"MERCI PATRON" TONIQUE, DRÔLE ET EFFICACE!

800 spectateurs, 200 au moins qui attendent dehors! De quoi faire rêver tous les réalisateurs heureux lorsqu'ils annoncent que leur projection a attiré 100 personnes... Salle bondée, avec beaucoup de jeunes venus voir "Merci Patron", réalisé par François Ruffin, journaliste et fondateur du journal FAKIR, "fâché avec tout le monde ou presque". Vu la foule, il a aussi beaucoup d'amis, beaucoup de "petites mains Fakiriennes" qui ont permis, tout comme les contributeurs, à faire naître ce film.



L'histoire est simple: Bernard Arnault, homme le plus riche de France, PDG de LVMH, a licencié des centaines de salariés, dont le couple Klur, qui bossait dans une usine de costumes Kenzo (Kenzo appartient à LVMH). Rien que de très banal, on ne construit pas une fortune colossale sans casse sociale. Mais voilà: les Klur n'ont plus que 3 euros par jour pour vivre, et devant l'accumulation de leurs dettes, l'huissier va saisir et vendre leur maison, le seul bien qu'ils ont réussi à s'offrir en trente ans de travail.

C'est alors qu'intervient François Ruffin à qui Marie-Hélène, déléguée CGT et ex-LVMH a présenté les Klur. Sous le prétexte drôlatique de "réconcilier la France d'en haut et celle d'en bas", Ruffin se fait fort d’obtenir de Bernard Arnault qu'il sauve ce couple dans la misère.

Je ne vous raconte pas la suite pour ne pas déflorer le suspense. Car du suspense, de la rigolade et de l'admiration devant l'opération montée et réussie par Ruffin et les Klur, il y en a. On ne s'ennuie pas une seconde, on rit aux larmes, on s'indigne aussi, mais au final ce western social qu'est "Merci Patron" distille des enseignements propres à réveiller quelques milliers de désabusés qui marmonnent aujourd'hui "C'est fichu, ça ne sert à rien de manifester, lutter, se révolter."

Premier enseignement: on ne gagne pas en se terrant sur son terrain, on gagne en allant sur le terrain de l'adversaire et en utilisant ses faiblesses, car il en a toujours. Deuxième enseignement: il y faut la ténacité d'un pittbull qui refuse de rendre l'os qu'il a réussi à mordre. Troisième enseignement: l'humour est une arme de destruction massive lorsqu'on apprend à l'utiliser.



Certains détails du film font mouche: madame Klur, le teint abîmé par la misère et l'élocution hésitante de ceux qui sont asservis, se transforme physiquement et mentalement au fur et à mesure qu'elle prend confiance en elle et que la force change de camp. Autre détail: Ruffin, expulsé sans ménagements de l'AG des actionnaires de LVMH n'est alors que le trublion d'un petit journal militant. Lorsque le vent change, le négociateur de LVMH évoque avec un mélange de fureur et de respect "le groupe FAKIR"!

"Merci Patron" est encore ce soir en avant-première à Paris, il a été déjà présenté un peu partout en France en présence de Ruffin et d'interlocuteurs gonflés à bloc, comme Mickael Wamen condamné à de la prison ferme pour son action syndicale contre les licenciements chez Goodyear ou Frédéric Lordon l'un des seuls (avec le regretté Bernard Maris) à apporter un discours d'économiste différent de la pensée unique. Après ces avant-première, sortie en salle à partir du 24 février. Allez-y, emmenez-y vos enfants, vos amis, non seulement vous passerez une bonne soirée mais vous leur donnerez de l'espoir et de la gniaque. (toutes les dates de projection sur http://www.fakirpresse.info/ )

A la sortie, on se demandait ce qui fait courir François Ruffin: l'envie de faire de la politique ou l'envie d'être un grand cinéaste? La réponse est donnée par son fils qui lui dit en montrant son livre illustré: "Robin des bois, il enlève l'argent des riches pour le donner aux pauvres". Ce qui fait courir François Ruffin, c'est l'envie d'être Robin des Bois et d'entraîner dans cette aventure un maximum de personnes. Enfin, je crois...

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19560135&cfilm=243117.html