Il faut bien vivre. Pour la seconde fois, nous allons interrompre ce blog pour diffuser une page de publicités. Mais contrairement à la première fois où je vous avais ressorti des vieux rogatons écrits plusieurs années auparavant, celles-ci sont toutes neuves, écrites pas plus tard qu'hier. Savourez, c'est de la fraîche !

5... 4... 3... 2... 1... Jingle !


(Vue d'ensemble sur un camp de réfugiés - Zoom avant - Cadrage sur un jeune Soudanais émacié, regard perdu dans le vide)

Voix off : - « Dites-moi, jeune homme, vous avez l'air bien pensif... »
Jeune Soudanais : - « Moi ? oh non, c'est juste que je n'ai pas grand chose à faire, sinon crever la dalle... En 2004, on a eu des dizaines de journalistes qui sont venus ici pour parler de nous. Ça nous a fait de la distraction. Mais maintenant, ça fait longtemps que je n'en ai pas vu. Bah, au moins, je suis tranquille : j'ai toujours aimé le calme. »
Voix off : - « Vous crevez la dalle, dites-vous ? Est-ce à dire que vous ne mangez pas à votre faim ? »
Jeune Soudanais : - « Il est vrai que mes côtes commencent à saillir légèrement. Sucer des cailloux, ce n'est pas vraiment nourrissant. Bah, je me dis que j'ai de la chance : au moins, je ne mourrai pas d'hypertension artérielle ! »

Voix féminine (scandé) : « Moi au Darfour, je po-si-tive ! »


(Grande luminosité nébuleuse. Quelques personnes, tout de blanc vêtues, déambulent, avec des ailes dans le dos. Le décor suggère que l'on se trouve au paradis)

Deux anges, présentant tous les attributs d'une féminité exacerbée, discutent au premier plan. Leur tenue, blanche et immaculée, est composée de jupes fendues, de bas résilles, d'un petit boléro largement entrouvert sur une poitrine généreuse.

- « Ça alors, tu aurais cru ça, Ginette, qu'on irait au Paradis après notre mort et qu'on se retrouverait avec des ailes dans le dos ? Alors qu'on a passé notre vie à faire le tapin rue Saint-Denis ? »
- « Non, ça, c'est plus fort que de jouer au bouchon. Mais je me suis laissé dire par l'Archange Gabriel que le Saint-Pierre, il crache pas sur une petite gâterie buccale de temps à autre ! »
- « Ah ? Tu crois que c'est pour ça qu'il nous a accueillies ici ? Ah, ça, pour sûr, faut dire qu'y avait pas meilleures tailleuses de pipes que nous, hein, Ginette ? »

Voix off : « L'auréole, parce nous avalons bien ! »


Chez Total, avec la montée des cours du brut, nous avons fait plus de 9 milliards d'euros de bénéfices en 2004, et nous allons en faire encore plus en 2005. Nous aurions pu consacrer une partie de cet argent à indemniser les victimes de la marée noire de l'Erika ou des autres petits désagréments que nous causons ici ou là. Nous aurions pu nous acheter une éthique. Nous aurions pu investir dans la sûreté de la chaîne pétrolière pour réduire le risque de nouvelles marées noires.

Mais nous n'avons rien fait de tout cela. Nous préférons continuer à faire appel à des armateurs douteux et à leurs poubelles flottantes sous pavillon panaméen. Nous préférons détruire du capital en rachetant nos propres actions, juste pour augmenter les dividendes et faire plaisir à nos actionnaires. Notre prochaine marée noire ? On s'en tape royalement...

Total, nous ne fientons plus chez vous par hasard !


Fin du spot : vous pouvez reprendre le contrôle de votre cerveau !