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vendredi 16 janvier 2009

Tant-BourrinLogomachie

Un peu trop de travail en ce moment pour écrire un billet frais. Alors j'ai exhumé un vieux texte de chanson que j'avais écrit il y a quelques années, jamais mis en musique. Si quelqu'un se sent d'y coller des notes dessus...


Cupidon, sale enfant de coeurs
De malice a cordé son arc
Et décochant un trait moqueur
Il m'a entiché d'une énarque

Depuis je maudis le destin
Et sa cruauté sans pareille
Car ses grands discours byzantins
Font le malheur de mes oreilles

Tout son bla-bla est aussi creux
Qu'une vieille fosse d'aisance
Où résonne l'écho foireux
Du clairon de sa suffisance

Et quand mes nerfs, peau de chagrin
En sont réduits à peau de balle
Je lui fredonne ce refrain
Pour calmer ses ardeurs verbales

Logomachie, logomachie
C'est pas rigolo, ma chérie
De subir ta logomachie
Tu logomaches et moi j'en chie

Les savoir-faire sociétaux
Transcendent les technostructures
Par leurs effets fondamentaux
Passe-moi donc la confiture

Tout déploiement applicatif
Doit décliner des paramètres
Hypothético-déductifs
Pourrais-tu fermer la fenêtre ?

Logomachie, logomachie
C'est pas rigolo, ma chérie
De subir ta logomachie
Tu logomaches et moi j'en chie

C'est ainsi du soir au matin
Je pédale dans la choucroute
De son infâme baratin
J'ai la cervelle en banqueroute

Et même au lit, c'est profil bas
Je perds mes moyens, c'est tragique
Car au plus fort de nos ébats
Elle parle de plans stratégiques

Logomachie, logomachie
C'est pas rigolo, ma chérie
De subir ta logomachie
Tu logomaches et moi j'en chie

Logomachie et logorrhée
Sont ses mamelles qui m'attristent
Et pour ne plus boire leur lait
Je me ferais moine trappiste

J'ai tout laissé, je suis parti
Qu'on ne me parle plus d'énarque
Cupidon n'a plus d'appétit
Je lui ai fait bouffer son arc

Logomachie, logomachie
C'est pas rigolo, ma chérie
De subir ta logomachie
Tu logomaches et moi j'en chie

mercredi 14 janvier 2009

Saoul-FifreQu'importe le flocon, pourvu qu'elle soit épaisse

La grande grue immanente a fait descendre une chape de froid sur l'ensemble des régions et même, et même des flocons, en quantité industrielle parfois, dans les Bouches-du-rhône par exemple. Sur notre terrasse nous avons eu 40 centimètres, mesurés par huissier.

De ces cas-là, rares, la DDE n'a pas l'habitude et, tétanisée, a un temps de réaction un peu lent. L'agent voyer angoisse à desserrer ses doigts crispés par le froid sur le manche de sa pelle. La déneigeuse est bien là, à l'abri sous le hangar, mais personne n'a les qualifications requises pour la conduire. La programmation des stages de formation a été régulièrement repoussée, d'une année à sa suivante, comme une chose non urgente et secondaire.

Mais l'ennemi est là et on attend les ordres. L'économie du département est bloquée, à l'image de ses routes. Je propose qu'on en profite pour se destresser un peu. Je sais pas ce que vous en pensez, mais il y a longtemps que Blogborygmes ne vous a pas proposé un de ses célèbres jeux, qui ont tant fait pour sa réputation au delà des mers.

Bon ne comptez pas sur moi pour vous programmer en Pascal++ ou en Fortron de l'air un geek game. Ya pas marqué "Tant-Bourrin", là.

Je vous ai transcrit des vers tirés de chansons. Il va vous falloir trouver le titre de ces chansons.

