Malgré une littérature à gogo (j’ai pas dit DE gogo, mais quoi que parfois…), Mars n’ayant toujours pas compris Vénus, j’apporte ma contribution à la pacification des relations entre les sexes. Bien que nul ne soit prophète en son pays, j’offre la primeur de cette leçon de maintien marital aux maris pas marris de ces dames de mon coin de pays.



Salut c’t’ami,
écoute voir c'que je peux te dire.

Tu viens de dégoter une modà*. Congratulations t’as tiré un bon numéro.
Pour pas t’empêtrer avec ta Louise* et qu’elle fasse de l’usage, faut respecter les consignes, comme dans un cours de répèt*.
Ta modà, c’est du chtoff*, mais y a quand même des trucs qui ont des susceptibilités*, rapport à Jean Rosset* ou les frimas, alors vas-y molo pour l’espédier au plantage*. Quand ça tape trop fort sur la tchoupe*, tu lui offres un chapeau de paille, et une pèlerine quand ça roille* comme vache qui pisse.

Parfois, une modà, ça dégouline à répétition sous les mirettes.
T’y fais pas trop gaffe, parce que ça revient comme le mildiou sur les vignes pas sulfatées, mais en plus souvent. Recta, t’y essuies tout en douceur les quinquets* avec un moqueux*.
Quand ça dégouline comme la Pissevache*, tu prends la panosse* et tu lui racontes des gentillesses avant de guinguenatsser* pour la consoler. T’as une liste de gentillesses dans la partie interdite pour les bouèbes*.

Dans la modà, t’as des trucs importants à savoir. Ça t’a une mémoire d’éléphant que t’as pas idée. La modà standard n’oubliera jamais le bouquet de chrysanthèmes acheté par mégarde pour sa fête.

Pour pas qu’elle fasse la meule*, à la paie du lait, te faut l’inviter à aller manger le bout-de-fat* à Payerne, mais sans ramener une machurée... Dans les cas graves, faut-y aller d’un vincande à Moillemargot ou carrément à Villeneuve.

Tu peux aussi faire tout ça sans attendre qu’il y ait du pétard parce qu’elle risque bien de te faire la potte* pendant que tu t’esquintes à lui faire plaisir.

Les modàs, t’en a pas deux pareilles, mais t’as un truc où elles se ressemblent toutes : deux trois fois par an, faudra lui changer son costume du dimanche, parce que pour elle, elle ne veux pas du rapietcé*. Avant de te décider, regarde voir à la Placette*, c’est moins cher que l’Inno* et y z’ont aussi les éclaffe-beuzes qui vont avec.

Elle t'a vite poussé des siclées* qui peuvent ridiculiser les cloches de la cathé si y a du chnabre*.
Et y a vite des bringues* si une bedoume* bien foutue s’approche de toi. Le dernier avertissement avant la crêpée de chignons, c'est toujours pareil :

- Dis-voir la gueïupe*, t’arrête de faire les yeux doux à mon mari ou je te file une grulée*.

Là, y a plus à pétasser*, une des deux doit déhotter*.

Ta modà est multifonction, comme le couteau suisse : Moutre*, infirmière, femme de ménage, pasteure, régente*, meneuse à la promenade dominicale, couturière, masseuse, organisatrice des fêtes des grillots*, et une raquaquée* d’autres trucs.

Mais elle a aussi des fonctions délicates dont y faut pas trop abuser, comme « cuisinière » ou « femme de ménage », parce que ça peut tout faire péter dans le ménage, surtout si tu ramènes une fédérale*. Evite alors de dégobiller* sur la moquette, parce qu’elle aurait raison de bouéler*

Si tu la prends pas avec des pincettes, ta modà fera bien de l’usage parce que la qualité suisse, c’est pas de la gnognotte* et tu regretteras pas d’avoir été chez le pétabosson*.

n.b. : Il existe le modèle bourbine*, blonde aux yeux bleus. Mais attends un peu avant de fantasmer... C'est un modèle spécial K3. Ce qui ne veut pas dire qu’elle rupe* trois fois des céréales le matin (quoi-que…), mais qu’elle a trois occupations exclusives: Kinder*, Küche*, Kirche*. Probablement que certaines ont été bercées trop près du mur, alors ça fait forcément du tort pour causer philosophie.

Alors voilà c’t’ami, à la revoyure* et salutations au gouvernement*.

Blutch