Comme tous les matins et plus encore, Mioule se lève au radar. Elle se fait doubler sur la droite par Mioulefritx qui jette la première ses tartines dans le grille-pain. Qu’importe. Philosophe, Mioule mélange bruyamment du miel dans un pot de yaourt nature.

Tout en ingurgitant son petit déjeuner, elle étudie la boîte de céréales d’un regard bovin. Elle n’a rien d’autre à lire depuis que Foutrix a planqué le Courrier International quelque part aux toilettes.

En cinq minutes elle se lave, s'habille, se bariole les yeux avant de se propulser ébouriffée sur le trottoir.

Hi a posé une journée de grève tandis que Séraphin potasse « le Kamasoutra expliqué aux intelligences artificelles ». Devant ces défections, Mioule se rend à pied et à son travail. 7 kilomètres ce n’est pas la mer à boire. Il pleut à peine.

Elle arrive au bureau, y lance sa gibecière et sort le dossier brûlant « La retraite pour les maquilleurs aborigènes ». L’alerte incendie se déclenche dans les 30 secondes qui suivent. Mioule rejoint ses collègues dans les escaliers puis descend 24 étages à pied. Son sourire se crispe légèrement. Tout cela devient pesant.

Elle reprend son poste, trempée jusqu’aux os. Le téléphone sonne.

Mioule : Allo ?

Séraphin : Mioule, je voulais te conseiller de remettre à l’ordre du jour la position du lama agressé. Parfaite pour pimenter ta relation avec Foutrix.

Mioule : Mais comment te débrouilles-tu pour téléphoner ?

Séraphin : J’ai trouvé la corde sensible de Mioulefritx. Elle en pince tellement pour moi qu’elle obéit au moindre de mes désirs. C’est elle qui tient l’écouteur.

Mioule : Tu m’as fait peur. Je te signale au passage que Foutrix n’a pas besoin d’être pimenté, il possède déjà un don inné pour l’amour. Tu veux ma mort ?

Séraphin : ça se discute…biiiiiiip

Mioule a raccroché. Il n’y a plus qu’une alternative à sa déprime naissante : se jeter à corps perdu dans le travail. Elle se déshabille, remet sa paire de rollers et saute sur l’écran de son ordinateur.


- Je possède un zoo.
- Combien d’animaux vivent dans ton zoo ?
- Deux.
- C’est assez peu.
- Deux tyrex.
- Tu sais que ça mange beaucoup un tyrex ?
- J’ai prévu d’aller chasser.


« Celui qui ne progresse pas chaque jour, recule chaque jour ». Merci Confucius. Mais que répondre à V pour son nouveau devoir de philo : la science est-elle désirable en elle-même ?