Bien sûr sans tricher, sans faire de recherches google ou autres

Comme de bien entendu, les extraits on un léger rapport avec les météores actuels. Prenez ça comme une bataille de boules de neige virtuelle et amusez-vous bien ! Les réponses sont à envoyer comme d'hab sur mon mail

1) Dans la neige, ils m'étaient promis

2) Ce n'est pas un chemin, c'est la neige

3) Que l'hiver ou la neige à mon cou

4) Au bras d'une star, l'hiver dans la neige

5) Sous la neige carbonique de l'extincteur d'incendie

6) Ya des étoiles qui courrent
Dans la neige autour
De son chalet de bois

7) Avec cette neige à foison

8) Il a neigé à Port-au-prince

9) Sous la dernière neige, bondissent les ruisseaux

10) La neige étend son manteau blanc

lundi 12 janvier 2009

Mam'zelle KesskadieRien de nouveau sous le soleil, mais vous devriez voir sous le lit

Trois billets en trois jours, je me suis trouvée exceptionnellement inspirée !

Hélas, que je me suis dit, qu'est-ce que je pourrais bien raconter au quatrième ?

Encore une fois, je me suis inquiétée pour rien.

Que je vous rassure aussi, de ce pas, sur mes prodigales aventures.

Le père ramenait les enfants dans une heure.

Bénissant le peu de temps libre qu'il me restait, je me suis étendue telle la Belle au bois Dormant que 100 ans de sommeil parut un jour, espérant qu'une heure m'en paraîtrait autant.

C'est à ce moment que le téléphone sonna. D'accord, c'est du prévu, mais on me connait, j'ai la foi envers et contre toutes communications.

Deux fois. Il insistait le bougre.

Eh bien, c'était ma bougresse de fille aînée qui m'annonça que, pour le temps que son père serait en dehors de la ville, elle revenait au foyer maternel.

Je vous demande la question suivante : que cherchez-vous en premier quand il faut reloger une sixième enfant dans une maison de quatre chambres où il y a déjà cinq enfants et leur maman ?

A) un lit disponible ?
B) une pièce fermée disponible ?
C) une boîte de papier mouchoir disponible ?
D) un aller simple pour le premier avion disponible dans la première destination disponible ?

Toutes ces réponses sauf D parce que je n'ai plus de disponibilité sur ma carte de crédit.

Crucifix rebondisis semper, comme dirait ma meilleure chumme. Filia semper, Mater en calvaire.

Bon, toujours est-il que je cherchais une motivation pour faire le ménage de la chambre de lavage. Mais non, je ne mettrai pas ma fille à coucher sur la sécheuse, elle a passé l'âge d'y dormir, c'est un autre usage qu'elle fera de son dessus avec un autre homme que son père, mais n'entrons pas dans les usages parallèles des électro-ménagers et gardons le focus sur le déblayage de la seule pièce à porte fermée disponible dans la maison.

Sachez, c'est le principe des vases communicants, sauf que ce sont des pièces d'une maison. On commence par vider la chambre à lavage pour la remplir de stock afin de remplir d'un lit la seule pièce disponible, etc, etc, etc..... Donc, dans la poubelle extérieure sont remisés les balais Swiffer, Mr Net et inconnu, qui n'ont servi qu'une fois chacun depuis quatre ans, sont congédiés. Ensuite, la boîte des cadeaux glanés pour les bas de Noël que je voulais descendre restera dans ma chambre. Voyons voir ce qui reste de place dans mon garde-robe, dans le fond, voyons voir ce qui peut se replacer sous le lit, ça tombe bien, y a de la place laissée par les moutons que j'ai balayés ce matin.

Mon coffre à outils et toutes les vis, clous et autres ferrailleries que je garde au-cas-où que cette fois ça ferait (non, je ne jette pas, c'est tout du neuf acheté mais qui ne s'est pas avéré être l'article qu'il aurait fallu qu'il soit). Où ? Ah oui, la chambre froide. Qu'y a t il dans la chambre froide ? Les bottes d'hiver. Que ça tombe bien, il va en falloir bientôt, exit de l'étagère, certaines à la poubelle,de vieilles pantoufles, mais à qui ont-elles pu appartenir, je n'ai quand même pas eu autant de pantoufles à mettre sous mon lit... bof, poubelle. Rien de rien, je ne regrette riennnnnnnnnnnn...

