Monsieur ! Monsieur ! Réveillez-vous !

Serrez-moi la main, Monsieur !

Ouvrez les yeux !

Serrez-moi la main, Monsieur !

Qu'est-ce-qu'il a ce mec ? Pourquoi veut-il que je me réveille ? Je dors si bien !

J'émerge lentement, brouillard ou coton ? Je ne sais, vaseux en tout cas, mal...

Et ce type qui me braille dans les oreilles : "serrez-moi la main, Monsieur !"

O.K, je vais lui serrer la louche, après il me foutra la paix, dor... dormir, encore.

On va vous "détuber", retirer l'assistance respiratoire, c'est terminé, vous avez été opéré, tout s'est bien passé, ça va aller.

Bizarre sensation, un long serpent qui sort de mon oesophage, un bruit de succion, et c'est terminé.

Soif, à boire...

Tout à l'heure, pas maintenant, c'est trop tôt, rendormez-vous.

Jour ou nuit agité ? Je ne sais pas, aucune notion de temps, quand j'ouvre les yeux, il me faut un moment pour me situer dans l'espace, le mur est plafond, et vice-versa.

Des tubes et des câbles partout, certains sortent de moi, d'autres y entrent, je suis relié à la "vivre-machine" !

J'imagine la centrale nucléaire, les énormes câbles, les transfos, les lignes à haute tension qui zèbrent nos campagnes, puis elles s'enfouissent, se terrent, courent dans les égouts, pour ressurgir là, alimenter la "vivre-machine".

Je suis en réanimation, ça n'est pas un vain mot, nous sommes tous de véritables mort-vivants !

Le personnel est là, omniprésent, attentif, souriant, des infirmiers aux allures d'athlètes, et pourtant si délicats, quand il faut bouger un malade, toujours un sourire, un mot gentil, les infirmières, d'un niveau de compétence impressionnant.

Et enfin la pompe à morphine : merci Monsieur Kouchner ! Je ne dis pas que c'est la panacée, mais ça aide énormément.

Près de moi, les machines veillent, je ne les vois pas, elles sont placées derrière le lit, mes courtes visites me l'apprendront, elles veillent sur tout, gardiennes infatigables...

Chaque jour des massages, quel bienfait ! Petit baratin à la masseuse Antillaise, pour qu'elle prolonge un peu la séance, je suis cassé de partout ! Elle se marre, et prolonge gentiment le massage, je lui promets une biguine quand ça ira mieux, elle rit de bon coeur.

J'ai même eu droit, comble du raffinement, à une douche au lit ! A l'aide de gants de toilettes trempés dans l'eau très chaude, et tordus au-dessus de mon dos... Le pied, incroyable le bienfait que cela procure.

Décidément le personnel de Bichat est formidable.

Après quelques jours de réa, transfert dans un autre service, elles m'avaient prévenu les petites : vous ne serez pas "bichonné" comme ici ! Terminé le petit déjeûner avec les tartines beurrées et "confiturées" par nos soins, le rasage quotidien assuré par l'infirmier de service, et toujours dans la bonne humeur ! Un quatre étoiles, la réa, first classe !

Elles sont bien gentilles tout de même dans le nouveau service, mais elles ont chacune beaucoup plus que trois malades à s'occuper, ça ne fait rien, le sourire est toujours là !

Comme il semble beau, le périph', après plusieurs jours à devoir contempler un mur blanc ! Il bouge lui au moins, ça me rappelle brusquement ces poilus, décrits dans un billet de T-B, l'un d'eux, blessé au cours d'une bataille, hospitalisé dans un hôpital loin du front, se réjouissait du spectacle qu'il apercevait depuis la fenêtre : une route, et cerise sur le gâteau, la voie ferrée ! Un spectacle bien reposant, après toutes les horreurs encaissées dans les tranchées.

Ce petit billet pour remercier tous ceux qui m'ont accompagné et soutenu moralement, mes proches bien sûr, les copains, ceux que je connais que par blogs interposés, et tout le parsonnel de Bichat, du professeur Nataf qui m'a opéré, mon cardio traitant, les internes, les médecins, les infirmières et infirmiers, les aides-soignantes et toutes ces personnes adorables qui répondent au moindre de vos désirs avec gentillesse.

Allons, tout ne marche pas si mal, l'A.P en est un exemple, des soins au top, un suivi formidable, le personnel administratif m'a dégoté un hôpital pour la rééducation cardiaque, magnifique : cadre somptueux, un immense parc... trois étoiles, j'vous dis !

Mesdames, je sais que beaucoup rêvent de perdre quelques kilos, les vacances approchent, le test du maillot est impitoyable (à vos yeux, car pour moi, seule la p'tite flamme au fond de vos mirettes requiert mon attention)... Qui a dit fayot ?

Alors une tite op' à Bichat (ou ailleurs) et hop ! 4 kilos en moins !

Comment ça : non merci ?