Bien sûr, je le savais malade et fatigué depuis des années, bien sûr nul n'est éternel, mais il y a des gens que l'on voudrait immortel. Ou au pire les cloner, même quand on est contre le clonage. Jean-Marie Pelt en était, et je ne peux mieux parler de lui qu'avec ce texte écrit en 2007, et simplement mis à l'imparfait, puisque rien n'est parfait ces jours-ci.

« J’ai rencontré Jean- Marie PELT pour la première fois en 1974, à l’Institut Européen d’Ecologie qu’il avait fondé en 1972 à Metz dans l’enceinte d’un cloître franciscain. De là venait sans doute mon habitude de le surnommer révérend PELT. C’était amical.

Ce fervent écologiste avait popularisé auprès d’un large public, la notion de biodiversité (lisez « Les langages secrets de la nature », c’est un plaisir !). Il avait alerté sur les pesticides, les OGM , le réchauffement de la planète, les maladies dues à l’environnement … Il savait que l’écologie est aussi urbaine : adjoint au maire à Metz, pendant 30 ans, il avait empêché des aberrations architecturales, car, disait-il :

« La différence entre les architectes et les médecins, c’est que les seconds enterrent leurs erreurs, tandis que nous subissons pendant des années celles des premiers. »

C'était un merveilleux conteur, capable de passionner l'auditoire grâce à une érudition qui ne se prenait jamais au sérieux, et un humour incroyable, jamais méchant. Il avait aussi consacré beaucoup de ses droits d'auteur à aider des jeunes à grandir, sans en faire étalage.

Sa foi chrétienne (et son âge peut-être) ne le prédisposaient guère au sexe. Pendant des années, alors que nous nous entendions à merveille sur l’écologie, il considérait avec réserve mes écritures érotiques, me traitant de « petite coquine », ce qui reste somme toute affectueux. Jusqu’au jour où, au Festival Sciences-Frontières 2005, il me confia: « Je n’avais pas bien compris ce que vous écriviez. Je l’ai relu et j’ai découvert que ce qui vous anime, c’est avant tout une énergie d’amour ».

J’ai été drôlement émue… et touchée par le fait que cet homme avait pris la peine d'essayer de comprendre au lieu de condamner, comme l'aurait voulu son éducation.

Je ne m'en fais pas pour lui. S'il y a autre chose « après », il y sera bien accueilli. S'il n'y a rien, ce qu'il nous laisse le rend éternel. »