Fifille arrive. Elle a décidé qu'elle viendrait me donner un coup de main dans ma situation de femme monoparentale ! C'est si gentil....

Donc, parce que j'ai passé le PM à préparer sa chambre avec son aide, merci, je n'avais pas le temps de faire le souper. J'ai donc acheté de la pizza toute faite. Oups, il faut attendre 25 minutes qu'elle soit prête. Pas de problèmes, que je me dis, ça fait longtemps que je voulais remplacer l'autre phare avant de mon Echo qui s'est éteint depuis un mois. Je promène son remplaçant dans le coffre depuis trois semaines, c'est ce qui s'appelle, une intégration graduelle. J'ai laissé le temps à la pauvre ampoule de se faire à sa nouvelle famille, et moi, à l'idée que j'allais répéter l'exploit de remplacer un phare avant.

Parce que je l'ai déjà fait avec succès, vous saurez.

Donc, en attendant ladite pizza, je me mets en train de changer la défunte pour la nouvelle. Il fait un peu sombre dans le stationnement, mais de toute façon, on ne voit jamais rien de ce qu'on fabrique quand on fouille dans un moteur, c'est bien connu. Et même si je le voyais, je ne saurais pas plus de quoi il retourne, alors...

Or, j'ai sous-estimé l'inconscient universel du Soi global de l'homme et de sa génétique programmée à la mécanique.

J'avais pas commencé depuis trois minutes, que v'là t-y pas un type à casquette qui vient s'enquérir du motif qui me poussa à relever le capot plutôt que le bas de ma jupe.

"Ben, qu'il dit, il faut commencer par dévisser ça."

"T'es malade, je lui répond, j'ai changé l'autre et j'ai pas touché à rien" (de ce qu'il me montrait).

Il m'a cru. Mais comme l'ampoule était réticente à sortir de son orbite, tel un œil qui refuse obstinément de quitter son crâne natal, il a voulu y mettre la patte.

Il n'y mis pas que la patte, il y mit aussi l'ampoule et me dit : est-ce ce qu'on appelle le travail au noir ?

J'ai bien ri, et avant qu'il songe à rebrancher, je lui tendis le caoutchouc qu'il ignorait.

Nous fûmes une équipe du tonnerre.

Cependant, je me demande. Est-ce mon charme féminin ou le charme de la machine qui attira l'inconnu ?

Probablement celui de mon Echo, parce qu'il disparut aussitôt que la lumière fut.

C'est ce qui me fait soupirer devant la perspective de ma quarante-neuvième année.... Y aura-t-il encore des pantoufles d'hommes à mettre sous mon lit ?

Je vous jure que je suis capable de trouver de la place pour les ranger, sans problème.

vendredi 9 janvier 2009

AndiamoLa dernière séance

On ne voulait pas ça, TANT-BOURRIN et votre serviteur, (un peu tout de même) faire chialer dans les chaumières…

On a réussi à arracher une larmichette, grâce ou à cause de notre petit billet "un peu de nostalgie" à certains (trop fiers pour l'avouer) et à certaines, qui nous ont confessé qu'elles avaient inondé leur clavier. Merci à elles de cet aveu.  

Il y avait autrefois à Drancy, la ville dans laquelle j'ai grandi, pas moins de six cinémas. Je vous ai parlé déjà de celui-ci : le moulin rouge, il fut l'objet du PREMIER billet que j'ai publié !

Les cinq autres portaient des noms ronflants : le PRADO, le REX, le TRIANON, le KURSAAL (que nous appelions : le cul sale bien sûr), et enfin le JAURES PALACE, situé près de la petite école communale dans laquelle je me rendais chaque jour, pas à reculons, mais presque !

T'aurais vu la gueule du "PALACE", le père Carlton et le père Négresco en seraient crevés de jalousie !

