Blogborygmes

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jeudi 23 novembre 2006

Saoul-FifreLe problème est : "Réseaux lus"

Mais qu'est-ce à dire, quelles sont-ce vos motivations et pourquoi donc est-ce que vous vous exhibez comme ça devant des voyeurs que vous ne connaissez pas sur internet ? Ce sont des questions qu'elles sont subtiles et je vous en voudrai toute ma vie de les avoir posées.

David a poussé un cri sur le sujet qui a désarçonné et traumatisé tout le monde, enfin une partie du petit monde de la beau-gosse-faire. Pascal a embrayé aussi sec sur le même sujet en nous racontant que sa mère ne reconnaissait plus son fissou chéri à elle. Je dois reconnaître que dans mon entourage, la plus grande circonspection est de mise quant à ma relation à Blogborygmes. Mes meilleurs amis boycottent le blog sans faille aucune. Ma famille n'y pose jamais un pied, encore moins un œil, et je dois dire que j'apprécie la liberté de parole que ça me permet.

David, qui avance à visage découvert, doit toujours être en train de se demander si sa belle doche ou son patron vont lui servir une soupe à la grimace à leur prochaine rencontre. Enfin j'imagine. Et j'admire son attitude ouverte.

Dès le début, nous avons été d'accord avec Tant-Bourrin sur l'anonymat nécessaire, qui limite l'auto-censure. Lui et moi ne voulions pas que n'importe qui, un voisin, un collègue, un faux-frère, tape nos vrais noms dans un moteur de recherche et tombe sur ce blog irrespectueux de tout et de tous, dénué d'infirmiers psychiatriques, et au foie en très mauvais état. Par la suite, mis en confiance par l'attitude correcte de commentateurs, j'ai brisé cette barrière de l'anonymat, surtout avec ceux qui n'étaient pas masqués, pour respecter l'égalité, bien que chacun voie midi à sa porte et que tout le monde doive être libre. Je leur garantis le secret comme ils me le promettent.

Nos motivations ont été à peu près les mêmes. TB avait son site, m'encourageait à en faire un, notre correspondance tournait un peu en rond, il m'a appris l'existence des blogs, m'a donné quelques adresses, j'ai trouvé ça sympa, je traversais une période où j'avais un peu de mal à "produire du texte"... Je crois que nous nous sommes dit en même temps qu'ouvrir notre correspondance privée à un public aurait des avantages certains : avoir un retour critique, évoluer, s'astreindre à peaufiner la forme, à pisser de la copie à jet soutenu, debouts devant le lutrin comme le Grand Victor...

Notre maître-mot est ECRITURE. Nous aimons écrire, mais sans doute pas assez, ou trop, ou plus ou moins c'est selon, pour descendre dans l'arène du système, nager avec les requins du showbizz, jouer des épaules et rouler sa caisse dans la foule des candidats affamés aux dents longues. Nous préférons rester amateurs, au sens noble, que passer professionnels, avec tout le stress, et les refus hypocrites des éditeurs, et les salamalecs incontournables des promotions en tête de gondole. Disons surtout que TB, doté d'un "bon métier", n'en voit pas la nécessité, et que moi, je n'ai ni le courage ni la patience qu'ont Chutney , notre sœur blogborygmique, ou bien Nathalie ...

Les français lisent beaucoup, achètent beaucoup de livres, mais ce sont surtout des tubes, des best-sellers, ou bien alors des livres qui n'ont rien à voir avec la littérature. Si Arielle Dombasle décidait de faire des révélations sur son mari Pierre Dombasle, les éditeurs se battraient au cutter pour la publier et le gagnant lui filerait un chèque en blanc comme à-valoir. Par contre Mariolle le complet inconnu, qui a pourtant un bout de plume sympathique, n'a aucune chance de voir publier les élucubrations de son journal intime. Ha, s'il atterrissait sur l'Elysée en parapente, son manuscrit intéresserait sans doute plus le monde désintéressé de l'Edition. Avant, ceux-ci se contentaient de tirages de quelques milliers. Des tas de talents pondaient leur livre annuel et arrivaient à crouter. Depuis, les dents ont poussé, et les jeunes loups éditoriaux veulent le gros coup ou rien. Ils traquent les plumes dont le bustier est susceptible de crever l'écran, le prédateur scandaleux qui sidaïse la chair fraîche sans capote, ou surfent sur de modestes mouvances genre "Bâtissez votre cathédrale en 10 leçons".

