(ch'tiot crobard Andiamo)


Elle était là, face à la mer, sa brune chevelure flottant au vent, ses yeux d’un vert profond reflétaient la furie des vagues battant les falaises blanches.

Elle était nue et ne semblait nullement souffrir du froid accentué par le Noroît, ce vent qui comme son nom l’indique souffle du nord et quasiment en permanence sur cette côte de la Manche.

Je ne voyais aucun vêtements posés près d’elle.

- Vous n’avez pas froid ? demandais-je bêtement, histoire d’engager la conversation.

- Non, je suis habituée, je viens très souvent ici, me répondit-elle en me gratifiant d’un généreux sourire.

Le grain de sa peau était magnifique, je pensais qu’elle aurait eue la chair de poule à cause du froid. J’adore quand, sortant de la douche, une femme présente cette particularité, j’aimais avant l’amour faire prendre une douche à mes jolies fiancées afin de me régaler de leur peau ainsi légèrement granuleuse.

Elle suivait du regard, vert son regard… Ah ! Je vous l’ai déjà dit ? Pardon, je me répète, à mon âge rien d’étonnant ! Elle suivait, disais-je, le vol de deux goélands cendrés nombreux dans cette région. Ils s’amusaient, leurs ailes largement déployées, à suivre les courants ascendants dus à l’effet dynamique du souffle contre la falaise. Les vélivolistes et parapentistes connaissent bien ce phénomène.

Elle les regardait un léger sourire sur ses lèvres à peine rosées, les mains croisées sur ses genoux.

- Il est facile d’en faire autant, me dit-elle en se retournant et me fixant droit dans les yeux.

Par ce mouvement, elle fit bouger légèrement sa poitrine, ce qui eût pour effet de me mettre dans un état proche de l’Ohio !

- Car l’effet dynamique est tellement violent que quiconque peut planer un instant : il suffit de bien écarter les bras et les jambes !

En disant cela, elle rosit légèrement, ce qui ajouta à ma confusion.

- Vous avez l’air dubitatif ? m’interrogea-t-elle en secouant sa jolie tête, faisant virevolter son épaisse chevelure noire comme les abysses.

- Ben oui !

Lentement, elle se leva, dévoilant une partie de sa personne qui ne laissait aucun doute quant à la naturelle noirceur de sa chevelure !

Elle s’approcha au plus près du vide, je lui bredouillais quelque chose comme :

- Attention, vous pourriez glisser !

Elle se retourna, me dédia un sourire à faire fondre un Bouddhiste même endurci (sans allusion aucune), elle écarta ses bras et bascula en avant !

Je ne pus retenir un cri !

Précautionneusement, je m’approchais du bord de la falaise, prenant garde aux éboulis pouvant se produire à tous moments... Elle était là, deux ou trois mètres plus bas, bras et jambes écartés, puis elle remonta, profitant de l’effet de pente, et atterrit avec une grande maestria quatre ou cinq mètres derrière moi.

- Alors ? interrogea-t-elle.

- Incroyable ! Vous avez réellement volé !

- Oh, voleter plutôt, soyons modeste ! Mais vous pouvez en faire autant, vous savez ?

- Moi… Moi ? Vous plaisantez ?

- Pas du tout ! Allez-y, je vous accompagne afin de vous rassurer. Quoi qu’il arrive, je serai là.

Je m’approchais du bord de la falaise, au plus près même. Elle m’avait précédée : bras et jambes écartés, elle flottait en contrebas. Elle était vraiment splendide, et l’envie de la rejoindre et de flotter ainsi à ses côtés fut la plus forte…

Je m’élançais dans le vide, bras et jambes largement ouverts, et bien sûr je chutais ! Au passage, j’ai eu le temps de l’entendre dire :

- Je suis un ange… Mais une belle salope tout de même…

Depuis je suis assis à côté d’elle au bord de la falaise, et nous attendons des gogos !