Ces petits cinoches de quartier, essentiellement fréquentés par les mômes grâce au prix des tickets vraiment bon marché, m'ont permis de découvrir John Wayne, Ava Gardner, Gary Cooper, Johnny Weissmuller, le seul et vrai Tarzan digne de ce nom, Maureen O' Sullivan, sa compagne... Qu'elle était belle !

Je n'oublie pas non plus la rousse Maureen O'Hara, Errol Flynn, Rita Hayworth, la fabuleuse Gilda...

Nous nous sommes bien marrés aussi avec Laurel et Hardy, j'en étais fan. Ados, avec un copain, nous allions souvent au  Studio universel, un cinoche situé avenue de l'Opéra (si ma mémoire est bonne). Dans cette salle fort modeste passaient des festivals Laurel et Hardy, des Tex Avery et son loup libidineux. J'y ai vu "graine de violence", avec Glenn Ford et la musique de Bill Haley, "Rock around the clock". Le rock, n'en déplaise aux jeunots, c'était NOTRE musique quand nous avions 17 ans ! (il y a plus de cinquante balais... déjà)

Eddy Mitchell, que j'aimais et aime beaucoup, de qui je suivais les déplacements autrefois - bien autrefois ! - a merveilleusement chanté ce temps béni des p'tits cinoches.

Ces endroits magiques, l'antre où tout est possible, ils sentaient un peu le renfermé, la pisse pour certains, les cacahuètes à décortiquer (ne cherchez pas, z'avez pas connu) qui étaient vendues à l'entr'acte, le petit sachet à un prix très abordable. On prenait un paquet pour quatre et nous partagions. Le boulot de l'ouvreuse pour balayer toutes ces coques vides !

Alors j'ai voulu illustrer toute cette magie. J'ai demandé (encore une fois) de l'aide à TANT-BOURRIN (la majuscule est une politesse calligraphiée) qui a accepté de faire le montage des petits crobards qui suivent. Si vous ne les reconnaissez pas, c'est que le dessin est maladroit (c'est que vous êtes des gros(ses) nazes ouais !).

Certain(e)s heureusement sont toujours là, les autres sont dans la cabine du projectionniste (il n'y en a même plus aujourd'hui) et ils nous regardent, un petit sourire aux coins des lèvres.

Alors, modestement, j'ai voulu leur rendre un petit hommage. Bien sûr, toutes et tous ne figurent pas, mais vous imaginez ? Il aurait fallu éxécuter (c'est toujours le terme qui convient) des dizaines de dessins, alors il y aura peut-être une suite...

Un grand merci à TANT-BOURRIN.

On clique : la musique crachotante d'un vieux soixante-dix-huit tours qui diffuse des chansons d'André Claveau, Luis Mariano, Edith Piaf ou autre, s'arrête dans un dernier craquement, la boîte à souvenirs s'ouvre, en même temps que se lève le rideau défraîchi des petites salles de mon quartier.

mercredi 7 janvier 2009

Tant-BourrinLes Blogbobandes dessinées

Le joli coup de crayon d'Andiamo a fini par faire des jaloux : j'ai décidé de me lancer dans la bande dessinée. Oui, mais voilà, comment faire quand on a autant de talent pour le dessin que Lorie pour la chanson à texte ?

Eh bien, ne cherchez plus, j'ai trouvé la solution, elle s'appelle...

En cliquant sur l'image ci-dessus, vous arrivez sur le site de Pixton qui vous permet, avec beaucoup de souplesse et de possibilités de mise en scène, de construire vos personnages de BD et d'en tirer quelques chtites histoires sans jamais avoir à vous saisir d'un crayon. Un vrai régal pour ceux qui ont deux mains gauches comme moi !

Bien sûr, ça ne vaudra jamais le vrai coup de patte d'un vrai artiste, mais ça permet déjà de bien faire mumuse.

