Je vais commencer par une petite histoire...

Nous sommes en 1196, sur une île située au milieu d’un fleuve qui coule en Amérique du nord, plus tard les colons l’appelleront Hudson. Sur cette île vit une tribu de nobles guerriers : les Algonquins. Leur île s’appelle Manna-Hata, l’île aux multiples collines.

Le chef de cette noble tribu, demande un jour à son plus valeureux guerrier :

- Crois-tu qu’au-delà de la grande rivière salée il y ait d’autres hommes ?

- Je ne sais pas répond le guerrier, mais nous pourrions envoyer des signaux de fumée et attendre une réponse, ainsi nous serions fixés.

- Tu as bien parlé rétorque le chef, demain nous apporterons du bois, puis nous allumerons un grand feu et enverrons des signaux.

Le lendemain, toute la tribu a préparé un immense bûcher. Le chef y met le feu et, lorsque la fumée est bien épaisse, à l’aide de couvertures cousues entre elles, on commence à envoyer des signaux.

On recommence l’opération le lendemain et ainsi de suite durant quatre jours. N’obtenant pas de réponses, le chef se tourne vers son valeureux guerrier et lui déclare :

- Voilà, maintenant, nous sommes certains qu’au-delà de la rivière salée il n’y a personne, HUGH !

Où je voulais en venir ? A ceci :

Le S.E.T.I., Search for Extra Terrestre Intelligence, est un organisme dont Carl Sagan est l’un des initiateurs. Cet organisme est chargé de rechercher des traces de vie extra-terrestres dans l’univers, car, si notre univers compte 200 milliards de galaxies, chacune contenant environ 200 milliards de soleils. C’est bien le diable si on ne trouve pas dans tout ça une ch’tiote planète pouvant accueillir la vie, voire une vie intelligente, non ?

Or les fonds du SETI ne sont plus alimentés, sauf par des dons privés, et, vraisemblablement, tout cela cessera un jour.


Où sont-ils nos Vasco De Gama, nos Christophe Colomb, où sont nos Docteur Livingstone I presume ? Nos conquérants de l’inutile ? Ceux qui, penchés à l’avant des blanches caravelles, voyaient monter des étoiles nouvelles ? Ceux qui comme Ulysse avaient fait un beau voyage ? Les Argonautes qui s’emparèrent de la toison d’or ? Où sont-ils donc ?


Vive l’inutile, ces fous qui inventent des choses qui ne servent à rien. Pensez donc, deux frangins, en Amérique, veulent faire voler un plus lourd que l’air ! I M PO S S I B L E ! Et pourtant, en 1903, ils y parviendront ! Oh, un saut de puce bien sûr, quelques mètres….

Soixante-six ans plus tard, l’homme pose le pied sur la Lune ! Soixante-six ans seulement séparent le saut de puce des frères Wright du pas de Neil Armstrong !

Et depuis, plus rien ou si peu, quelle frilosité ! Ça ne sert à rien, les voyages spatiaux, il faut chercher utile !

Regardez ce Monsieur Cugnot... Nous sommes en 1770. Un hurluberlu, ce Joseph Cugnot : il vient de mettre au point un engin à vapeur, "le fardier", cet engin serait, je dis bien "serait", capable de remplacer les véhicules hippomobiles !

AH ! AH ! Je me marre, "ON" ferait mieux de financer des recherches utiles, par exemple aider les chercheurs qui souhaitent améliorer la race chevaline.

Imaginez : si par le truchement de quelques habiles croisements, on obtenait une nouvelle race de chevaux capables de parcourir une lieue supplémentaire dans la journée, voilà une recherche qui serait bien utile.

Mais un chariot à vapeur… Quelle idée farfelue !

Rouler dans un tunnel à plus de quarante kilomètres / heure ? Impossible, la pression induite sera telle que les corps seront broyés, c’est ce que pensaient des savants forts respectables à la fin du XIXème siècle. Aujourd’hui, nous traversons ces tunnels à plus de 300Kms/h, avec seulement une petite gêne au niveau des tympans !