Dégoûté, le peuple a inventé le blog. Pas de grosses maisons à démarcher. Pas de secrétaires au ton méprisant, pas de barrage entre auteurs et décideurs. Un public, un lectorat, un échange égalitaire, une réactivité inouïe, une chaleur (moite sur les billets manouins) dont n'ont pas idée les locataires de tours d'ivoire. D'accord, pas d'argent. Mais qui vit de sa plume aujourd'hui, à part quelques happy fews auto-sponsorisés, qui vivent déjà de leurs rentes, de leurs amitiés politiques, de leurs dommages et intérêts ou de leurs pertes et profits ?

Où est la prise de tête spécifiquement blog ? Il ne faut pas demander aux blogs plus qu'il ne peuvent donner. Les relations entre billetistes et commentateurs sont la plupart du temps pleins de réciprocité, ce qui est plutôt positif et moins virtuel qu'une relation quasi unilatérale auteur/lecteur.

Il n'y a pas de Docteur Jekyll et de Mister Hyde. Saoul Fifre est une composante du péquenal provençal X.W., et lui ressemble étonnamment. Nul ne songerait à reprocher à Louis-Ferdinand Destouches d'avoir pris pour nom de guerre celui de sa mère. Pendant que Céline ratait de peu le Goncourt, Destouches soignait anonymement et gratuitement les indigents. Q.Y. a pris comme pseudo Tant Bourrin, ce qui n'enlève rien à son talent. Et Manou booste nos statistiques de visites avec ses petits doigts prestes sur son clavier de prestidigitateuse. Il faudra qu'elle me donne la recette.

Le blog n'est qu'une revue, une gazette, mais interactive, et donc interaffective. Nous recevons environ 7000 lecteurs-invités par mois. Nous avons la visite de 1200 abonnés fidèles, qui reviennent régulièrement. Evidemment, c'est une goutte d'eau par rapport aux 5000 lecteurs quotidiens qui vont chez Ron l'infirmier (vu à la télé), mais cette goutte d'eau est fascinante. Le blog n'est qu'un outil comme un autre. Il sera ce que nous en ferons. Comme dans une fourche, un crucifix, une gousse d'aux, il n'y a rien de magique ou de diabolique en lui. Et nous ne serons déçus que si nous attendons trop de ce nouveau patron de chez Modes et Bravos.

Ça suffa comme ci, Nathalie ? Tu le rouvres, ton blog q:^) ?

mercredi 22 novembre 2006

ManouFiche-cuisine

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Il paraîtrait que Dominique Strauss Kahn s’intéresse depuis peu aux fiches cuisine. Une rumeur reste une rumeur, je vous l’accorde. Cependant, c’est le propre d’un grand homme que de savoir anticiper. Et maintenant que Dominique Strauss-Kahn disposera d’un peu de temps libre, il pourra s'essayer à la méthode ci-dessous :

Mode opératoire pour l’utilisation optimum d’une fiche-cuisine.

Vous entrez dans la vraie vie. Tout ce que vous brûlerez sera définitivement immangeable. Tout ce que vous casserez ne se relèvera pas pour tenter de vous en mettre une. Abandonner l’idée de convertir une casserole en épée laser. Méfiez-vous, les plaques chauffantes chauffent vraiment.

La seule chose qui vous puissiez espérer, c’est que votre femme vous préfère nu sous le tablier. Un peu comme dans les films X que vous tentez de télécharger. Généralement et contrairement à la vraie vie, le son arrive avant l’image. Un cri bestial déchire la maison. Votre femme : « Tu m’appelles, chéri ? ». Vous : « Non, non, je me coupe les ongles de pieds ». Votre femme : « J’arrive ».

Saisissez-vous de la fiche cuisine. Lisez. Pas le calendrier, lisez la fiche-cuisine. « Profiterolles au lait reconstitué de cacao maigre écrémé». Vous vous êtes trompé de fiche. Il s’agit d’une recette Weight Watchers. Poubellisez.

