Devant mon célibat qui devient plus chaste d'heure en heures sans hommes dans ma vie et avec cinq enfants à temps plein (imaginez comment je trouve le temps long. mais ça pourrait être pire, je pourrais compter en minutes), je pris de fermes résolutions, à défaut de fermes bâtons.

J'ai décidé de m'abonner à Illico, un truc qui, moyennant des sous durement gagnés et déjà engagés mais détournés, permet de choisir des films de chez soi. De un, ça évite d'aller courir le louer, de deux, comme j'oublie toujours d'aller le reporter à temps, de payers moults amendes. Les enfants sont très contents, on a vu Narnia 2, je compte voir Bienvenue chez les ch'tis, mais ce n'est pas de ces films catégorie générale dont je veux vous entretenir.

Non.

Je veux vous prévenir contre les méfaits de la catégorie adulte. Car, évidement, là, où on peut faire de l'argent, il y a du sexe, il y a des films de cul qu'on peut se commander dans le confort et, on aura deviné, la discrétion de son salon.

Justement, les enfants sont partis chez leur père pour un des rarissimes week-ends. Je n'ai aucun plombier (plombier : qui entretient la plomberie, les tuyaux internes, quoi) dont je veux les services, il me reste le faites-le soi-même en trois leçons télévisées. Bon, pas que je n'ai pas d'idées quoi faire, mais c'est comme la cuisine, une bonne recette fait toujours des heureux-ses.

Donc, les enfants partis, je descends au sous-sol avec mon bol de pop-corn dans l'intention coquine et délinquante d'aller voir un film XXX. Le choix, ma chère ! Je vois que la littérature n'a pas beaucoup évolué en regardant les titres. Vais-je commander Cochonnes dans le salon ou Salopes au bureau ? Dilemme. Je me demande, le temps de la réflexion, pourquoi ce sont toujours des féminins dans les titres, pourquoi ça ne serait pas : Cochon dans mon salon ou Salaud au bureau.

Ouais.

Restons-en aux classiques, ça sonne la bonne cloche.

Donc, je choisis Salopes au bureau. Synopsis : après une dure journée, les employés d'une agence de marketing se détendent en compagnie des secrétaires. C'est ça, toujours les femmes qui font la job. Mais bon, pourvu que l'homme participe minimalement en restant branché, je veux dire bandé, c'est tout ce qui compte, n'est-ce pas ?

Alors, pour commander, on me demande mon mot de passe, remot de passe, ce qui me fait bien rire, Comme je suis vieille et n'ai pas de mémoire, j'ai toujours le même mot de passe. Et quand, par malheur, je l'oublie, je demande aux enfants de me le rappeler. Ça augure mal pour la surveillance parentale. Ensuite, mettre la télécommande en mode VOD.

Ah.

VOD.

Il y a un os sur VOD.

Dommage que j'ai jeté le livre d'instructions, comment on met l'estifie de commande en VOD ???

Ah, oui, en voyant les boutons, c'est-à-dire, en mettant mes lunettes de lecture, je vois ledit truc à presser. Ok. VOD mon amie.

Et silence, ça tourne, en fait, ça f..... mais............

Déçue, que je fus, déçue, mais plus déçue encore qu'avec un éjaculateur précoce rencontré à mon adolescence.

D'abord parce que c'est d'une longueur, (non pas le pénis de l'acteur) éprouvante, ensuite, parce que c'est plus répétitif qu'une mère de famille qui crie à son plus vieux qui a les écouteurs de son IPOD dans les oreilles de ramasser les chaussettes sales.

J'ai, déjà dans ma jeunesse, écouté un film dit de cul. Dans mon temps, la langue servait AUSSI à parler. Et bien, croyez-le ou pas, de tout le film, aucun son, aucune parole, ils ont économisé sur le dialoguiste.

RIEN. PAS UN MOT.

On voie que c'est un film fait pour les hommes. Femme, tais-toi et suce. Tu n'ouvriras que les jambes et ce genre de directives.

