Je vais vous conter l’histoire d’une Petite Elfe qui vivait entre une mère égoïste et un papa câlin. Elle avait les cheveux d’or et des yeux d’azur. Elle était joyeuse et espiègle. Comment pourrait-on la définir avec des mots d’aujourd’hui ? Boute-en-train, remuante, hyperactive, un peu fofolle, peut-être…

Tout bringuebalait pour le presque mieux dans un monde assez acceptable lorsqu’un jour, elle avait 5 ans, la mère, devenue Fée Carabosse, et son méchant Troll d’amant décident de se débarrasser d’un père encombrant.

La Petite Elfe plonge alors dans un tourbillon dont elle devient l’enjeu et la victime. La mère ne pouvait alors divorcer car en ces temps révolus, un fidèle catholique ne pouvait divorcer sans s’attirer les foudres de l’enfer et la colère de Dieu, pour une fois réunis sur un sujet commun.

Carabosse et Troll montent alors un plan diabolique pour écarter le père de ses enfants. Ils décident de faire tomber sur la tête du père les foudres de la bienpensance en l’accusant d’avoir voulu souiller la pureté de la Petite Elfe, avec tant de détails que les archers du Prince ne s’en laissèrent pas conter, mais, au sein de la famille, les accusations restèrent journellement présentes et la Petite Elfe grandit dans cette atmosphère toxique alimentée par le méchant Troll que nous appellerions maintenant un pervers narcissique, fourbe et menteur.

La Petite Elfe abusa largement d’une permissivité outrancière avec en excuse leitmotiv : « Tu comprends, avec ce qu’elle a subi avec son père. » Sans jamais lui préciser quoi que ce soit pour éviter tout contrôle.

La Petite Efle devint capricieuse et tourmentée car au plus profond d’elle-même, elle ne pouvait pas rattacher les propos entendus avec ses ressentis. Elle se mit à douter d’elle, et de sa moralité puisqu’elle n’avait pas le souvenir de choses choquantes, elle devait donc aussi être pervertie.

Les doutes, les questionnements incessants devenaient insupportables, alors il est venu le temps d’y mettre des pansements… Potions miracles des apothicaires, paradis artificiels, elle tenta tout. En même temps, la Petite Elfe ne voulu plus grandir et cessa presque totalement de s’alimenter. Le tourbillon s’accéléra car toujours alimenté par les « Avec tout ce que son père lui a fait subir. » Elle alterna alors les périodes de privations et d’excès avec les séjours en dispensaires.

Puis un jour son père pu revenir d’exil. Il reprit contact avec ses enfants et la Petite Elfe pu enfin poser la question qui la torturait depuis près de 20 ans : « Papa est-ce vrai ce que dit maman ? » « Si c’était vrai, tu crois que je pourrais être en face de toi ? » En lui expliquant les accusations de la mère, elle comprit ce que son âme savait déjà (les Petites Elfes ont une âme très développée) : qu’il était normal qu’elle n’ait aucun vrai souvenir traumatisant. Par contre elle se trouva confrontée à un autre problème : « Si ce n’est pas lui le mauvais, c’est donc ma mère ! »

La Petite Elfe que le monde des grands faisait si peur aurait eu un urgent besoin de demande de pardon et d’amour vrai de la part de la mère. De pouvoir se blottir contre un cœur vibrant, mais durant encore mille jours de plus la Petite Elfe s’est trouvée confrontée à un déni de responsabilités de Carabosse et à des mensonges supplémentaires. Ce fut trop pour cette Petite Elfe déjà bien abimée par la vie et elle sombra dans l’alcool. Ce fut trop dur aussi pour son corps usé par les excès et les tourments.

Elle aurait dû être au printemps de sa vie, en bonne logique, son âme traversa le miroir à la fin du printemps.

C’est ainsi qu’en juin, nous avons enterré ma nièce Delphine, elle avait 28 ans et déjà toute sa vie derrière elle.