Prenez plutôt la fiche “Tartiflette”. …. Ah…Vous réalisez qu’il faut faire des courses. Découvrez l’Intermarché du coin où la vraie vie règne également. Votre souris déprime d’impuissance. Le temps que les pommes de terre et les oignons ne se pèsent pas tout seuls, le temps que le reblochon montre son tampon rouge AOC, vous arrivez au bout d’une vingtaine de minutes à la caisse. Sans le bas, la caissière ne vous prend pas au sérieux. Cependant vous devez être en forme puisqu’elle sourit en vous tendant le ticket.

Bien. Les ingrédients sont au complet. Epluchez les légumes. Il n’est pas nécessaire de dénoyauter les oignons, mais si vous y tenez…. « Coupez les oignons en fines lamelles » ne consiste pas en un hachage compulsif, mais si vous y tenez … Par contre, même si vous n’y tenez pas, débrouillez-vous pour que les pommes de terre finissent en cubes d’à peu près un centimètre de côté. Oui, je sais que ça donne approximativement 87 dés par pomme de terre. Ranger votre calculatrice.

Faites revenir oignons et pommes de terre dans quelques cuillères l’huile d’olive. Sortez les cuillères de la sauteuse. Mélanger (sans les mains) jusqu’à ce que les oignons soient bien roux puis disposez le tout dans un plat à gratin. Retenez-vous de mixer. Ne secouez pas.

Avoir baigné dans la politique extérieure est un plus manifeste pour comprendre ce qui va suivre. Coupez le reblochon en deux, puis à nouveau en deux dans le sens de l’épaisseur. Vous obtenez 4 morceaux de reblochon identiques qui en vue de dessus ressemblent chacun à une moitié. Grattez la peau de façon à en ôter la couche blanche superficielle. Vous pouvez, à vos risques et périls, recycler cette matière blanche en cotons-tiges ou en boules Quiès.

Disposez le reblochon sur le mélange oignons-pommes de terre, peau (du reblochon) vers le ciel. Mettez au four 4,5 minutes à 670 °C ou 13 minutes à 346 °C ou 31 minutes à 199, 99°C et ne me gonflez pas avec les arrondis.

mardi 21 novembre 2006

Tant-BourrinPatate chaude photographique

Ce coup-ci, c'est Freefounette qui m'a chaudement empataté avec un questionnaire en images imaginé par delphinE.

Celui-là m'a puissamment emmerdé, puisqu'il ne s'agissait pas de répondre avec des mots mais avec des images. Mais bon, comme je ne suis pas du genre à cracher sur une idée de billet, surtout lorsque je suis à sec d'inspiration, j'ai pris mon appareil photo et je me suis lancé (toutes les photos sont copirailletée Blogborygmes, hormis la n°9 que j'ai juste bidouillée au niveau des couleurs)...


Exprimez en image ce que ceci vous inspire :



1. Liquide et Végétal ...



2. La couleur Rouge ...



3. Vous en Mouvement ...



4. Et que feriez vous de La lettre "M" ?



5. Une photo à la lampe de poche (héhé)



6. De quoi vous ne pourriez pas, mais alors pas du tout vous passer ?



7. Vous n'aimez pas ...



8. Qu'y-a-t il dans votre frigo ?



9. Une utopie, un rêve ...



10. C'est comment chez vous ?



Ouf ! Une bonne chose de faite ! Voilà maintenant le moment jouissif de la transmission de patate chaude, ce petit instant nirvanesque où j'entends le bruit des fesses qui se serrent...

Hé, hé, hé !

Bah, non, je ne serai pas chien sur ce coup-là : vu la nature du questionnaire, je ne vais imposer à personne de répondre. Qui se sent de le faire n'a qu'à considérer que je lui ai transmis la patate chaude et envoyer la purée !

Et maintenant, je vous préviens : je tire à vue sur le prochain qui essaie de me refiler une patate chaude !

dimanche 19 novembre 2006

ManouAlbum


A gauche mon père quand il avait 24 ans. Son air particulièrement inspiré complète le sourire des deux autres danseurs.


Photo que j'ai regardée souvent. Mon père l'a prise lorsqu'il a rencontré ma mère.


