il a abandonné filla, remorqua et autres billa. Il reste fidèle à l'adorable Puchuchlan (l'hippopotame). Il tient à nous faire connaître la richesse de son vocabulaire en employant indifféremment voiture ou auto, bouffer ou manger (ce dernier étant prononcé "manié"). En zoologie, il dépasse certainement des petits citadins de 10 ans son aîné : le ch'val et son poulain, la poule, le coq, l'oie, le cochon, le mouton, l'agneau, la vache, le veau, le chien, le chat, la pie, la chouette, la mouette, le ver, le crapaud, la mouche, (les autres insectes étant : la bête !). L'autre jour, pour parler de tout ça, il a dit "les 'nimaux". J'oubliais le sanglier, le "gai yéyé" !!!