La folle, c’est moi, qui d’autre ?

D’accord, mais je ne nommerai pas de noms, même sous la promesse d’une prime Lancôme.

Ceci étant dit, c’est la première semaine que je travaille à temps plein depuis mon congé pour maladie : mon Xème burn-out. Je commence à avoir quelques certitudes sur le temps qui passe. Un : il ne manque pas à passer. Deux : seul l’amour ne passera pas, c’est écrit dans l’évangile (cité hors contexte, mais on va pas se chercher noise au premier paragraphe, n’est-il pas ?). Annuellement, je fais un burn-out, cinq régimes, trois allers-retours sur les sites de rencontres en me promettant que c’est la dernière fois et quelques dépenses non prévues au budget. À noter que le terme "quelques" est vague intentionnellement.

Donc, je travaille à temps plein, ce qui fait que je m’absente que deux jours cette semaine. Le premier, sous prétexte non fallacieux que je dois aller consulter une psychologue avec mon fils dernier-né qui a fait deux crises de colère à l’école. Cette deuxième crise ayant duré la majeure partie de la journée et a été assez intense pour que les profs ferment leur porte de classe pour ne pas l’entendre du local de l’éducatrice, on m’a recommandé d’aller consulter.

Vous me connaissez, je veux faire plaisir, c’est bien pourquoi je l’ai fait. Et aussi pour que l’école le garde et que je ne sois pas obligée de le garder.

Donc, ça tombe mal, il a tombé 20 cm qui nous en paraissent le double, que dis-je, le triple, vu que c’est la première tempête de l’hiver, et je dois me rendre pour huit heures trente au rendez-vous. Du matin. Ben oui. Donc, la routine matinale voulant que tout le monde soit prêt à la dernière minute et demie, je hurle que nous partirons plus tôt ce matin (ce qui les laisse d’une froideur hivernale, je dois le dire) et je pars reconduire Ado-te à la Polyvalente Nicolas-Gatineau. Je compte bien, en revenant, que le reste de la gang sera prête pour le deuxième voyage qui mènera tout le monde et leur mère à leurs occupations quotidiennes.

J-F, ô miracle de décembre, est prêt ! Il a même enfilé son pantalon de neige ! A noter ici que je suis particulièrement fière parce que c’est le premier habit de neige neuf qu’il porte, le pôvre ayant toujours hérité de ceux de ses frères, fils des amies de maman, etc. On embarque et, comme prévu, je me trompe d’adresse et, comme prévu, on arrive en retard.

Sourire de la mère, on s’excuse, vite fiston, enlève tes pantalons.

Surprise !

Fiston n’avait pas trouvé de pantalons longs à se mettre et il a pris l’initiative de porter des culottes courtes.

En décembre.

Le jour de la première tempête de neige.

Pour aller voir la psychologue.

Hé.

C’est dans ces moments que j’en veux à leur père de ne pas être à ma place.

Re-sourire gêné.

La psy part avec le culotté court pour faire l’évaluation, je m’assieds dans la salle d’attente où la lecture sur les murs nous décrit les situations où les enfants doivent être signalés à la DPJ. Soulagement de la mère, la culotte courte en hiver n’y est pas mentionnée.

Tout n’est pas perdu, beaucoup d’autres suggestions y sont faites si on veut se débarrasser de nos marmots.

Vendredi, un jour de vacances. Je peux maintenant en prendre, je suis revenue à temps plein au travail. C’est la journée qui précède mon cours d’art–thérapie et faut bien que je fasse mon travail de session. Oups, j’ai un contrat en privé ! Yé ! Étant donné que c’est Noël, que j’ai acheté un char juste avant, quelle bonne idée ! (le contrat, pas le char).

La dame demeure l’autre bord de Buchkingham. (30 min de route)

Comme prévu, je me suis perdue et je suis arrivée en retard. Pour retrouver mon chemin, j’aperçois un type sur un quatre roues qui ouvre une entrée en haut d’un chemin privé. En haut, pour vous préciser que le chemin était en pente accentuée, mais j’ai un nouveau char, ne l’oublions pas, avec des pneus d’hiver, on s’en rappelle ! Donc, j’hèle le manant et il m’informe que je suis trop loin. J’avais deviné, et il m’explique en termes de villageois comme me retrouver, c’est à dire qu’il me nomme toutes les boutiques de la rue principale et me dit : tourne pas encore là. J’ai enregistré où je devais tourner pour reprendre le droit chemin et merci !

Par contre, ce qui monte, redescend, toutes les femmes mariées et un rien âgées vous le diront, et il n’y a pas de place pour faire demi-tour. J’entame donc la marche arrière dans un chemin étroit, entre deux bancs de neige.

Ben oui. Je suis restée prise. Je ne manque pas une occasion d’égayer une journée dans la vie d’un manant !

Et moi, qui m’égaye ?

Le cuisinier de chez Marroush qui m’a demandé si j’étais célibataire et intéressée à avoir un occasionnel. Y é beau comme un cœur et libanais comme un vrai immigré. J’ai décliné, j’aime trop être crusée par lui et comme on le sait, le fruit consommé perd beaucoup d’attraction.

Ensuite mon chien qui s’obstine à cacher des os, son lunch, des bouteilles d’eau vide, sous les nombreuses traîneries qui encombrent la maison. Comme il n’aura rien d’autre à manger, il retrouve ses morceaux de viande crue avant décomposition, que la vie est bien faite !

Et pour finir, je prends du Concerta. Qu’est-ce que le concerta ? C’est le médicament qui est supposé améliorer ma capacité attentionelle et, ainsi, diminuer les oublis. Effets secondaires : perte d’appétit (je peux supporter trèssssss stoîquement) et moins de sommeil, se peut-il ?

Donc, je n’ai oublié que d’acheter du café pour mon samedi matin. Pas de café samedi matin.

Ô drâââââme ! Ô désespoirEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEE !

Je pâtissais misérablement devant mon écran lorsque j’eus un souvenir (tiens, le concerta fait effet) d’un restant de décaféiné : le choix du président (il devait être avec sa belle-mère quand il a choisi ça pour elle, c’est brun et sans goût) que je passe au moulin à café, qui ce matin a daigné fonctionner, et mélangé avec la cuillère à thé de bonne poudre, j’obtins un café !

Yé!

Potable à ma grande déception, car je ne me sens pas encore justifiée de jeter la came de choix du président.

Pour faire mon déjeuner, je décide aussi de prendre un petit shake de mon régime aux protéines. Vous ne vous souvenez pas de mon régime aux protéines ? Bah, je ne vous en veux pas, je l’oublie également six jours sur sept, deux semaines sur trois. Je regarde, hagarde, le comptoir aux milles choses éparses, mille étant un chiffre approximatif, je n’ai pas pris mon café, je ne compterai quand même pas les traîneries ! Et je trouve le contenant pour shaker. Ô joie ! De courte durée, le couvercle est fendu. C’est un signe du destin, je ne suis pas faite pour les diètes protéinées en shake.

J’allais vous dire quelque chose de profond et de moralisateur suite à cet événement, mais comme je n’avais pas pris mon café, ni mon concerta, je ne m’en souviens pas.

Si ça revient, je vous promets que je ne vous ennuierai pas avec ça. Ce qui ne veut pas dire que je ne vous l’écrirai pas, mais que je vais essayer d’en rendre la lecture agréable.

Êtes-vous encore là ?

Pourquoi le silence agrémenté de la fan de mon laptop ne porte-t-il pas l’écho de vos voix chéries ? Seriez-vous en train de prendre un vrai café ?

Du bon temps ?

Je vous le souhaite !