Moi en forêt un après-midi de mariage. Tout sauf à l'aise dans mes pompes.

Le jour de mes 11 ans. La première fois que j'ai eu le droit d'utiliser la "boîte noire" de mon grand-père. J'avais aligné mes 3 petits frères sur un banc, pour la pose. Le doux, le coquin, le rêveur. Leurs mains ne savaient pas où se mettre.

Quelques années plus tard j'en fis un de mes premiers tirages papier. En bas, l'empreinte digitale de mon pouce droit.

samedi 18 novembre 2006

Tant-BourrinLeçon de vie n°5

Amie lectrice, ami lecteur,

je le sens bien : le boeuf placide du temps a brouté les herbes folles de ton impatience depuis que je t'ai dispensé le substantifique foin de mes quatre précédentes leçons de vie. Ô, comme je devine aisément que la frêle marguerite de ta soif de savoir a dû devenir un puissant baobab sous la pluie lancinante des secondes écoulées depuis que j'ai moulé à la louche pour la dernière fois le fromage de mon vécu dans la faisselle de ton inexpérience !

Las, amie lectrice, ami lecteur, le faix de ton immaturité indécrottable me pèse autant que les lourdes valises de ta désinvolte irresponsabilité. Oui, insignifiant scarabée pusillanime, tu es mon sparadrap haddockien, mon phtirus pubis gonovore, la déjection canine à ma semelle collée. Car, pour ma plus grande affliction, je me suis donné pour sacerdoce d'être le grand frère rassurant dans la cité délabrée de ton existence, la tondeuse à gazon électrique qui coupe à ras la pelouse de tes névroses, le GPS intime de la Twingo de ta destinée, qui t'indique à chaque instant le chemin le plus direct vers la félicité et te prévient à l'approche des radars automatiques des vicissitudes humaines. Et crois-moi, ce n'est vraiment pas de la tarte !

Il m'eût paru souhaitable, jeune sarcophaga stercoraria inconséquent, de laisser la bride de la liberté sur le cou de ta propre expérience, tant il est vrai que c'est en goûtant soi-même à la merde du vécu que l'on affine les papilles gustatives de son épanouissement pour mieux la distinguer plus tard du chocolat de l'ataraxie.

Malheureusement, la serpillière de ma clairvoyance nettoie le linoleum de l'évidence : tu n'es pas encore prêt, petit cancrelat hésitant, et la main de ma responsabilité déroule le papier-toilette du devoir et tire la chasse d'eau de mes réticences. Je reviens donc ici te dispenser une nouvelle leçon de vie dont tu sauras, j'en suis convaincu, tirer le meilleur parti pour faire un pas de plus sur le chemin vicinal de la condition humaine qui sentira pour toi la noisette de la plénitude.

Tu n'es pas encore prêt, disais-je donc comme tu l'auras remarqué si tu as bien suivi, ami lecteur, amie lectrice, car, à l'instar de la coquette découvrant une tâche de vin sur sa belle robe blanche, je perçois encore en toi la souillure de la tentation de la violence la plus bestiale. Ne le nie pas, petite cicadelle pruineuse, j'ai passé l'aspirateur de ma curiosité dans les recoins poussiéreux du net et j'y ai débusqué, de-ci de-là et ailleurs, l'araignée de la fureur impétueuse.

Or, tu commences à connaître le grand timonier de ta pensée que je suis, je file toujours, tel le chat affamé se précipitant vers sa gamelle de Ron-Ron au poisson, à l'essentiel. "L'essentiel, toujours l'essentiel, droit à l'essentiel", telle est la devise à laquelle, tel un pou pubien intraitable, je me tiens fermement. Je laisse aux autres, aux beaux parleurs à la petite semaine, aux rhéteurs de bas étages, aux laïusseurs verbeux, le soin de continuer à mouliner ad nauseam leurs creuses paroles en de vaines volutes de mots ampoulés, en un sirupeux dégueulis de phraséologie boursouflée, en une écume excrémentielle de prosaïques insipidités. Car hors le message, point de salut, petit myriapode boiteux, et je ne vais certainement pas couper le fil de mon raisonnement limpide avec les ciseaux de la logorrhée la plus stérile qui soit. Concision, rigueur, sobriété, voilà qui caractérise mon discours tout autant que le doigt plongé dans la narine caractérise l'automobiliste arrêté au feu rouge. Alors que l'outrecuidante lalomanie de certains pipelets danse un fade slow au son de l'orchestre poussiéreux de leur fatuité, mes phrases claires et directes exécutent une époustouflante chorégraphie au rythme endiablé du boys band de ma dialectique. En effet, peut-être l'ignorez-vous, ma devise est "l'essentiel, toujours l'essentiel, droit à l'ess..."

