Le surhomme est tombé. L'homme aux sept tours de France, n'était en fait qu'un vil tricheur.

C'est pitié de voir ses afficionados, atterrés, tenter de lui trouver des excuses foireuses. Ils brandissent l'étendard de la triche "organisée", des exigences du monde de l'argent qui lancèrent le pauvre Pouce... Euh, pardon qui poussèrent le pauvre Lance à commettre l'irréparable, pris dans les rets gluants et ignobles d'une machination diabolique à l'insu de son plein gré.

D'autres jouent les faux étonnés. Comment ? Ce n'était donc pas possible, d'être ce champion extraordinaire que l'on nous contait ? Celui qui est capable d'enfiler l'Aspin, l'Aubisque et le Tourmalet à trente de moyenne et de grimper en arrivant encore vingt mètres de cordes à nœuds, alors que ses poursuivants ahanaient deux kilomètres derrière, à la ramasse...

Ça avait pourtant de la gueule, les exploits de ce beau mec bien balancé qui semblait tout droit sorti de la cuisse à Jupiter. Une cuisse triomphante, luisante et impeccablement épilée... Ça faisait rêver les ménagères de moins de cinquante ans en mal de héros absolu, et les cyclistes du dimanche qui coincent leur petite brioche dans un jogging décathlon ou un cuissard en lycra avec entrejambe en peau de chamois (ancien) ou en gel spécial irritations (moderne) pour faire le tour du bois de Saint-Cloud.

Là où il avait vraiment ému les foules, l'homme en jaune, c'est en se battant contre son cancer des "gesticules", des "choses de la vie" comme disait le regretté Coluche. Quand je pense qu'on avait tous gobé la version selon laquelle les frottements itératifs de ses valseuse contre la selle en silicone auraient pu être à l'origine de ce haut mal. Alors que son "gonade blues" résultait qu'il était simplement chargé comme une mule par les piquouses du professeur F.... son sulfureux toubib.

Il n’est qu’une victime expiatoire de plus, un « exemple » sur lequel peuvent se déchaîner les médias : mais pour un démasqué, fût-il mythique, combien de sportifs de « haut niveau » continuent de tricher impunément ?

Nan, mais, faut être un peu naïf pour croire que Superman existe à l’état naturel. Quand on a taquiné un peu du braquet et de la pédale, comme moi dans ma jeunesse quand je suivais (par amour) mon homme dans ses plus folles équipées cyclistes, on sait bien que certaines performances tiennent de l’irréalisable.

J’en ai grimpé des côtes, des rampes, des cols, soufflant comme un âne malgré mon 30-28, faisant du sur-place les pieds coincés dans les cale-pieds à la limite de la rupture d’équilibre. J’ai enchaîné les « faux-plats » (doux euphémisme), les crampes, les muscles tétanisés, les fesses à vif, la moule en compote… J’ai tout enduré : les fringales, les hypoglycémies, les vertiges de la descente, les lignes droites qui n’en finissent pas, le découragement, les crevaisons en plein vol, les dérapages sur les gravillons, les boyaux qui éclatent, les chaussures ferrées qui font clip-clop, le dérailleur qui déraille, les mains pleines de cambouis quand on essaie de remettre la chaîne sur ces putains de pignons… Sans parler des tenues particulièrement sexy et du bronzage cycliste qui n’a d’égal que son homologue agricole.

Bref, j’en ai chié des ronds de chapeau. C’est con, le vélo, c’est dur ! C’est un sport de barge. Bien sûr, j’ai jamais fait de compétition, hein. Juste « des balades » pour « le plaisir ». Et en plus je ne suis qu’ une faible femme, ne l’oublions pas.

Mais même avec ses gros biscottos et un gros paquet de biftons au bout, ce qu’ il arrivait à faire, Armstrong, c’était juste pas possible. C’était pas humain. Malgré ce qu’ on nous a fait avaler pendant des années. Fallait une intervention divine, comme dans les histoires de la mythologie. Un doigt de Dieu qui s’appelait E.P.O.

Et pour les gogos qui acclament les champions, un Enfumage Patiemment Organisé…