Y a t-il une vie après le blog ?

Je sais pas.

Oui, sans doute ?...

Hier, à la même heure, nous descendions de notre mini-bus qui venait, comme à son habitude, de faire Limoges/la Provence d'une seule traite. Margotte, les gosses, la belle-doche, les 2 klebs sont prévenus : on ne s'arrête pas pour pisser, il faut prendre ses précautions avant et se forger des sphincters d'acier. Je ricane tout haut avec un air niais, en écoutant Radio-Trafic et ses conseils à la con. S'arrêter toutes les 2 heures ? Ça me ferait deuil : mon cycle de sommeil est de une heure et demi, je risque pas, et de toutes façons, mes tentations dormitives, je les nie, les lisse, les annihile, les méprise. Et les oreilles complaisantes à ce genre de message passe-partout se ramollissent dans un hypothétique et faux sentiment du devoir accompli, baissent la garde de leur attention, les paupières itou par un effet morbide d'association d'idées, et l'accident survient.

Alors, hein, bravo les messages subliminaux engendrant l'obéissance, la passivité, l'absence de sens critique et par voie de conséquence, la diminution de la vigilance au volant ? Prévention routière mon cul ! Et on se retrouve avec des conducteurs comme Byalpel , qui perdent les points de leur permis de conduire plus vite qu'ils ne les récupèrent à coups de stages hors de prix et de cures accélérées de désintoxication à la vitesse. À sa décharge, et tout à son honneur, il a sagement et complètement abandonné l'idée de reposer un jour les mains sur un volant ou sur un guidon relié à un cylindre de plus de 50 cm3 de volume intérieur. Lui et S.A. femme sont d'ailleurs devenus des militants pro-transports en commun. Ils sont venus nous rendre visite en train, trouvent que Delanoê n'est pas assez ambitieux dans son programme de couloirs de bus, et estiment que Ségolène n'a pas une position très claire sur le sujet : affirmer qu'elle mettra en service autant de rames de métro qu'en demanderont les français ne rajoute pas vraiment de consistance au débat.

Non, foin des principes rigides et niqueurs de moyenne. Retournons aux fondamentaux : ne nous élançons pas sur les bretelles d'accès sans avoir bien distendu les nôtres. De bonnes réserves permettent de tenir vaillamment la distance. Un roboratif repas corrézien chez nos amis qui viennent de tuer le cochon, un plateau de frometons dignes de ce nom, un "Romain", gâteau au chocolat de par là-bas, délicieux, mais tout sauf léger, 2, 3 verres de "Mille pierres", vin méritant réduit à la clandestinité et à la consommation in terroiro par le nombre de cols produits, et hop : en voiture, Arthur !

À l'époque où je trottinais derrière Margotte en salivant tout ce que je savais et en lui reniflant les fesses, elle avait une Coccinelle de babe, orange, bleu clair et jaune. À la place du mort, un jeune fou, mézigue, trouvait le courage de lui chanter Dans ma toute petite auto , malgré les virages des chemins vicinaux corréziens pris à la corde à toute berzingue. Si ça n'est pas de l'Amour ? Après une grosse pelote de relationnel merdique plein de nœuds, et de longues hésitations de sa part, nous nous accouplâmes, copulâmes, mîmes en couple, elle se saisit de la barre et je pris le volant. Je me rappelle précisément la dernière fois où, à jeun et en pleine lucidité, mais épuisé, je lui laissai conduire les derniers 200 kilomètres : nous avions fait Calais/Marseille en 12 heures, de nuit, avec une méchante camionnette...

J'aime conduire. Non. Plus exactement : je préfère conduire. Sachant que cette hache peut me couper la tête, je préfère la tenir fermement et faire en sorte que personne ne s'en saisisse. Notre fils aîné voulait passer son permis selon le système de la conduite accompagnée. J'étais d'accord, et prêt à faire des concessions sur tout, sauf sur le fait qu'il touche à mon volant. Et je crois avoir bien agi : il l'a brillamment obtenu au 3ième coup, en prenant banalement des leçons avec un professionnel formé pour ça, alors que s'il s'était entêté à vouloir conduire à côté de moi, nous en serions encore à nous disputer le siège conducteur.