Entre deux, l'eau s'est infiltrée dans la montagne par un emposieu pour s'évader de la cuvette locloise, y creusant une galerie et des grottes.

En 1549, plagiant Dumas bien avant l'heure, un meunier décida que si la force hydraulique ne vient pas à lui, il ira la chercher là où elle est. Il obtient une concession d'eau de la part du seigneur local. En effet, 25 mètres sous terre il trouve une grotte et l'eau du Bied qui y tombe en chute libre.

Il se dit Banco, mais sans l'avoir touché. Il commence donc à aménager le site, mais il arrive vite au bout de ses moyens. En 1660, Jonas Sandoz, un riche meunier, récupère l'idée, le moulin et la concession hydraulique. Il aménage des meules dans la grotte et commence à moudre. Il ira en installer 5 avant de se rendre compte que lui aussi a présagé de ses capacités et il fait faillite.

Les moulins souterrains changent de mains de nombreuses fois. Toutes fois, il reste quelques problèmes qui ne seront jamais résolus:

- Le manque de lumière.

- 25 mètres de dénivelés. Si la descente des sacs de grains peut facilement se gérer, il n'en va pas de même avec la remontée de la farine... 25 mètres représente 9 étages dans un clapier moderne, à faire avec 50 kg sur le dos, faut avoir faim pour accepter un boulot pareil.

- L'humidité de la grotte n'offre pas des conditions de conservation idéales pour la farine.

- La température y est constante à 7°C.



Le lieu est repris pour actionner une scierie. un tunnel de 50 mètres est creusé dans la roche pour sortir l'arbre de transmission de la grotte. Meules, scie et battoir sont réinstallés dans un bâtiment à l'extérieur de la grotte.

Les aléas de la vie, le percement d'un tunnel routier au Cul des Roches (faisant par là même un correctif orthographique et anatomique, le Cul devenant le Col), l'arrivée de l'électricité ont finalement eu raison de ce lieu unique en Europe. C'est même tellement unique, que même à Paris, y en a pas...

En 1884, la Commune du Locle rachète les moulins et la concession d'eau pour avoir la maîtrise du Bied et pouvoir assainir les marais. Les roues seront utilisées pour des essais de production électrique et la Ville du Locle sera ainsi une des premières communes de Suisse à avoir un réseau électrique public.

Les bâtiments sont utilisés comme abattoirs de frontière pour les bêtes malades et la grotte comme dépotoir d'équarrissage, jusqu'en 1966.

En 1973 des spéléos visitent la grotte et décident de la nettoyer. Ce qui reste des moulins intéresse un fondu d'histoire, Marcel Garin** qui fait les recherches historiques pendant que d'autres décident que ces meules retourneront.

35'000 brouettes*** de déchets plus tard, le pari est tenu, et de belle façon...


**C'est ce même Marcel Garin qui récidivera quelques années plus tard avec le site du Gor de Vauseyon dont je vous ai causé ICI:

http://blogborygmes.free.fr/blog/index.php/?q=Gor+du+Vauseyon

Le site des moulins souterrains est ouvert au public depuis 1987.

Blutch


*** une brouette a une contenance de 60 litres. En admettant une moyenne à 50 litres, ça représente la bagatelle de: 1750 m3 de déchets, soit 4 maisons de 100m2 de S.H.

Quelques liens pour des photos, vidéos et explications historiques:

http://www.escapada.ch/Moulins-souterrains-du-Col-des-Roches-400-ans-d-histoire-industrielle_a158.html

http://www.lesmoulins.ch/videos-et-audios/

https://www.tripadvisor.fr/Attraction_Review-g1034762-d4728536-Reviews-Moulins_souterrains_du_Col_des_Roches-Le_Locle.html