D'ailleurs, jugez plutôt, je vous ai concocté quelques strips ! :~)




Tant-Bourrin : les billets sont un cri qui vient de l'intérieur


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Saoul-Fifre : le grand air bête


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Andiamo : pratiquons le jeune !


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Mam'zelle Kesskadie : la loi de la pesanteur


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Tant-Bourrin : sex and drug and rock 'n' roll


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Saoul-Fifre : compte rendu


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Andiamo : pythie-Bee


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Mam'zelle Kesskadie : vivent les biotechnologies !


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lundi 5 janvier 2009

Saoul-FifreAutorité recouvrée

Je venais de m'évanouir devant la beauté de mon épouse en robe de soirée, ou plutôt était-ce dû aux divers spiritueux que j'avais engloutis cul-sec comme cela se fait couramment au cours de moments conviviaux et bien entendu, particulièrement aux alentours du solstice d'hiver, fête païenne honteusement récupérée par les papistes sous le nom de "Noël".

Oui je pencherais plutôt vers la deuxième hypothèse vu que je me réveillai couché dans le jardin, refoulant une très nette odeur de bol alimentaire en phase de début de fermentation.

Non-assistance à personne en danger. Et ça se dit des amis à moi ! Ils le savent, on le répète partout, que l'alcool est déconseillé pour la santé ! Et tu crois qu'ils me préviendraient, me retiendraient, me feraient bénéficier de leurs sages conseils ?

Ouallou.

Je suis bel et bien tombé dans un piège. Moi si prudent de nature. Me méfiant des mélanges, des alcools forts se laissant tomber comme parpaings au fond d'estomacs à jeun. Un vrai bleubite. Ho qu'il est dur à entendre, le rire sans pitié de tous les amis de mes gosses, et difficile à supporter, leur trogne épanouie de ravis de la crèche se délectant de ma déchéance momentanée.

Cette tâche douloureuse à mon amour-propre devait retrouver sa délébilité au plus vite.

Le réveillon du Nouvel An ne me sembla avoir été créé que dans ce but, prendre ma revanche. Je réunis le gang aux langues ironiques et aux sourires en coin supérieurs puis leur lançai un défi. Nous allions croiser le verre et rira bien qui ruera le dernier.

Je faisais entièrement confiance dans la qualité sanitaire de mes produits naturels pour vaincre leurs saloperies chimiques de djeuns sans repères. Je les regardai interloqué attaquer la soirée en se préparant des horreurs genre vodka 1er prix/ fraises tagadas/boisson énergisante raides boules (authentique), ou bien "gaz-oil", pastis/coca-cola (authentique itou), tandis que je me contentais de sécher consciencieusement quelques valeurs sûres comme du Mumm cordon rouge, de la téquila frappée selon la recette mythique de 37,2 le matin ou bien ma sangria "améliorée", une boisson avec laquelle je me suis toujours senti en parfaite osmose fusionnelle et qui ne m'a jamais causé le moindre désagrément.

Héhé, quelles que soient les musiques, la moyenne d'âge sur la piste de danse grimpait inexorablement et, vers les abords de l'aube, nous eûmes le fin plaisir, vieux singes et guenons rescapés, de voir la bande d'oisillons rejoindre pesamment leurs chambres, les ailes et les pattes cassées.

La précipitation juvénile venait de mettre le genoux en terre devant l'expérience et le respect des traditions.

samedi 3 janvier 2009

Mam'zelle KesskadieLe droit acquis

Non seulement il tombe de plus en plus rarement, mais encore, faut-il qu’il tombe mal.

Ce soir, c’est la finale de Star Academy. Entre Jason et Mélinda, qui l’emportera ? Comment peut-il téléphoner pour dire qu’il passera ce soir, soirée sacrée entre toutes ?

Bon, il est vrai qu’il est tombé pile une fois ou deux depuis les derniers… mois ?

Il se fait fidèle à sa femme depuis le temps ou je me fais vieille, se dit-elle.

Ou il se fait susceptible. Les visites rarissimes étant de plus en plus rapides, merci à son diabète nouvellement acquis qui fait en sorte que les érections se raccourcissent sensiblement.

