Je fais un métier formidable. Je vis dehors à l'abri d'un auvent, après des années d'enfermement culinaire, je me découvre presque sociable, je vois des gens, des sympas, des têtes de con, des jeunes, des vieux, des jeunes déjà vieux et des vieux bien marrants. Le vieux est bon client, son plus grand tort est de mourir plus souvent que le jeune, ça attriste, et c'est mauvais pour le chiffre d'affaires.

Au printemps, les premiers seins nus apparaissent sur la plage du dimanche, moins souvent dans les villages de semaine et c'est vraiment dommage. Au fil des ans, on note des tendances : si le petit insolent a toujours la cote, on note une forte recrudescence du surdimensionné, stabilité du gant de toilette.

Sur la route du boulot, vers cinq heures, je croise souvent des sangliers, des renards, et je suis parfois un lapin : le lapin c'est très con, ça court en zig-zag au milieu de la route sur des centaines de mètres et ça fait perdre du temps, faudra raccourcir la pause de sept heures. Je croise aussi des cinglés motorisés, l'impression que l'époque rend pas mal de gens suicidaires. Suicidaires d'accord, mais visez les platanes, pas mon capot please, pensez à ma pause.

Cette année, je pense que les préfectures ont donné des consignes aux mairies : agrandissez les marchés, laissez de la place aux petits nouveaux que l'ANPE a encouragés dans leur création d'entreprise, ahahahaha. Facile neuf sur dix qui vont se bananer, enjoy, mais pendant ce temps tu sors des stats...

Partout où les mairies ont changées, branle-bas de combat, vite, reréglementer le marché, déplacer, interdire, décréter, sans surtout consulter les principaux concernés, des forains tu penses, peuvent bien se la fermer. Ça finira comme d'hab, on les aura à l'usure.

Rayon innovation, après des contrôles de gendarmerie classiques, répression des fraudes, services vétérinaires, DASS, arrivée de la gendarmerie maritime, sans ses palmes. Surement que le bronzage de Paola les avait chagrinés, raté, papiers en règle.

Pas encore l'été et déjà fatigué, faut dire que vous ne m'aidez pas : que les prix ceci, que l'euro cela, que lui il a grillé la file, oui, lui l'étranger qui fait semblant de pas comprendre parce que ça l'arrange bien, que moi je suis client à l'année et que je veux passer avant les touristes.

Les fournisseurs qui partent en sucette : pénurie organisée, panique dans le poulailler.

Et ce putain de mistral.

STOP !

Ou je vais finir par mordre quelqu'un......