Bon, va pour pas de dialogues. Va pour la fille qui dit : oui, oui, non, non, oui oui, non , non, ahhhhhhh, mmmmmmmmmmmm, oui, oui, non , non, ahhhhhhhhhhhhh mmmmmmmmmmm, mais après dix minutes, je me suis doutée qu'ils repassaient la bande sonore en boucle quand la fille avait le clapet fermé et qu'on entendait encore oui oui, non, non, etc. À moins, évidement, que j'eusse omis de noter une troisième actrice dans un rôle de soutien hors caméra. Tout se peut dans le merveilleux monde de la porno.

Le scénario varie un tantinet. Des fois, c'est le gars qui fait l'oral en premier, des fois c'est la fille. Après, c'est assez conventionnel, un tit peu de derrière, un tit peu d'avant, oups, sur le côté, on finit par la tartine à la crème dans le visage de la douce (avec sur fond sonore oui oui, non, non,ahhhhhhh, hummmmmmmmmm, pourquoi changer une si bonne répartie ?).

Cinq ou six fois de file, on refait l'histoire en changeant les costumes ou les acteurs, je ne saurais dire étant donné qu'on voit le visage de la fille rien qu'en dernier et qui plus est, il est vite recouvert. On pourrait toujours essayer de voir si le pénis est différent, mais il est toujours fourré dans quelque chose et en dernier, il a la main dessus. Par contre, je note qu'on change les souliers de la fille. J'ai jamais vu d'aussi laides galoches et elle ne les enlève jamais. C'est un truc érotique, bondage. Elle ne peut s'enfuir avec ces souliers-là, impossible de marcher avec cette hauteur de talon aiguilles. Les souliers sont à la fille, ce que le........... est au garçon. Remplissez le vide par vous-mêmes, je ne remarque rien de particulier sur le gars, il est tout nu. Pas d'accessoires. Rien. Il baise à poil, l'autre à talons. Fin de l'étude sociologique de l'accessoire pornographique de la salope du bureau.

Au fait, croyez-le ou non, j'ai jamais vu un seul pupitre, pas un seul bureau. Il y a eu un matelas de sports, une chaise, un sofa, ensuite... me souviens plus.

Mais Sabrina avait la plus jolie robe de bal très moderne et vous auriez dû voir le chic de Bogart qui s'amène avec la bouteille de champagne. Ça, monsieur, c'est de l'accessoire !

Heu, c'est qu'entre-temps... je zappais pour aller voir sur les autres chaînes de télé s'il n'y avait pas quelque chose de plus grand intérêt jusqu'à ce que je tombe sur le premier Sabrina avec Audrey Hepburn et Bogart.

Une fois Audrey et son prince charmant partis en France, je me suis dit que le film porno désastreux et désespérant que j'avais vu était peut-être de la malchance.

Fais que je regarde de nouveau la sélection et je me réessaie. J'ai choisi : Party de filles.

Histoire : à l'occasion de l'anniversaire de Sharon, ses copines lui préparent un surprise-party.

Mon imagination s'emballe. Les gars vont arriver et ça va être le partouze du siècle. Au pire, elles invitent un strip-teaser qui va devoir satisfaire Sharon et cie.

Innocente, mais que je peux être innocente.

Bon, il y a eu plus de dialogues. Je retiens un : Vous avez commencé sans moi, petites cochonnes (troisième amie) et : Surprise surprise !

J'ai compris que je m'étais encore fait des accroires et je m'ennuyais ferme quand j'ai mis le bouton à MUTE et que je lus un excellent article sur le refroidissement de la planète tout en jetant un regard toujours ennuyé sur l'action.

Et pourtant, me semble que ça ne doit pas être si compliqué écrire une histoire, baise inclue. Genre, il la rencontre, elle ne veut rien savoir. Elle change d'idée, lui aussi. Un malheur arrive, ou une tempête de pluie, de neige ou un déluge et ils sont coincés en montagne, en campagne, au refuge, au choix. Ils baisent. Ils se marient.

Voilà. c'est pourtant si simple.

Je m'interroge. La simplicité aurait-elle une allure différente selon l'homme et la femme ?

Zut, alors, voilà pourquoi l'amour est compliqué.

Mademoizelle Keskadie, toujours célibataire et chaste, par manque de matériels, de temps et de candidats.

Pour ce qui est de l'imagination, par contre, je vous écrirai un autre billet, un jour.