Hein ? Plaît-il ? Qu'il y a-t-il, jeune longicorne cérambyx ? Je l'ai déjà dit ?... Tu en es vraiment sûr ?... Oui ? Ah bon !... Tu auras sûrement mal saisi une subtile nuance entre mes deux formulations, j'imagine !... Bon, voyons, où en étais-je ?... Ah oui, l'essentiel ! Je fais foin des circonvolutions verb...

Pardon ? Pourquoi m'interromps-tu encore, petit machaon impétueux ?... Quoi ? L'essentiel ?... Eh bien, justement, je suis précisément en train de t'en parler, de l'ess... Quoi ?... Je m'égare ? Mon message ?... Evidemment que j'allais y venir à mon message, le rail de ma parole ne connais que la ligne droite de l'efficacité... Oui, donc, mon message... heu... de quoi voulais-je te parler, en fait ?... Ah oui ! Ta violence larvée, c'est ça !

Or donc, disais-je il y a une seconde à peine, les abeilles de la clairvoyance ont déversé le miel de l'évidence dans la ruche de mon cerveau : je le sens bien, la vessie de ta réserve déborde de l'urine de la fulmination et tu as besoin, ami lecteur, amie lectrice, de faire une petite pause pipi dans les wawas de la violence.

Et c'est là que j'interviens pour dire halte-là, malheureux ! Ignorerais-tu donc, jeune anthrène naïf, qu'une fois percée la canalisation de tes pulsions tempétueuses, le plombier de la civilité est bien ardu à trouver ? Ne mesures-tu pas que le ridicule dont tu t'enduis est si épais que tu ressembles alors à un pâté en croûte ? As-tu donc tout oublié de la dialectique du Zizou et du Materazzi ?

En vérité je te le dis, ami lecteur, amie lectrice, il ne faut point ouvrir la cocotte-minute de tes humeurs les plus noires, le ragoût de ta colère est meilleur cuit à la vapeur, cela conserve mieux les vitamines de tes emportements. Le temps sauvageon a tagué ma chevelure à la peinture blanche de l'expérience, aussi tu peux me croire, jeune pois sauteur du Mexique, quand je t'affirme haut et fort qu'il vaut mieux laisser le 38 tonnes de l'imperturbabilité rouler sur le hérisson de ton ressentiment. En d'autres termes, si un léger échauffement ébranle quelque peu ton flegme habituel, néglige donc les écoulement urétaux ! Je traduis pour les quelques préadolescents en grande difficulté sociale qui auraient pu se glisser parmi mon lectorat : si t'es véner, laisse pisser !

Mais que vois-je, jeune orthétrum réticulé, pourquoi lèves-tu encore le doigt ? Je conçois que tu puisses être empressé de me remercier pour la limpidité de mon précieux message, mais tu pourrais attendre que j'en aie totalement fini ! C'est d'ailleurs presque le cas, je souhaitais juste vous remercier de votre att...

Pardon ? Que dis-tu encore ? Pas clair, mon message ?... Comment ça, pas clair ?... Quoi ? Je n'ai pas dit pourquoi ce n'est pas bien de céder à la violence ?... Ah, je te reconnais bien là, petit fourmilion flavicorne irréfléchi ! Pense bien à la chose, appuie sur le démarreur de tes neurones pour faire pétarader la mobylette de ta réflexion, et tu trouveras la réponse en toi ! Voilà, je vous remercie donc de vot...

