Ho que voilà une belle transition ! Mon dieu qu'elle tombe à pic (pique ?) avec plein de finesse : au début des années 80, on avait encore la queue coincée sous les flamboyantes seventies mais on ne savait pas que nous galopions déjà vers le consensus mou propice aux affaires. Nous tombèrent dessus une bonne et une mauvaise nouvelle, comme on dit chez rigoler.com Traditionnellement, on commence par la bonne :

  • Le président Francesoir Militairand autorisait les radios libres

Et la mauvaise :

  • Un banc de requins de la variété franchouillarde tentait de, et réussissait à introduire un tube dans le cul des français. Que ce soit bien clair : je n'ai aucune position élito/snobo/intello contre la chanson simple et populaire. Margotte et moi sommes allés récemment à un concert de Michel Delpech et je ne crache pas dans la bouillie : "Un flirt avec Marianne dans l'île de Whight" est vraiment une Oeuvre impérimable ! "Billy le bordelais", "La chenille qui redémarre" "Oune, dos, tres", passez-les moi en boucle, OK mais là, j'ai craqué. Dans "La danse des canards", la musique en vaut une autre mais sous prétexte que "la mélodie, c'est le succès", l'équipe de paro-niais, de pas-reliés (car ils s'y sont mis à trois !) a vraiment frappé bas, très très bas. On peut même parler de non-paroles. Nous étions récemment dans un vrai bal popu aveyronnais et, entre deux bourrées, l'orchestre a joué le morceau. Le chanteur, qui connaissait impeccablement les paroles des autres chansons, avait tellement honte, que, sur les "canards", il a fait Lalalala la les 3/4 du temps.

Parenthèse culturelle : dans les années 40/50, une chanson à succès un peu niaise s'appelait un "saucisson". La forme et la fermeté y étaient déjà mais c'est Boris Vian, directeur artistique chez Philips entre autres q;^) qui fit remarquer que "tube" conviendrait mieux, puisque CREUX .

Le résultat de la bonne nouvelle fut que pendant deux ans, tous les vendredis soirs, avec mon ami le célèbre ténor Jean-Luc V., nous avons déliré dans une émission nocturne. Et comme il fallait meubler, et que Jean-Luc taquinait la guitare avec beaucoup de talent, j'ai déversé ma bile sur la mauvaise nouvelle en écrivant un pastiche en dix minutes sur un mauvais coin de table. C'est pas du Verlaine, d'accord, mais faut dire que j'avais pas d'absinthe sous la main.

C'est la danse des connards
Qui remuent d'autres connards
En chantant des conneries
Qui puent l'képi

Ils ont pris une fanfare
Et des paroliers ringards
Car il n'y a que quand c'est con
Que ça ramène des ronds

Pour bronzer aux Baléares
Et manger du bon caviar,
Il faut bien faire la putain
Sinon on a rien :

Les clients, ils aiment le cul
Et pour pas qu'ils soient déçus
On parle du popotin
Et ça marche bien...

Passe-nous tes pépètes
Donne-nous tes gros sous
Plus la chanson est bête
Plus tu la répètes
Et plus c'est chouette pour nous !

C'est la danse des connards
Des truands du show-bizznard
Des vedettes attrape-nigauds
Des impresarios...

C'est la machine à milliards
La gaieté obligatoire :
On se marre entre copains
En faisant COIN-COIN !

Ce n'est pas un cauchemar
Ça se danse tous les soirs :
Les bourgeois, les intellos
Comme les prolos...

On en mangera pas ce soir
On ne veut plus de canard
Pitié pour nos intestins
Changez de refrain !!