Dans mes cauchemars les plus terrifiants, ceux qui me remplissent d'une impression nauséeuse au réveil, qui me laissent le souvenir de m'être colleté avec une mission trop lourde pour mes épaules étroites, je me retrouve souvent dans le rôle d'un petit Haddock en situation anti-G, essayant de mettre la main sur la bulle de wisky qui se refuse à lui avec d'autant plus de véhémence que le besoin du pauvre capitaine s'accroît.

C'est pénible, ce sentiment de frustration.

Même sans être alcoolique, même nocturne, même si les soi-disant significations oniriques me font ricaner, même si je me rassure dès le saut du lit d'un roboratif café-calva, pour bien me prouver que les stocks existent et sont facilement accessibles, ben le manque, l'idée du manque, quoi, a dès à présent fait ses ravages et l'horrible soif, déjà gravé son empreinte dans l'historique de mon bio-computeur personnel.

Ça s'arrose.

Et pourquoi pas d'une copieuse larmichette de mon single malt préféré, ce sublime Lagavulin iodé et tourbé que ma belle-doche m'a offert à Noël ?

Gasp. Gulp. Oops. Zut et merde : j'avais oublié que la bouteille était verrouillée ! Oui le cadeau de mon second fils complétait à la perfection celui de sa grand-mère maternelle, mais avec une grosse louchée de sadisme teintée d'une once de génie. Connaissant mon goût pour tous ces jeux de réflexion stimulant la logique spatiale, ainsi que mon penchant pour la dive bouteille, il a trouvé le cadeau adéquat, celui qui tue, qui tombe impec, le super bien vu, THE right gift plus adapté, tu meurs...

Le casse-tête chinois que si tu le résous pas, ben tu fais ceinture pour la picole !!! Et en plus il est beau !

Mais dur : j'ai eu beau le torturer par tous les trous, impossible de lui faire avouer la solution. Je parle du casse-tête, hein, c'est une simple métaphore ? J'ai re-essayé quelques jours plus tard, sans plus de succès, puis j'ai décidé d'appliquer la loi N° 6 bis "Avec le temps, va, tout trouva...", la plus efficiente que je connaisse. Elle se résume à attendre que la motivation soit assez forte pour mettre le but à atteindre à sa portée.

Ce jour était arrivé : en deux petits glissements progressifs de tenons dans des mortaises et quelques frottis de ficelle, je résolus l'énigme.

Jamais whisky meilleur ne sortit de l'île d'Islay .

PS1 : À consommer avec modération.

PS2 : Ne vous faites pas de fausses idées : c'est du jus de pomme !