Le musée des Confluences à Lyon
Par Blutch, mercredi 27 avril 2016 à 00:00 :: Jus de cervelle :: #1847 :: rss
Architecte : CoopHimmelb(l)au
Aussi connu par Gogol sous l'appellation « Urinoir de lit. »
Avant toutes choses, j'ai découvert, sur le site du musée, de drôles de mises en garde:
« 1 - Pour pouvoir utiliser et/ou exploiter l'image du bâtiment du musée (intérieur ou extérieur) ou du jardin, pour toute publication et pour toute reproduction, à titre commercial ou non, vous devez TOUJOURS obtenir l'autorisation de CoopHimmelb(l)au (s’en passer vous rend coupable du délit de contrefaçon). »
« 2 - Par ailleurs, au titre du droit de propriété, tout propriétaire d’un bien dispose d’un droit de regard sur l’image de ce bien (art 544 du Code civil). A ce titre, il peut refuser l’usage de toute image qui lui causerait un « trouble anormal de jouissance ». Toute utilisation portant préjudice au propriétaire du bâtiment vous expose à des poursuites. Vous vous devez d’être vigilant sur les usages envisagés. »
Dois-je en conclure que d'avoir un avis critique sur ce musée et de le faire savoir m'exposerait aux foudres de la loi
Un bâtiment est légalement une œuvre d'art (rigole pas, même le hangar à bateaux en tôle ondulée en est une...). Toute œuvre d'art est sujette à critiques (positives ou négatives) sans que l'auteur ou l'acheteur puisse interdire ce qui est un droit fondamental d'avoir une opinion et de la faire partager. Qui plus est lorsque l'acheteur est une communauté de droit public (le département du Rhône). Donc sus à la censure et en avant la zizique.
Quatre chiffres :
Devis initial : 61 millions d'euros Facture finale : environ 350 millions d'euros sans les collections. Coût annuel de fonctionnement 15 à 30 millions. Nombre de visiteurs escomptés : 500'000/an à 8€ soit 4 millions€/an
Pour parler rapidement du contenu, c'est un joli foutoir qui va de squelettes de dinosaures à des interrogations métaphysiques sur la mort en passant par des bestioles taxidermisées et parfois monstrueuses (mouton à deux têtes, singe siamois, etc.). Inutile de les chercher, Eléphant Man et la femme à barbe ne sont pas exposés.
Une expo remarquable toute fois sur la construction en pisé (ou terre crue), avec des maquettes de maisons traditionnelles et néanmoins exotiques...
Maison traditionnelle du Caméroun
Maison traditionnelle du Togo
En fait, ce qui m'intéresse le plus dans un musée, c'est le bâtiment lui-même, et là, je n'ai pas été floué...
A la base de ce machin, il y a une école d'architecture particulière : Le déconstructivisme. Cette école fait partie d'un vaste mouvement d'art nouveau qui comprend entre autres les peintres de monochromes dont j'ai déjà parlé ici :
http://blogborygmes.free.fr/blog/ecrire/index.php?q=l%27art+cul+tue+le+r%C3%A9el
Déjà rien qu'à l'énoncé du style, il y a de quoi être inquiet. Donc pour me rassurer, je vais voir Wikipédia, et là, tout s'illumine dans ma tête.... Jugez-en :
« C'est un mouvement contemporain, parallèle et différent du postmodernisme, qui s'oppose comme lui à la rationalité ordonnée de l'architecture moderne, mais sur des fondements complètement différents puisqu'il assume pleinement la rupture avec l'histoire, la société, le site, les traditions techniques et figuratives. ** Il revendique la philosophie postmoderne, en particulier ses idées de fragmentation et de polarité négative***, qu'il associe à des processus de design non linéaire, à des thèmes comme la géométrie non euclidienne, en poussant à l'extrême des thèmes de l'architecture moderne comme l'opposition entre structure et enveloppe, entre plancher et mur, et ainsi de suite. Les apparences visuelles des réalisations dans ce style sont caractérisées par une imprédictibilité stimulante et un chaos contrôlé. »****
Faut-il préciser que ce sont tous les voyants rouges qui se sont allumés.......
** Ce qui veut dire que par principe on balaie tout ce qui se faisait pour faire n'importe quoi d'autre, pourvu que ce soit inédit.
*** Pour ce qui est de la polarité négative, c'est une réussite complète pour l'énergie du lieu.
Les seuls endroits où l'énergie est positive (donc bénéfique), ce sont les couloirs et les lieux d'aisance. Ce qui limite passablement l'intérêt pour un tel bâtiment.
**** Pour ma part, j'ai trouvé l'imprédictibilité très fatigante parce que se pavaner dans une énergie forte et négative, allant à contre-courant du flux piétonnier, ce n'est pas ce qu'on peut souhaiter de mieux.