Et que penser de ce malade mental : un Suisse, François Isaac de Rivaz, nous sommes en 1807 et il vient de déposer un brevet concernant un engin qu’il appelle "moteur à explosion interne" et qui fonctionne au pétrole, ce produit juste bon à brûler dans les lampes, et malodorant avec ça, POUAH !

Si les hommes avaient rondement mené la conquête spatiale, il y a belle lurette que des astronautes auraient posé le pied sur Mars ! Que dis-je le pied, les deux tant qu’à faire ! On nous rétorque :

- Oui, mais le voyage, c’est au bas mot, un an et demi ! Vous vous rendez-compte ? C’est long un an et demi !

Amundsen resta absent près de huit mois, pour aller conquérir le pôle nord, laissant son navire hiverner six mois. Pourquoi ? Pour être le premier !

Et puis si l’on désire voyager vers d’autres étoiles, les distances sont si colossales qu’il faudra bien inventer "autre chose" qu’une fusée, si rapide soit-elle ! On aurait dit à Christophe Colomb, voici cinq siècles, "un jour, l’homme mettra trois heures pour traverser l’Atlantique", impossible aurait-il répondu, jamais un navire ne pourra se déplacer à une telle vitesse. C’est toujours vrai, même aujourd’hui, alors les hommes ont inventé l’avion.

Aller sur la lune ? Impossible, aucun avion ne peut atteindre l’espace, et encore moins s’y déplacer, les hommes ont construit des fusées !

Les étoiles sont trop lointaines ? Alpha du Centaure : quatre années lumière ! Quatre ans de voyage à raison de 300.000 km à la seconde ! Sept fois le tour de la terre en une seconde, on ferait mieux de tourner sept fois sa langue dans la bouche d’une jolie femme, oui !

Reste aux hommes à inventer autre chose que des malheureuses fusées se traînant à 11 km/seconde. Allons, Messieurs les savants, penchez vos têtes chenues, afin que vos deux neurones entrent en contact !

Les hommes ont toujours relevés les défis. Ce que l’homme rêve, l’homme le réalise un jour !


Aujourd’hui, on dit : ça coûte cher ! Une guerre en Irak, c’est donné, et puis ça servirait à quoi ? A rien, assurément, aujourd’hui, tout comme l’invention de Nicéphore Niepce, ou celle de Daguerre, ou encore celle des Lyonnais, des grands enfants, ces frères Lumière ! Filmer un train entrant en gare, à La Ciotat en plus ! C’eût été à St Lazare, passe encore, mais en province, a-t-on idée ?

Monsieur Bell et son … téléphone ? Oui, c’est ça, un téléphone, un gadget, voilà c’est ça un gadget ! Tandis qu’un bon vieux sémaphore, çà c’est du solide, du concret !

Je pense très sincèrement que le jour ou l’homme ne rêvera plus, le jour où il n’y aura plus de Cyrano pour s’envoler dans les airs grâce à des ballonnets remplis de rosée que l’ardeur du soleil évapore, eh bien ce jour-là l’homme sera vraiment de trop sur terre !

La recherche fondamentale, ce qui a permis à l’homme d’ avancer, ne pas attendre que tombe la foudre tombe pour avoir du feu, regarder au-delà des mers et des continents, chercher à comprendre, à expliquer, sortir de notre planète, la course aux étoiles, ça coûte cher peut-être, mais le rêve n’a pas de prix, sinon pas de livres, pas de films ni de musique, pas de poèmes non plus.

Il n’y a que le rêve qui vaille, aidons les doux farfelus qui veulent voler, traverser les océans sur des bateaux de plus en plus rapides, envoyer des images à travers l’espace afin que nous puissions nous émerveiller, écrire des musiques sur des supports de plastique, afin que chacun les écoute encore et encore, Construire des vaisseaux gigantesques qui nous ouvriront la porte des étoiles.

Rêvons… Le rêve ? Un peu de miel au fond d’un verre de cyanure.