Quoi encore ?... Comment ça, tu ne trouves pas ?... Mais c'est incroyable, ça ! Il faut tout leur dire à ces petits jeunes !... Eh bien, voilà, heu, tu ne dois pas céder à la tentation de la violence parce que... heu... bin... heu... parce que c'est pas beau de se mettre en colère, quoi ! Voilà, cette fois, je vous remerc...

Mais qu'est-ce que tu me veux encore, jeune pou teigneux ?... Quoi ? C'est un peu court comme réponse ?... Non, mais dis donc, petit morveux, tu te prends pour qui pour te permettre de juger ainsi de ce qui est bon ou mauvais, hein ? C'est encore couvert d'acné juvénile et ça voudrait en remontrer aux anciens pleins de sapience ! Mais ce n'est pas aux vieux sages qu'on apprend à faire la grimace, frêle lombric impudent !... Bon, l'incident est clos, je vous remercie de...

Quoi ??? Qu'est-ce que t'as dit, là ? Je suis un vieux nul, moi ? C'est ça que t'as dit ? Allez, allez, répète, couille molle ! Espèce fumier à lapin méphitique ! Troufignard chiasseux ! Fistule purulente ! Résidu de vidange ! Allez, viens te battre, qu'on voit un peu si t'en as, cloporte à purin !... Que de la gueule, hein ? Allez, ferme-là, ta grande bouche, y'a des colombins qui dépassent ! Sale marmouset empoicré de merde ! Petit Jean-Foutre de mes gonades ! Oui, c'est ça, casse-toi avant que je t'explose la gueule à coups de barre à mine, espèce de cloporte décérébré ! Béjaune à andouillers ! Castrat merdouilleux ! Sac à liqueur séminale ! Je t'urine à la rainure anale ! Je copule avec Madame ta mère ! C'est ça dégage, tu feras remonter le QI moyen de l'assemblée !... Non mais !... Heu... Bon, que disais-je ?... Heu... Oui, voilà, j'en ai fini avec cette leçon de vie, je suis sûr que vous saurez en sucer la tige pour en tirer la sève de la sérénité.

Je vous remercie de votre attention. Sortez en ordre et sans faire de bruit.

vendredi 17 novembre 2006

Saoul-FifreTant qu'c'est poilu et qu'ça pue...

À Louis

26 Février. 6 Juin. 22 Septembre. Et puis cette questionnante et bizarre veille du 11 Novembre. Cette année 2006 n'aura pas été bonne pour les derniers poilus de 14 / 18. Ils étaient 8 au début de l'année et ils ne sont plus que 4. Et l'année n'est pas finie.

Faut dire qu'on les emmerde, depuis qu'ils ne sont plus nombreux. Les journalistes viennent les voir, les filmer, les associations d'anciens combattants les démarchent, les politiques se font photographier à côté d'eux, ça coûte pas cher et ça peut rapporter gros.

Mais il semble qu'ils rechignent. Ils se font prier pour aller aux commémorations. 2 mois avant "l'armistice", rien n'était décidé, les décideurs et les communiquants étaient superinquiets. Ça y va la brosse à reluire dans le sens du poil. On leur envoie du lourd, des préfets, des ministres, et Jacques Chirac lui même y va de son célèbre serrage de louche. Il a affirmé que le dernier poilu aura droit "à des funérailles gigantesques, pas nationales, non, mais presque", comme le souhaitait Brassens pour la femme d'Hector. Certains pensent au Panthéon.

Le hic, c'est que beaucoup de poilus ont la dent dure et qu'ils crachent un peu dans le rata, quand on leur pose des questions. C'est pas le genre à dire aux jeunes "allez vous faire tuer la fleur au fusil". Les témoignages que j'ai lus sont plutôt dans la tonalité du film "Joyeux Noël". Européens, pro-allemands, passe, mais ils sont carrément pacifistes, ces icônes mythiques de la Grande Guerre, et ça, ça fait tache.

