Ah les gags médicaux, lorsqu'on les voit caricaturés par "les Nuls", on n'y croit pas vraiment, quand même ils exagèrent...

Eh bien non, il faut même croire qu'ils sont en dessous de la réalité. Voici quelques exemples, mais qui ne concernent que mon petit vécu. Bien d'autres existent, mais qu'on n'ose pas toujours vous raconter...

Tout d'abord le cas de ce brave homme accompagné de sa fille qui me dit : "Elle a beaucoup de fièvre, touchez son front, voyez comme elle est brûlante !" D'un ton paternaliste, je pose ma main sur le front de l'enfant et réponds au papa : "Mais non, mais non, vous vous inquiétez pour rien, elle est toute froide votre fille !" Par acquis de conscience, je lui glisse un thermomètre sous le bras. A ma grande stupéfaction, l'enfant avait 39,5. Bin merde alors, j'avais tout simplement oublié que j'étais moi-même en pleine crise de paludisme. Tu m'étonnes que je la trouvais froide la petite, j'avais 40. Un docteur ne doit pas avouer son mal, je dus donc soutenir en silence pendant le reste de la consultation le regard accusateur du père qui se demandait quel était ce charlot dont le teint était semblable aux pages de l'annuaire professionnel, et qui ruisselait de sueur sur ses ordonnances. Encore un qui m'a pris pour un alcoolo...

Et pourtant j'étais loin d'être le pire. Un chirurgien que j'ai connu jadis, un artiste, avait voulu s'essayer à l'orthopédie : un jour qu'il avait à fixer des plaques sur un fémur fracturé, il se surpassa en virtuosité. Malheureusement, lorsque l'intervention fut terminée, les infirmiers n'arrivaient plus à soulever le malade. En regardant bien, ils s'aperçurent que le pauvre malheureux avait été vissé à la table d'opération ! Risquait pas de s'échapper celui-là...

Une autre fois, les clients se bousculant dans ma salle d'attente, je fis rentrer un couple. Ils s'assirent tous les deux et la femme m'énonça tous ses symptômes. Visiblement, ça se passait dans le bas-ventre, et un examen plus approfondi s'imposait. Je lui demandai donc de se déshabiller, ce qu'elle fit sans rechigner, lorsque le monsieur qui l'accompagnait m'annonça que lui aussi était malade et qu'il était arrivé avant elle. Je compris soudain qu'ils n'étaient pas ensemble, et avaient cherché chacun à passer l'un devant l'autre. Je reconduisis aussitôt l'indélicat vers la sortie. Le plus cocasse dans l'histoire fut que la femme avait trouvé tout naturel de se déshabiller devant un étranger et l'aurait fait jusqu'au bout si je n'avais rien dit !

Mais que dire de cette femme qui consulta aux urgences, le crâne à moitié décalotté de son cuir chevelu ? Après un interrogatoire serré, j'appris que le coupable était son mari qui lui avait tout simplement jeté le poste de télévision sur la tête, et que la cause en était un simple désaccord sur les programmes. Je tiens à préciser que les écrans plasma n'existaient pas à l'époque, et qu'il s'agissait d'un bon vieux poste à tube cathodique. Eh bien oui, y a des mecs pas fins dans la vie, et nos censeurs du CSA devraient y regarder à deux fois avant de diffuser Dallas à la même heure que Téléfoot...

A propos de mecs pas fins, je fus un jour appelé sur un un navire de la marine marchande pour soigner le cuistot de l'équipage. L'homme était de stature imposante, style Obélix mais sans les tresses, avec de gros tatouages sur les bras, et une paire de bacchantes à la gauloise. Après l'avoir examiné, je descendis dans le séjour pour rédiger mon ordonnance. L'équipage était assis au complet autour de moi, et lorsque je voulus savoir le nom du malade, il me répondit d'une voix menaçante : "Ducon". Je lui fis répéter : "DUCON !", et il me l'épela : "D - U - C - O - N !" Aille ! Surtout, ne pas rigoler ! Lorsqu'on porte un nom pareil, il y a trois solutions : soit on se résigne à être un éternel souffre-douleur, soit on demande à changer de nom, soit on décide d'assumer son nom, ce qui signifie que toute sa vie durant, il va falloir fracasser un par un tous les plaisantins qui s'autorisent la moindre réflexion. Visiblement, ce lascar avait choisi d'assumer. Il était là, planté devant moi, ses bras croisés, guettant la moindre de nos réactions. Je compris au regard fuyant des autres marins qu'il ne fallait surtout pas laisser échapper le moindre sourire, un silence de mort régnait dans la pièce, on eut entendu une mouche voler, ce qui n'est pas habituel chez des marins. L'intensité dramatique se faisait sentir, mais l'envie de rire se faisait de plus en plus pressante chez moi, vous savez bien, dans ces cas là on pense toujours à un copain que la situation aurait fait marrer et qui aurait tout fait pour nous faire exploser, en plus il avait vraiment une gueule à s'appeler Ducon celui-là, mais cette envie de rire restait étouffée par la terreur des conséquences, je tins bon jusqu'au bout et quittai le navire ; cependant, arrivé au niveau de la passerelle, n'y tenant plus, j'explosai d'un fou-rire nerveux impossible à réprimer, me tortillant comme un singe, j'en pleurais presque, lorsque je m'aperçus avec effroi que Ducon m'avait suivi et m'observait depuis le bastingage. Je n'eus que le temps de m'enfuir après avoir frôlé le pire...

