2° Son successeur, Jeanpaulski:

Au départ, c’est un patron remuant, qui veut moderniser l’Eglise, faire que les catholiques parlent, remuent et finalement secoue le cocotier pour le plus grand bien de la foi. Il voulait donner la parole aux actionnaires, quoi… Les catholiques progressistes avaient l’impression de retrouver « le bon Pape Jean ». Il faut dire qu’il avait fait carrière de Cardinal en réclamant, pour les croyants, le droit de l’ouvrir, de s’exprimer et de revendiquer leur foi. Forcément, il est resté sur ses vieux réflexes, et comme celui qui ferme le clapoir du peuple n’est plus le PC polonais, Il s’est foutu la Curie romaine sur le paletot.

Le contrôle rapproché est assuré par un charmant cardinal à la voix douce, mielleuse, venu du Nord, lui aussi. Un voisin avec qui il avait eu l’occasion de partager quelques siècles d’histoire virile. Le Polonais s’est fait assister par un Allemand. Mais pas n’importe qui, pas une raclure de pacifiste post 3e Reich non, il avait de bons certificats édités par la Waffen SS. De sa collaboration avec JP2, il a rapidement acquis le sobriquet charmant de « PanzerKardinal ».

Puis un jour, funeste pour l’évolution du catholicisme, le chemin de JP2 croisa celui de Mehmet Ali Agça….

En 1981, il est victime d'un attentat qui fera, par la suite, de cet homme remuant, un vieillard chevrotant. Il doit sa survie au dévouement d'un homme, qui s'est placé entre le Pape et le tueur: Aloïs Estermann.

3° le tueur:

Ali Mémet Agça, assassin d'origine turque, fraîchement évadé de prison où il venait d'obtenir un bon de logement à vie par la justice de son pays. La justice a retenu contre lui qu'il avait agi pour le compte des services secrets bulgares. Parce qu'il est bien compris de tous que la Bulgarie avait un ennemi mortel: le Vatican.... La chute du gouvernement communiste en Bulgarie à ouvert les dossiers secrets des services du même bois, et il n'y a rien concernant le Pape ou Ali Agça. C'est peut-être bien qu'il faut chercher ailleurs. La majorité des Bulgares est orthodoxe, donc si le PC bulgare pouvait avoir un ennemi en religion c'eut été le Patriarche orthodoxe.

4° Aloïs Estermann:

Militaire suisse alémanique, il est le parangon de la fidélité au drapeau, à l'armée, la religion et il a le sens de sa mission quasi divine. Ca en fait un catho intégriste et un soldat zélé. Sa rigidité ne lui attirait pas que des compliments, ainsi, lorsqu'il fut question de le nommer chef des gardes suisses, la conférence des Évêques de Suisse et le chef du département militaire fédéral (qui ont droit au chapitre de cette nomination) feront d'extrêmes réserves. Des informations font alors état qu'il serait un agent de l'Allemagne de l'Est venu pour espionner le Vatican, voir attenter à la vie du Pape. Sauf qu'en 1981, c'est lui qui empêche Ali Agça de donner le coup de grâce au Pape. JP2 lui en sera éternellement reconnaissant. Il sera alors son garde du corps personnel. Ce sera le seul à l'accompagner lors de ses retraites dans les Dolomites. C'est lui qui sera toujours un pas derrière le Pape. Le 3 mai 1998, le Pape le nomme chef des gardes suisses. Il sera assassiné le lendemain.

5° Josef Ratzinger:

Après cet attentat, un personnage prend de l’importance, devient incontournable et se fait nommer, en novembre 81, Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. C’est quoi çà ? Rien de moins que le nouveau nom de l’Inquisition, dont je ne résiste pas à vous en donner l’intitulé complet et officiel : « Sacrée congrégation de l'inquisition romaine et universelle créée par le pape Paul III dans la bulle Licet ab initio, le 21 juillet 1542, cette congrégation avait pour mission de lutter contre les hérésies. »

Ce personnage donc, c’est le cardinal Joseph Ratzinger, déjà décrit un peu plus haut. Un passé nazi réécrit depuis pour le rendre plus soft, quoi qu’il en soit, il a passé d’un totalitarisme à un autre, en étant dans l’aile intégriste de l’Eglise. Fait-il partie de l’Opus Dei, bien malin qui peut le savoir, ils ne sont pas dans le bottin mondain, une chose est certaine, c’est qu’il a ouvert les portes du Vatican à cette congrégation religieuse, qui piaffait à la porte.

6° Calvi, Marcinkus et Gelli

sont probablement l'origine de toutes les malversations vaticanesques. Mais il ont des successeurs, car l'actu de la multinationale de Dieu n'est pas fait que de bonnes actions.