Louis, le nouveau doyen, fait très fort dans ses déclarations. Ça fait 2 ans que le Maire et le préfet essayent de l'amadouer en venant fêter l'armistice chez lui, en amenant champagne et gâteaux secs. Faut dire qu'il a toujours boycotté les commémorations. L'écouter est un bonheur :

En 1916, nous étions jeunes, patriotes et enthousiastes pour le combat, les peuples français et allemands avaient été montés l’un contre l’autre. On partait, on ne savait pas pourquoi, mais on y allait. Il faut avoir entendu les blessés entre les lignes. Ils appelaient leur mère, suppliaient qu’on les achève. C’était une chose horrible. Les Allemands, on les retrouvait quand on allait chercher de l’eau au puit. On discutait. Ils étaient comme nous, ils en avaient assez. Quand l’Etat major l’a su il a ordonné une attaque. La guerre ? Hay, hay, hay ! Un truc absurde, inutile ! A quoi ça sert de massacrer des gens ? Rien ne peut le justifier, rien ! C'est de la boucherie. La gloire, l’héroïsme ? De la fumisterie ! Le patriotisme ? Un moyen de vous faire gober n’importe quoi ! Les médailles ? Certains de mes camarades n’ont même pas eu le droit à une croix de bois ! Les décorations, c'est de la poudre aux yeux, ça rime à rien...

Revenu à la vie civile, quand ses enfants parlaient des "boches", il leur disait :

Vous devez les appeler "les Allemands". Les soldats français et allemands ont été manipulés. Des tas de gens ont été envoyés à la mort à cause de la bêtise de hauts gradés. C’était une boucherie qui n’a servi à rien et la guerre a, à nouveau, éclaté en 1940. Elles ont surtout permis aux industries de l’armement de faire de l’argent, en Allemagne comme en France.

C'est un gars qui a vécu l'offensive Nivelle, le célèbre "Chemin des Dames", 150 000 morts, qui dit ça. Qui est revenu vivant pour nous dire ça.

Bon. Mais on va quand même pas enterrer un anarchiste au Panthéon ??

jeudi 16 novembre 2006

ManouSouffrance culinaire


Au passage, je voulais vous conseiller d'aller voir la caverne d’Almeria que j'ai découverte entre les blogs de Yael et d'Ab6. J'y ai lu cette note dans laquelle beaucoup de femmes et d’hommes peuvent se retrouver.

D'ailleurs Almeria écrit : "... Je rappelle aussi que tout ce que je dis n'a pas uniquement une fonction cathartique pour moi, mais bien une valeur d'exemple, pour toutes les personnes vivant les mêmes choses que moi, mais n'ayant pas forcément les mêmes moyens pour le dire..." . Que oui.




Une rumeur relative à la souffrance (Byby, Yael, Ab6, Matthieu, Georgewalter,...) circule actuellement sur le net. Savez-vous qu’il existe aussi des souffrances culinaires, parfois extrêmes (tout est relatif) ?

Rapidement.

Un dimanche midi. Nous sommes invités chez de bons amis. Si d’aventure on s’essayait à déterminer une échelle dans l’amitié, on pourrait tenter la suivante :
Les amis sont ceux avec qui vous aimez vous retrouver.
Les bons amis sont ceux qui vous demandent d’être leur témoin de mariage (parfois plusieurs fois de suite).
Les très bons amis vous prient d’être parrain ou marraine de leur rejeton.
Les amis indéfectibles vous supplient de les euthanasier quand la vie leur devient intolérable.
Les amis défectibles vous zigouillent sans vous demander votre avis.

Bref, en l’occurrence nous mangeons chez de bons amis. Quand une chose informe est présentée sur la table. Une masse cylindrique d'un blanc terne et d'une consistance gélatineuse. Renseignement pris, il s’agit du dessert. Mon inquiétude vire à la peur-panique quand on nous informe dans la foulée que la recette initiale a été modifiée. Plus de chocolat, ni de sucre, ni de banane, mais du lait de coco reconstitué, de l’aspartam et des fruits au sirop. « Quelle chouette idée ! » hurle-je pour garder une contenance. Il faut manger. Je limite néanmoins les dégâts, précise que je ne suis pas très dessert et en profite pour repérer les toilettes. C’est simplement infect, sans goût, farineux, à vomir. « Cela ressemble un peu à du SMECTA aux fruits » susurre-je. Les yeux hagards, M opine de la tête en retenant quelques contractions stomacales.

Au bout du compte, je réussis à obtenir la recette complète (on a de bons amis ou on n'en a pas) et vous en ferai profiter dès la semaine prochaine.

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