Quand nous avons acheté notre appartement il y a un an et demi, l'ancien propriétaire nous a fait un cadeau royal : il nous a laissé deux bambous et un rosier en pot sur le balcon.

Je l'en avais chaudement remercié pour la forme, tout en me disant in petto : "tu parles d'un cadeau". Car, premièrement, je n'ai pas la main verte, et deuxièmement, ça me gave profondément d'avoir à consacrer ne serait-ce qu'un pouillème de mon temps à entretenir de sales plantes même pas capables de dire merci en récompense des efforts qu'on fait pour elles.

Mais, bof, j'ai laissé les pots sur le balcon vivre leur belle vie, consentant tout au plus dans mes jours de grande bonté à leur donner un vague coup de flotte. Ceci me permit d'ailleurs de mieux comprendre la générosité du vendeur : les pots à accumulation d'eau étaient fuyards. Pas moyens donc de donner aux plantes leur ration d'eau pour une quinzaine de jours d'une seule traite, il eût fallu les arroser petitement jour après jour pour les désaltérer et leur conserver la vie sauve. Très peu pour moi !

Bref, le jardinier était aux abonnés absents, le rosier était malingre et les bambous immenses et jaunâtres. Bref, c'était la cours des miracles sur le balcon.

Au printemps dernier, le rosier donna trois ou quatre roses (c'est d'ailleurs à cette occasion que je compris que c'était un rosier) et, quelques mois plus tard, les bambous donnèrent des quintaux de feuilles jaunies sur le balcon (c'est à cette occasion que je décidai de m'en débarrasser).

Une fois la place laissée enfin nette par ces $*µ%# de bambous, j'en rachetai d'autres, mais artificiels cette fois-ci : de splendides imitations en bambou séché et en plastique ne nécessitant ni arrosage, ni ramassage de feuilles (ne vous inquiétez pas du bruit que vous entendez, c'est juste le Souf' qui est en train de s'étrangler devant son écran).

A cette occasion, le rosier biscornu échappa de peu à la mort : après avoir beaucoup hésité, nous décidâmes de le conserver en l'état, surtout par flemme d'avoir à descendre le pot. Mais comme ce $*µ%# de rosier avait entre-temps donné des ramifications folles dans tous les sens, je les coupais à ras n'importe comment, à coups de ciseaux rageurs (je n'allais quand même pas investir dans des sécateurs pour ça !), sans me soucier ne serait-ce qu'une seconde de savoir si c'était ou non l'époque de la taille des rosiers. Il m'emmerdait, je vous dis !

Et puis voilà, l'hiver, interminable est passé là-dessus... et voilà ce que l'on a découvert l'autre jour sur notre balcon !


Y'a pas à dire, c'est beau la nature !


C'est beau, et c'est pas rancunier !