Quand l'Ethernet, ton Dieu, ton Pisseur tout Saignant, ton Yahvé Quà, s'aperçut que l'Homme n'était pas bon (il avait goûté à sa côtelette), il envoya sur terre un réchauffement de la planète pas piqué des vers. Ce fut un peu comme le naufrage du Titanic, mais filmé à l'envers : les icebergs commencèrent à fondre (et aussi les 2 calottes glaciaires), le niveau des mers à monter et pour s'en sortir, il fallait vraiment prendre le bateau. Mais à l'époque, point de bateaux et seul Noé Lardo Di caprio fut prévenu par Yahvé Kapa et eut le temps d'en construire un pour lui, pour sa copine (une fille de bourges) et pour tous les animaux de la ferme car il était éleveur. L'eau recouvrit tout. Les passagers du vaisseau Terre, en train de se noyer, regrettaient amèrement d'avoir laissé leurs ruminants péter leur méthane, et frappaient aux hublots de l'Arche pour qu'on les prenne en stop, mais ça n'aurait pas été prudent car la ligne de flottaison était déjà bien sous l'eau. Quand tous les méchants eurent été tués, Yahvé Komuntruc envoya le Mistral pour sécher la Terre. Tous les jours, Noé lâchait un pigeon voyageur pour essayer de retrouver ses collègues éleveurs et tenter de remonter une amicale colombophile digne de ce nom. Un beau jour, la quille de l'Arche racla le fond et un pigeon revint avec un rameau d'olivier dans son bec. Noé et Noette étaient seuls : enfin LA PAIX !

De le boue et encore de la boue : tout portait à croire qu'ils avaient atterri dans le Loire-et-Cher. Yahvé Trodo sépara la boue du dessus de la boue d'en dessous mais ça ne régla en rien le problème. Par contre la bouture d'olivier prit racine impeccablement : Noé n'avait pas que la tige, de verte... Il fit plein d'enfants à sa Noette, mais au décès du dernier vivant, les héritiers se foutirent sur la gueule pour le partage de l'entreprise familiale florissante de bains de boue thérapeutiques "Les atours de Bab-el-oued". Yahvé Léboul leur passa un savon, leur fit perdre la mémoire et inventa un nouveau concept : le brouillage de communication. Ils utilisaient les mêmes mots mais chacun leur donnait un sens différent. Yahvé Vrémenléboul excommunia et exila tout autour de la Terre les fils et les filles de Noé et Noette. Toutes les guerres vinrent de cette absence d'échanges : personne ne cherche à savoir quel sens l'autre met derrière ses mots et préfère rester persuadé que sa traduction est la meilleure et la plus fine. Mais Yahvé Oubliédètcon, avant de les bannir, leur a glissé dans la poche un symbole d'Espoir : une bouture d'olivier, bien racinée.

Car la branche de l'olivier est souple, forte et diplomate, pour plier sans casser sous le souffle du maître des vents.
Son bois est dense, ses veines aux riches dessins nous racontent des légendes.
Il est sobre, patient, prudent. Sa matte racinaire, gorgée d'humide et de réserves comme les bosses du chameau, lui permet de prendre avec philosophie les violences climatiques.
Ses feuilles et ses fruits sont d'une amertume extrême, tout comme la Vérité dont nous parle Francisco de Quevedo dans son poème "Es amarga la verdad".
Mais si on y porte la pierre en confiance, l'huile qui en coule a la douceur de la récompense due au courage.
Elle a le fruité naturel de qui ose se regarder sans masque.
Elle a le calme de l'arbre millénaire qui a su puiser dans ses racines assez de vivant pour se remettre en question à chaque gel intérieur.
Elle délie la chaleur dans les silences assourdissants.

Elle entonne le Chant de Paix de l'Olivier...