7° Cédric Tornay:

Obscure vice-caporal de la Garde suisse, il s'était notablement "accroché" avec Estermann pour des indisciplines (du genre: arriver de permission avec une minute de retard...) Plutôt joyeux drille et séducteur, il ne pouvait convenir au rigorisme d'Estermann. La Curie avait tout dit sur lui: Tantôt qu'il était l'amant de Gladys Estermann, tantôt l'amant homosexuel d'Aloïs, tout en le haïssant... En voyant sur la vidéo jointe le joli petit lot qui l'attendait dans un appartement de Rome, faut de l'imagination pour suivre la Curie dans ses délires....

8° l'Opus Dei

L’Opus Dei est une congrégation religieuse créée par Salazar, patron autoproclamé du Portugal durant 40 ans, jusqu’à la révolution des oeillets (vers la fin, il avait passé la main à Caetano pour cause de RTT éternels). Salazar ne laissait rien au hasard : il avait l’armée bien en main, la PIDE, sa police politique avec ses inévitables délateurs, les administrations qui obéissaient. Il fallait juste verrouiller le seul espace possible de liberté (bien que toute relative) L’Eglise et ses institutions (cultes, écoles, orphelinats, etc). L’Opus Dei fut donc créée pour mettre un flic fasciste dans chaque école, au culte et dans chaque confessionnal. Elle n’a pas attendu la mort de Salazar pour s’exporter et pour coloniser les autres pays. Mais le seul Etat qui soit vraiment intéressant de dominer, c’est le Siège Social de la boîte, le Vatican. Jean XXIII n’en voulait pas et il a pu les garder à l’écart. Paul VI devait d’abord conditionner la Curie romaine à ce changement, et il n’est tout de même resté qu’un sous-pape en regard de Jean XXIII. Jean-Paul I n’en voulait pas non plus, il ne fut donc que le pape d’une lunaison (32jours). Avec Jean-Paul II qui renâclait aussi, il fallait bien prendre des mesures. Deux fois le coup des pilules, ne faut pas exagérer tout de même. L’attentat commis par les cocos, ça renouvelle le style (pour une fois, ce ne sont pas les anars qui portent le chapeau…). Et puis, un coup sur les rouges, ça défoule. Toujours est-il que le 13 mai 81, JP2 se faisait flinguer, et en novembre, les fascistes de l’Opus Dei faisaient une entrée remarquée au Vatican. En vertu de l’adage policier qui demande à qui profite le crime, il est difficile de croire à la version officielle.

Donc en 1998, Estermann le rigoriste prend la direction des gardes suisses et prend aussi possession de tous les dossiers policiers et judiciaires de l'état du Vatican.

- Mais comment l’Eglise pourrait-elle commanditer un ou des meurtres ? C'est probablement la principale interrogation métaphysique d'Estermann.

On peut lui objecter qu'il ne s’agit que de la frange (et de la fange) intégriste d’extrême droite et que le curé de campagne, pétri de bonne intention et de bienveillance pour sa gouvernante, n'est pas en cause... - L'Eglise se serait-elle compromise à approuver des assassinats de prisonniers? - Aurait-elle toujours excommunié les dictateurs fous qui déclenchaient des guerres ? - Elle qui massacrait joyeusement ses opposants jusqu’au 18e Siècle, et qui ne s’en est jamais excusée d’avoir brûlé vifs des gens parce qu’ils ne pensaient pas comme elle. La doctrine de la Foi que dirigeait Ratzinger est l’héritière de cette façon de tolérer la controverse. Et malgré sa voix mielleuse, Benoît SSeize (appelé aussi 13 et 3) n’a pas la réputation d’un homme de compromis.

Estermann va avoir le droit de fourrer son nez partout et quelques têtes auraient pu rouler à terre... A la fois chef de l'armée et de la police, c'est un poste dangereux pour qui n'a pas déjà fait son réseau de compromissions. Estermann se retrouve donc seul. Seul contre.... il ne sait pas encore qui. Bien sûr qu'il doit se douter de plusieurs choses. La mort de JP1 ne peut pas le laisser de glace, mais comment douter de la parole de l'Eglise... Et puis, l'attentat contre JP2 ne peut pas lui être indifférent. Combien de fois a-t-il revécu ces instants tragiques, combien de fois a-t-il mis en doute la version officielle... Que les Bulgares peuvent-ils avoir à faire du Pape? Les Bulgares sont orthodoxes, pas cathos...

Mais le colonel Estermann n'aura pas beaucoup de temps pour cogiter sur ces interrogations: Le 4 mai 1998, le colonel Aloïs Estermann, sa femme et le vice-caporal Cédric Tornay des gardes suisses du Vatican sont retrouvés morts, tués par balle. Le Colonel Estermann était le chef des gardes suisses et donc le responsable de la sécurité de l’Etat du Vatican.