Suzanne a bien regretté la première fois que les symptômes érectiles se sont manifestés. Elle avait blagué après la courte performance : « Ah, un souvenir de jeunesse ? »

Il n’était pas revenu avant quelques semaines.

Et peut-être bien que même avoir voulu, il n’aurait pas pu.

Bon, alors, faisons contre mauvaise fortune bon cœur, il y a longtemps que je n’ai pas été baisée, se dit-elle, c’est probablement pour ça que j’ai le vague à l’âme en ce temps de Noël.

Alors, premièrement, faire le ménage. Dieu sait pourquoi, puisque le casting n’est pas d’être ménagère, les hommes aiment que le comptoir de cuisine soit quand même propre quand ils vont voir leur maîtresse. Surtout quand ils ont passé l’âge de faire grimper la dite dame sur le comptoir pour atteindre le septième ciel.

Tout en frottant énergiquement, la préoccupation vestimentaire se profila. L’homme avait défait au moins douze fois chaque dessous, et il en était au stade où il se rappelait de les avoir enlevés sans que le souvenir refasse surface là où il l’aurait fallu.

On verra après la douche décide-t-elle. Cherchant son rasoir, elle pensa avec mélancolie à sa douce jeunesse où le poil était encore permis à certains endroits. Les hommes jubilaient d’explorer la forêt alors que maintenant, ils ne visitent que les collines dénudées. Effet de l’exploitation industrielle des sites patrimoniaux ?

Évidement, les femmes mariées n’ont pas ce souci du détail. Un mari pouvant se compter chanceux si sa légitime épouse lui permet le devoir conjugal, il n’a cure du poil ni sur le tapis, ni sur le comptoir, ni sur l’épouse.

Ah! Le privilège du droit acquis, soupire Suzanne en appliquant un diachylon sur la coupure faite à l’arrière de la jambe droite. La souplesse n’est plus au rendez-vous ni de la préparation, ni de l’exécution.

Elle regarde sa montre, encore un peu de temps, mais elle fait vite pour programmer le vidéo qui enregistrera Star Academy.

Ah non ! Lui aussi se faisant vieux, refuse de démarrer sous commande. La machine refuse même d’avaler la cassette.

Écoute, maugréa-t-elle, recracher n’est pas un privilège quand on est occasionnelle, tu m’entends ?

Bon, v’là qu’en plus de faire des manières, elle est sourde. Peuh, pense Suzanne avec une certaine amertume, elle aussi pense qu’elle peut avoir mal à la tête quand elle le veut bien. Si les machines vidéo-cassettes se mettent à faire des manières de femme mariée, où s’en va-t-on ?

Et moi, han, si je faisais des manières de femme mariée, han ? Qu’est-ce qui m’arriverait, han ?

Assise sur le bord du sofa, la poitrine aussi basse que son moral, elle regarda tour à tour la télécommande, l’aspirateur, la vaisselle en train de sécher sur le comptoir, le diachylon sur sa jambe égratignée.

« Si la maîtresse clandestine avait des privilèges de la légale partie…. »

Son cerveau passa d’objet en amertume en soupir dans une ronde bien connue et déjà indifférente.

Suzanne tend lentement la main vers son téléphone.

« Allo, puis-je parler à monsieur Dupont ?

Ah, Bonjour madame Dupont. Pouvez-vous lui faire un message ? Vous seriez bien aimable.

Oui, dites-lui que la réunion est annulée pour ce soir.

Ah ? Il avait planifié rejoindre un vieux copain ? Eh ben, le vieux copain a mal à la tête, il n’ira pas le rejoindre.

Comment je le sais ?

Je vous rappelle pour vous expliquer, je dois raccrocher, Star Academy est sur le point de débuter.

Moi ? mais Jason ! Vous aussi, et bien, quelle coïncidence ! Nous avons probablement beaucoup en commun.

Au revoir madame, et merci pour tout. »

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