Pour commencer cette très jolie chanson de : Philippe Labro pour les paroles, de J. halliday et de E. Bouad pour la musique.


L’Amérique ? Elle m’a fait rêver quand j’étais gamin. Ouais, j’vous entends : "c’était il y a fort longtemps". Il n’empêche que je rêvais de ce pays fabuleux. Pour un gamin, les cow-boys, les gratte-ciels, les G.I. qui étaient venus nous délivrer, avec dans leurs musettes des chewing-gums, du chocolat, et pour les adultes des Lucky Strike, c’était quelque chose, car après cette saloperie d’occupation il n'y avait que dalle, le moindre morceau de tissu était une aubaine, force était aux ménagères de savoir coudre et tricoter, faire bouillir la marmite avec pas grand-chose, ils me font marrer avec leurs conseils : "dépensez moins, consommez plus".

Elles étaient bien obligées ces femmes de dépenser moins, vu que leurs époux pour la plupart, du moins dans mon quartier, gagnaient une poignée de fifrelins après des semaines de soixante heures !

Alors, le rêve américain, on allait le cueillir au cinoche, avec en fond sonore les musiques des grands orchestres américains : Count Basie, Glen Miller, ou encore Duke Ellington… The Duke !

J'ai toujours aimé les B.D., étant gamin. C'était Tarzan et les beaux dessins de Burne Hogarth, Mandrake le magicien dessiné par Phil Davis, la fantôme du Bengale et le serment du crâne, sous la plume et le pinceau de Lee Falk.

C'est sans doute pour cela que j'ai toujours aimé dessiner, bien plus modestement que ces maîtres bien sûr !

BUICK 1948 "convertible"

Mon Amérique à moi ce sont ces belles tires, avec des chromes partout, des voitures qui donnaient envie de les posséder, Cadillac, Buick, Pontiac, Chrysler… avec des pédales larges comme des couvercles de lessiveuses ! Avouons que ça a de la gueule. Ça me fait doucement marrer, la taxe carbone, quand je pense que ces endoffés de donneurs de leçons se déplacent en jets privés, le moindre trajet et ce sont cinq ou six mille litres de pétrole qui sont brulés, et moi on va me culpabiliser avec mes cinq litres au cent ? Eh bien non : rien à foutre, ils veulent du fric, un impôt déguisé, mais le doyen, il n’est pas né de la dernière hausse des carburants.

Harley-Davidson Sporster 1961.

Mon Amérique à moi, c’étaient ces belles motos, chevauchées par les HELL’S ANGELS, c’était aussi "l’équipée sauvage", le beau film en noir et blanc de Lazlo Benedek avec Marlon Brando.

Du haut de nos chevaux, nous regardions les fumées (Yves Simon)

Les beaux Westerns de Henry Hattaway ou de John Ford, les cow-boys justiciers sous les traits de Gary Cooper, de John Wayne, les "méchants" Jack Palance ou Edward G. Robinson, que n’avons-nous hurlé dans nos p’tits cinoches ? Assis sur les banquettes de bois, applaudissant à l’arrivée de la cavalerie qui venait délivrer les courageux pionniers, chariots en cercle, cernés par les farouches Apaches ou autres Cherokees !

Si tu veux de moi
Pour t’accompagner au bout des jours
Laisse-moi venir près de toi
Sur le grand chariot de bois et de toile.

Une jolie chanson interprétée par Pétula Clark dans les années soixante, ces bringuebalants chariots qui emportaient les courageux pionniers, plus à l’ouest comme aurait dit le professeur Tournesol ! Ils affrontaient mille dangers et sortaient toujours victorieux des épreuves, le "happy end était de rigueur" !

Et les cruels indiens ? Longtemps j’ai cru que c’étaient des sauvages sanguinaires ! Il faut dire que les films de l’époque ne leur faisaient pas de cadeaux ! Ils massacraient les femmes et les enfants, scalpaient à coups d’Opinel ravageur, fourbes et menteurs, voilà comme on nous les présentaient.

Jusqu’au jour où j’ai vu "la flèche brisée", avec Jeff Chandler, enfin un indien au grand cœur.

CUTTY SARK

L'évasion, c'était également ces grands voiliers, les Clippers, ces navires fins comme des lévriers, rapides, plus de neuf noeuds à l’heure (mieux que la Marie du port) et qui reliaient l’Europe à la côte ouest des Etats-Unis en doublant le cap Horn, certains reliaient l’Australie à la Californie, également la côte ouest des Etats-Unis, à la côte est, avant la mise en place du grand cheval de fer. D’origine britannique, ils furent copiés par les Américains.

Ils faisaient rêver ces magnifiques trois mâts, non ? Je vous ai dessiné l’un des plus fameux : le CUTTY SARK.

Hollywood ! L’antre de Merlin, la magie du cinoche, les blondes langoureuses, les rousses incendiaires, la belle Ava Gardner : le plus bel animal du monde, l’avait-on surnommée, qui l’a vue dans la "Comtesse aux pieds nus" ou dans "Mogambo" ne l’oubliera jamais, c’est mon cas ! Il y avait d’quoi titiller l’imaginaire ! Elles étaient intouchables, pas de presse PIPEULE, on ne savait rien de leur vie privée, auréolée de mystère, elles passaient sur nos pauvres écrans carrés, telles les fées de mes contes d’enfant.

Allez je n’ai pas résisté un ch’tiot crobard de la belle brune

A Drancy, se dressaient cinq tours : les quatorze étages, ce furent les premiers "gratte-ciels" construits en France, ils jouxtaient les bâtiments où les Juifs furent emprisonnés avant leur déportation durant l'occupation, la cité de la muette, qui abrita après guerre, un régiment de gardes mobiles.

Nous qui habitions dans des quartiers dits pavillonnaires, nous les enviions, tu penses crêcher tout en haut… Quelle chance ! Nous ne savions pas que, quelques années plus tard, ces mêmes cités deviendraient des enfers ! Mais minots, New-York nous émerveillait, tu penses.

Pour terminer, le mont Rushmore, un hommage grandiose des U.S.A, à ses grands présidents, Georges Washington, Thomas Jefferson, Théodore Roosevelt, Abraham Lincoln, qui ont fait ce que l’Amérique aurait dû rester : une machine à rêves.

Ch'tiots crobards : Andiamo pour Blogbo.

Après autant de boulot, je pars en vacances en pays Bigouden, je l'ai bien mérité n'est-ce pas ?

Si vous commentez, je vous répondrai dès mon retour.

Merci à toutes et tous.