On pourrait supposer que la première qualité d'un bâtiment est que les gens qui l'habitent, y travaillent ou le visitent se sentent bien. Là, ça ressemble à un zéro pointé...
Place à la visite...
On commence par une rampe d'escalier extérieur en guise de bienvenue, avec un premier contrôle des sacs sous la flotte. Aucun risque de se faire confisquer sa bombinette si les fils du détonateur ne pendent pas à l'extérieur du sac...
On entre dans le musée par la verrière et c'est là que les choses se gâtent.
On se trouve dans une gigantesque bulle de verre sur un squelette fait de 6'600 tonnes d'acier. L'acier ayant un champ magnétique propre et permanent, on se trouve dans une indescriptible salade où le Nord magnétique de la boussole arrive à faire des sauts de trois-quarts de tour sur un déplacement linéaire de 80 cm. Les trois photos sont prises au pied du vortex, l'appareil toujours dans la même orientation, dirigé vers l'entrée.
Le trou d'obus de la verrière agit comme un vortex d'énergie... négative.
En fait, dans cette verrière on s'y sent mal. L'énergie y est négative et on est déstabilisé (sentiment de perdre son équilibre et de ne pas bien maîtriser la trajectoire de sa marche). En regardant déambuler les visiteurs, c'est visible.
Ce sentiment d'instabilité se retrouve dans les salles d'expositions, mais de façon bien moindre, voir pas du tout dans les couloirs et les WC du musée. Curieux ?... Pas tant que cela. Les architectes se sont définitivement fâchés avec la verticalité, sauf dans les exceptions mentionnées. Or notre stabilité verticale a besoin de repères pour s'étalonner. Les seules parties verticales dans la verrière sont les barrières des passerelles et des escaliers, encore faut-il être dans le bon axe et de toutes façons, leur hauteur est trop faible.
Dans les salles d'exposition, la déco n'a pas non plus de verticalité, sauf les salles où sont exposées telle quel les collections d'anciens musées réformés.
La verrière aurait pu être un formidable atout écologique. Pourtant, il n'en est rien, pourquoi ?
Elle est dans la partie nord du bâtiment, donc la moins exposée au soleil. Choix semble-t-il délibéré pour limiter la chaleur en été. Une serre ou véranda, de 50% de la surface en dur de la maison, accolée en position Sud permet un chauffage passif de l'ensemble.
Pour cela, il faut quelques aménagements qui manquent au musée :
Une circulation d'air froid passant de la partie basse en béton vers la verrière. L'air s'y chauffe et s'évacue en sommet de verrière vers le bâtiment. Une circulation forcée permet de répartir la chaleur dans toutes les salles. L'été, la chaleur est évacuée dehors et des pare-soleil évitent une surchauffe de la verrière. Questionnés à ce sujet, des employés à la communication du musée m'ont expliqué que c'est un projet vieux de 15 ans qui n'a donc pas toutes les options écologiques modernes... Mais bon, le système de véranda chauffante date des années 70...
Le musée est équipé de 600 m2 de panneaux photovoltaïques, censés assurer l'autonomie électrique du musée. Même les employés cités ci-dessus en doutent, alors un petit calcul s'impose : 18 m2 de panneaux produisent annuellement 2300 kWh, ce qui donnerait 76'000kWh, soit une moyenne journalière de 210 kWh ou la consommation de 10 à 15 villas familiales... Rien à voir avec ce que peut consommer un tel bâtiment.
Peut-être faut-il regretter que le déconstructivisme des auteurs n'aie pas été jusqu'à balayer la notion d'horizontalité et de planitude des sols qui sont des conventions architecturales bourgeoises et rétrogrades … Ca manque de rigueur ce déconstructivisme...
Blutch
Commentaires
1. Le mercredi 27 avril 2016 à 08:30, par lttg
2. Le mercredi 27 avril 2016 à 10:38, par alainx
3. Le mercredi 27 avril 2016 à 10:54, par Andiamo
4. Le mercredi 27 avril 2016 à 11:22, par Oncle Dan
5. Le mercredi 27 avril 2016 à 21:11, par Bof.
6. Le mercredi 27 avril 2016 à 22:02, par Célestoche
7. Le mercredi 27 avril 2016 à 22:09, par Blutch
8. Le mercredi 27 avril 2016 à 22:42, par Blutch
9. Le mercredi 27 avril 2016 à 23:08, par Blutch
10. Le mercredi 27 avril 2016 à 23:28, par Blutch
11. Le mercredi 27 avril 2016 à 23:36, par Blutch
12. Le mercredi 27 avril 2016 à 23:58, par Blutch
13. Le jeudi 28 avril 2016 à 11:55, par Saoul-Fifre
14. Le jeudi 28 avril 2016 à 18:30, par Blutch
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