Revoici "Brouillon de culture", l'émission bloguesque qui rend les internautes moins cons en leur ouvrant l'esprit sur la beauté et la finesse.

Et remarquez comme le temps file vite : il s'agit déjà du dixième numéro de cette remarquable chronique que l'univers entier nous envie. Pour les internautes de passage qui ne la découvrent qu'aujourd'hui et baignent donc encore dans le jus glauque de leur inculture crasse, il reste possible de s'offrir une session de rattrapage en allant dévorer les numéros précédents ici : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8 et 9...

Pour fêter dignement ce dixième numéro, je suis allé quérir dans mon immense bibliothèque trois purs chefs-d'œuvre de la littérature française que tout homme de goût se doit d'avoir lus dans sa vie.

Allez, même si je sais que vous avez facilement le vertige, il est grand temps de vous élever un peu intellectuellement...





Terre des ohms - Antoine de Sainte-Elec-Hucéhéry

Cette œuvre autobiographique, lauréate du grand prix du roman de l'Académie française, relate une série d'événements de la vie de l'auteur datant de l'époque où il travaillait pour la Rhéostale, une compagnie d'artisans électriciens, et aborde des thèmes aussi essentiels que la mort, le sens de la vie, l'amitié, etc. Le cœur du récit de Sainte-Elec-Hucéhéry est son accident en 1935 où lui et son apprenti faillirent mourir électrocutés en intervenant sur une installation intérieure dont la mise à la terre était défectueuse.

C'est d'ailleurs cet événement qui inspirera à l'auteur une autre œuvre magnifique, "la petite pince", dans laquelle il incite tous les électriciens du monde à ne jamais oublier d'utiliser leur pince ampèremétrique.

Quelques citations du livre :

  • « Aimer son boulot d'électricien, ce n'est pas se regarder l'un l'autre, c'est regarder ensemble où l'on fout les doigts. »
  • « Ce que j'ai fait, je te jure, jamais aucune bête ne l'aurait fait : elle aurait d'abord vérifié l'absence de jus. »
  • « Ce qui me tourmente ..., c’est un peu, dans chacun de ces hommes, Mozart électrocuté. »




L'enflure du mâle - Charles Bauderriaire

Ce recueil de poèmes est une oeuvre majeure de Charles Bauderriaire, mais également de la poésie moderne. Il y sublime la fonction érectile du sexe masculin en l'enrobant d'une esthétique nouvelle, dans des poèmes où la beauté le dispute à la force onirique des images.

Voici l'un des plus beaux poèmes de ce recueil....





Autr' races - Corbeille

Cette pièce en vers, dont l'action se déroule dans l'antiquité, narre la guerre fratricide qui éclate entre les proches de l'empereur Nicolus Detritus Sarkosius et les Coriaces de l'opposition. Pour en finir, chaque camp désigne quelques champions qui se battront en combat singulier pour décider du vainqueur.

Mais très rapidement les Coriaces de l'opposition abattent les champions de Sarkosius, en dénichant des malversations qui virent au scandale et causent leur mort politique : Blancus, Joyandetus, Estrosius sont ainsi rapidement mis hors combat. Les Coriaces blessent ensuite gravement Woerthus, un proche de Sarkosius et son dernier rempart. Seul guerrier valide de son camp, Hortefeuxius, en habile stratège, décide de détourner l'attention en allumant un contre-feu : il trouve des boucs émissaires parfaits pour tous les malheurs de la Cité, les Roms, qu'il voue aux gémonies et à la vindicte populaire dans un brillant discours :

Roms, l’unique objet de mon ressentiment !
Roms qu'à tour de bras j'expulse bruyamment !
Roms que j'envoie paître et que mon cœur abhorre !
Roms enfin convoyés vers les aéroports !

L'astuce, bien que grossière, se révèle payante : oublié quelque temps de l'opinion publique, Woerthus peut enfin se relever, panser ses plaies et continuer à batailler pour son empereur blingus-blingus. Les Coriaces, toujours aussi nuls et naïfs, sont bien partis pour perdre encore une fois les élections impériales qui se profilent à l'horizon.