A propos de cuistot, comment oublier cette Maïté en herbe, qui avait utilisé la poudre anti-fourmis de chez Baygon en guise de farine pour faire sa tarte aux pommes, et qui après en avoir avalé quelques bouchées, ne la trouvant pas à son goût, s'était débarrassé de son œuvre dans le champ du voisin ? Résultat : la donzelle hospitalisée en soins intensifs et 8 moutons raides morts, dont une brebis qui allait mettre bas. Tu la voudrais pas comme voisine celle-là, Saoul-Fifre ?

Et des gens excentriques, qu'est-ce qu'on en a vu ! Je pense à cette Mamie à l'hôpital de Périgueux, qui avait peur d'attraper froid et que nous entreprîmes de déshabiller. Elle était tellement emmitouflée, qu'au douzième pull-over retiré, les infirmières étaient déjà malades de rire. Elle en avait mis 18 au total, encore une qui ne risquait pas de s'enrhumer.

Sans oublier cette autre originale qui dévorait des savonnettes à longueur de journée comme d'autres dévorent des tablettes de chocolat. "Je sais que c'est mauvais pour ma santé, mais c'est vraiment trop bon, je peux pas m'en empêcher" me disait-elle ; je vous dis pas la gueule de son estomac...

Et que dire de ce père bien intentionné qui m'avait amené sa fille de 5 ans souffrant de vomissements, et à qui j'avais prescrit un vermifuge et des suppositoires de vogalène. Le papa revint mécontent quelques jours après, se plaignant que les vomissements avaient augmenté et qu'elle avait en plus de la diarrhée. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque j'appris que le gentil papa n'ayant pas bien compris mes explications, avait forcé sa fille à avaler les suppos, et lui avait introduit les énormes comprimés de Zentel dans le derrière ! Pas étonnant qu'elle ait eu la diarrhée après un tel traitement !

Et cet autre monsieur, brûlant de fièvre à qui nous avions voulu prendre la température, mais dont le thermomètre refusait de monter ! Après quatre tentatives, le mercure restait désespérément à 36 alors que son corps bouillait manifestement ! Mais oui, mais c'est bien sûr, aurait dit Souplex, nous avions simplement oublié de lui expliquer qu'un thermomètre s'enfonçait par le petit bout !

Et cette autre innocente qui ignorait que les suppositoires devaient être retirés de leur emballage avant d"être introduits ! !

Sans parler de cette jeune fille complètement paniquée, qui téléphona au centre anti-poison parce qu'elle avait avalé... du sperme. Jusqu'où s'arrêteront-ils aurait dit Coluche !

Mais que dire encore de ce grand couillon qui se pointe aux urgences en imperméable, obligé de nous dévoiler tout penaud, sa zigounette coincée dans le goulot d'une bouteille? Mais que diable était-il allé faire dans cette galère?

Et les corps étranger, qu'est ce qu'on a pu en extraire des corps étrangers : dans l'oreille, dans l'estomac, dans le nez, ce fameux haricot qui avait germé dans le nez d'un enfant, et dont la tige dépassait par les narines, sans compter ce monsieur un peu efféminé qui s'était "malencontreusement" assis sur une barre de fer qui se trouvait être par un hasard lubrique, placée en position verticale sur une chaise, et qui à présent ne parvenait plus à la retirer de son postérieur ! La barre de fer n'est qu'un cas très banal, les objets les plus originaux sont régulièrement retrouvés dans les rectums de nos malades : cela va du pommeau de douche, à la bouteille d'Orangina, le verre à pied, l'ampoule électrique, la brosse à chaussure, et depuis peu, les téléphones portables : "Allo, Allo, c'est toi Bébert ? Parle plus fort, je t'entends pas très bien !"

Et pour finir en beauté, le fameux "Pénis-captivus". Le pénis-captivus, c'est le gars qui se retrouve pris au piège en pleine saillie : une contraction involontaire des muscles vaginaux de sa partenaire l'empêche de se retirer, un peu comme les chiens lors de l'accouplement. La compression des corps caverneux du mâle entraine un œdème du gland qui rend le retrait totalement impossible. Plus on force, et plus le spasme augmente...

La solution ? Elle est simple : faire un toucher rectal à sa partenaire. Encore faut-il connaître le truc. Et quand on ne le connait pas, eh bien on appelle le SAMU ! C'est ce que fit ce couple surpris en plein coït, et qui habitant au 6ème étage dut descendre tout l'immeuble dans cette position honteuse, devant tous les voisins ébahis, pour ouvrir aux ambulanciers du SAMU !

Et ce monsieur de 72 ans, habitué du bois de Boulogne, et qui avait voulu b... mais chuut... Secret médical...