Ben et Rod se côtoient depuis bien des années, fratrie oblige. Leurs huit années d'écart ont évité les rivalités et bagarres habituelles chez les mâles de sexe masculin vivant en vase clos.

Il n'empêche que, désormais parvenu chacun à l'age adulte, et même s'ils habitent à deux extrémités de la France, ils prennent un immense plaisir à s'échanger des amabilités suspectes, voire des cadeaux douteux.

Rod est l'ainé, il a donc eu plus de temps pour développer un esprit tordu et une imagination féconde en la matière.

Extrait choisi : Ben dans un moment de faiblesse a promis à sa douce que dans les trois années suivant la naissance de leur premier enfant, oui, il ferait l'effort d'arrêter de fumer. Son aîné donc, soucieux de lui apporter un total soutien dans cette terrible épreuve, et je sais de quoi je parle, lui a adressé par colissimo un petit livre fort utile :



Ben a été fort et n'a pas réagi de suite à ce geste fraternel, je le suspecte d'avoir déjà mis au point ses propres techniques. Déçu de cette passivité, Rod a décidé de parfaire l'agression par l'envoi de quelques photos tirées de son jardin. Faut dire que le jardin de Rod est situé en Provence, qu'il a fait assez doux, et que quelques pluies ont bien boosté la végétation locale. Celui de Ben étant situé en Normandie, joyeuse contrée glacée noyée sous la pluie depuis quelques mois, la vision d'une végétation luxuriante ne pouvait qu'avoir l'effet escompté.

Ben a craqué, mais précisons d'abord que contrairement à Rod qui est totalement nul en la matière, Ben est un champignonniste professionnel, s'il y a un bolet dans la forêt, il est pour lui. Ben a donc répondu au mail photographique :

- Tu peux faire ton malin, mais moi je préfère largement mes morilles qui sont beaucoup plus comestibles que tes iris et tes abricots pas mûrs. J'ai pas encore dit mon dernier mot et suis déjà au moins arrivé à cinquante. Je peux t'envoyer des preuves mais je voulais te préparer avant. Et toc !

Que pouvait faire Rod devant cet affront je vous le demande ?

Ça :

- D'après une étude récente, la morille aurait un tel attrait pour les canidés que, lors d'une analyse approfondie, un laboratoire, connu pour le pointu de ses analyses, a trouvé des traces d'urines provenant de pas moins de dix-sept chiens différents, pour les renards ils sont moins formels, mais huit minimum, un seul putois par contre. Pas mal non ?

Bonne omelette ;)

Je vous laisse, j'ai un abri anti-aérien à creuser.