Lors de ce drame, la Suisse avait immédiatement proposé ses bons offices pour mener l’enquête, s’agissant de ressortissants suisses, et supposant que le Vatican, préoccupé par le salut des âmes, n’avait pas l’habitude de dépêtrer le vrai du faux dans les turpitudes des actes meurtriers. Refus clair et net, presque vexatoire de la Curie romaine : nous sommes parfaitement à même de résoudre ces crimes.

La version officielle tombe rapidement :

3 heures après la découverte des corps, le scénario est connu: Cédric Tornay a eu une crise de folie à la suite du refus de son chef de lui donner la médaille que ses 3 ans de service à la garde suisse lui donnait droit. Il l'a tué avec son arme de service, ainsi que l’épouse de celui-ci, puis s’est suicidé. Encore faut-il des arguments. Lorsqu’il « s’est suicidé », Cédric Tornay avait, selon le Vatican, la tête penchée en avant pour expliquer le suicide d'une balle dans la bouche, puisque la gorge est touchée en interne. Selon la contre-expertise faite par l’institut de médecine légale de Lausanne (qui est un des plus réputés d’Europe), Cédric Tornay avait la tête rejetée en arrière, ce qui rend le suicide pratiquement impossible. Appréciation du médecin légiste de Lausanne sur le travail du légiste mandaté par le Vatican : Des bouchers auraient fait mieux que ça. En bref, ils ont tailladé, découpé, charcuter pour rendre pratiquement impossible une contre expertise. Pour l’Institut de Lausanne, c’était un défi et le médecin-chef adore ça….

L'arme de service de Tornay était un Stig de 9,4 mm et le trou dans la trachée mesurait.... 7mm. Aucune expertise toxicologique n'a été faite. Aucune prise d'empreintes digitales. Aucune précautions sur les lieux du drame. Avant les constatations médico-légale, toute la Curie était déjà passée dans l'appartement, les corps ont été bougés. Une sorte de désinformation scientifiquement organisée. Pour accréditer la thèse de l'assassinat par Tornay, le Vatican a produit une lettre d'adieu pour sa mère, avouant le crime.

Problème encore de ce côté:

- Cédric a toujours parlé "du Saint-Père" et la lettre lui fasit parler "du Pape".

- La mère ne reconnaît pas l'écriture de son fils, tout au plus admet-elle "une certaine ressemblance".

- La lettre est pleine d'erreurs de conjugaison, comme peut le faire une personne qui ne maîtrise pas bien le français, mais Cédric était francophone.

- Dans cette lettre, il est fait mention de la soeur de Cédric en la citant par son prénom: Mélinda. Or Cédric l'appelait toujours par son diminutif: Dada.

- Autre fait déterminant pour accréditer le faux: lors de l'engagement de Cédric dans les gardes-suisses, l'ex-madame Tornay portait un patronyme différent que le sien au moment de la mort de fils. Probablement un 2e divorce. Il n'y avait que la Curie qui pouvait ignorer ce fait, certainement pas son propre fils, or la lettre est adressée au nom de ce patronyme révolu.

- Il n'y a eu aucune prise d'empreintes digitales sur cette lettre.

En reconstituant les faits de façon plausible, j'arrive à la conclusion que Tornay a été exécuté ailleurs que dans l'appartement des Estermann. Il fut probablement jeté à terre, puis, le prenant par les cheveux, "ils" lui ont relevé la tête pour accéder à sa bouche et lui tirer une balle dans la tête. Cette exécution peut même avoir été prise comme un jeu de coqs par la victime... jusqu'à l'apparition du révolver. Ce qui expliquerait l'absence de traces de violences avant la mort. Puis il a été amené, mort, dans l'appartement des Estermann. 2 balles pour Madame, 2 balles pour Monsieur, on dépose le corps de Cédric et la messe est dite.

Un détail pour accréditer ça:

Une religieuse avait entendu le pas lourd d'un homme dans l'escalier menant à l'appartement des Estermann.. Si je veux surprendre des gens, je marche le plus silencieusement possible, sauf si j'ai sur l'épaule un colis de 70 kg...

Un deuxième détail pour faire bon poids: pour 5 balles tirées, il n'y avait que 4 douilles dans l'appartement. Ce qui implique que la 5e balle ait été tirée ailleurs.

Dans les semaines qui ont suivi, les deux tiers (10/15) de l’état-major des gardes suisses ont démissionné avant le terme de leur engagement.

Hippolyte Tayze, plus Père Plaixe que jamais. Avec la complicité de Blutch

A voir la vidéo en fin d'article.

http://laplumeetlerouleau.over-blog.com/article-1981-secrets-et-raison-d-etat-au-vatican-40515181.html