Sommée, enfin non, disons pressentie, par notre cher doyen, de bien vouloir bouger mon auguste fion, afin que de commettre un bifton sur cette non moins auguste plate-forme à haute teneur intellectuelle, que le monde entier et ses environs nous envient avec des regards cupides et néanmoins jaloux, je ne puis qu’obtempérer à une requête exprimée de façon si élégante et spontanée par le susdit.

Me voilà donc dans l’obligation morale de trouver dard-dard un sujet de thèse, vaguement inquiète d’être obligée d’y passer la nuit, quand vlatipa qu’à force de traîner mes guêtres dans les bas-fonds mal famés du darknet, ledit sujet m’est tombé tout droit dessus telle la misère médiévale sur le clergé de la basse Lorraine, au temps de la grande famine, clergé qui comme chacun sait, n’avait plus, à cette époque-là, une seule quiche au lard à se mettre sous le chicot noir et branlant.

Ah ! Quelle félicité que cet heureux et opportun hasard qui m’a fait connaître un phénomène absolument prodigieux et totalement inconnu du quidam moyen (si tant est que l’expression ne soit pas pléonastique (Pléon qui est, comme, vous le savez le frère de Gymn et le cousin de Schol.)) Un phénomène dont je me demande comment il a pu échapper à ma légendaire sargassité d’anguille en bout de course ?

Mais de quoi parle-t-elle, vous direz-vous sans doute, en pratiquant pour cela une salutaire inversion du sujet et du verbe, comme il est de bon thon chez les sardines... Et pourquoi autant de circonvolutions oratoires et de contours sémantiques à consonances maritimes et piscicoles ? Au fait, allons, au fait !

Alors voilà. Foin du suspense insupportable, qui risque de finir par vous donner des poussées d’urticaire géant, selon le bon principe qu’il ne faut jamais abuser de la patience de ses lecteurs favoris, sous peine de réactions cutanées totalement anarchiques.

Je vais donc vous parler d’un fait scientifique avéré concernant nos amis les arbres, et que l’on appelle « la fente de timidité ».

Je vois d’ici s’allumer dans vos yeux égrillards et passablement lubriques une lueur lascive et concupiscente à l’idée que je puisse évoquer en toute impunité un truc vaguement sexuel.

Eh bien non. Au risque d’essuyer votre déception presque palpable dans l’atmosphère moite et chaude de ce blog, la réponse est non. Enfin, pas vraiment. Attendez que je vous explique.

Prenez donc deux ou trois arbres lambda poussant tranquillou bilou dans leur forêt de Gastine, les uns à côté des autres comme de juste. Le profane ne verra que des arbres poussant les uns à côté des autres comme de juste. Mais un œil aigu et avisé remarquera, en observant la ramure desdits arbres en contre-plongée, que les feuilles des uns respectent une sorte d’espace vide afin de ne pas toucher les feuilles des autres, que les professeurs Nimbus de la botanique appellent poétiquement « la fente de timidité ».

Chacun garde en quelque sorte son quant-à-soi. Son cercle vital, par une espèce de pudeur toute arbustive (pudeur qui est, je vous le rappelle, tout le contraire de l’escartefiguerie).

-Dites donc, vous ! bas les feuilles, malappris ! Nous n’avons pas gardé les écureuils ensemble, que je sache, alors prenez vos distances !

-Oh, désolé, je ne voulais pas vous causer de mélèze !

La fente de timidité, non mais, c’est-y pas émouvant ? Et d’une mignonnitude absolument fondante, de la part de ces grands échalas, chênes, érables, frênes centenaires, pudiques comme des pensionnaires du couvent des oiseaux.

Ah…la nature ne cessera jamais de m’étonner.

Et vous, sauf votre respect, ça vous la coupe aussi, ce truc, non ?